Dès 1916, les Britanniques commencent une guerre des mines sous la crête de Messines-Wijtschate occupée par les Allemands. Ce combat souterrain est rendu très fastidieux par la présence de multiples nappes phréatiques.
En mars 1916, deux géologues militaires assistent les mineurs dans la réalisation des galeries.
Les troupes du génie, -soldats pour la plupart mineurs dans le civil-, creusent les sapes dans une couche d'argile bleue située à une profondeur de +/- 25 à 40 mètres, sous la surface du sol.
Les galeries couvrent en certains points une distance de près de 5.500 mètres, sous les no man's lands, la ligne de front et la crête...
De leur côté, les troupes allemandes ne demeurent pas en reste. Des opérations de contre-minage tentent de perturber le travail des troupes du génie britannique.
Les mineurs allemands rencontrent une sape à l'emplacement de la "Ferme de la petite douve" ; ils la neutralisent au moyen d'un camouflet (explosion d'une "contre-mine").
Les Britanniques détournent dès lors l'attention des Allemands des galeries les plus profondes en réalisant de nombreuses attaques de diversion à des profondeurs plus faibles.
Au total, les troupes du génie britannique, canadien, australien et néo-zélandais réalisent 22 mines chargées de 455 tonnes d'un puissant explosif, l'ammonal.
La mise en place de ces mines se justifie, du côté britannique, par le fait que la crête de Messines-Wijtschate représente une position stratégique majeure du dispositif allemand. Un document saisi sur un prisonnier germain en atteste...
Au cours de la semaine précédant l'attaque, 2.230 canons et obusiers pilonnent les tranchées allemandes, afin de désorganiser l'adversaire (destruction des fils téléphoniques ; des voies de communication ; des points fortifiés et de l'artillerie, forte de 630 canons...).
Plus de 3.500.000 obus anglais seront ainsi tirés pour l'occasion...
En mai, les 11e et 24e divisions britanniques et la 4e division australienne sont déplacées vers le Nord d'Arras, afin de constituer les divisions de réserve des corps de la 2e armée, cela, en prévision de l'attaque de la crête de Messines.
Soixante-deux des nouveaux chars Mark IV sont arrivés au mois de mai ; ils sont dissimulés aux regards indiscrets au Sud-Ouest d'Ypres.
Trois cents avions britanniques, provenant de la 2e brigade, sont déplacés d'Arras vers le Nord dans la zone d'action de la 2e armée.
Afin d'optimiser l'usage de l'artillerie, des observations photographiques "en live" sont organisées à partir de douze, ensuite, de dix-huit avions de reconnaissance...
L'usage des communications radiophoniques sans fil permet de réduire sensiblement la distance minimale qui sépare les avions d'observation (de 910 à 370 mètres).
Le 21 mai 1917, les premiers réglages d'artillerie débutent, il est prévu de rallonger la durée du bombardement de deux jours, afin de contre-battre efficacement les pièces allemandes.
Le bombardement majeur a lieu à partir du 31 mai 1917.
Les escadrilles d'observation sont déployées dans un premier temps pour la reconnaissance et la localisation des batteries d'artillerie ennemies, ensuite, pour des vols opérationnels de soutien au sol (bombardements de batteries et de tranchées).
Ces raids deviendront par la suite des vols de "contact-patrouille" servant à l'observation de la progression des troupes faisant mouvement au sol.
Le 3 juin 1917, les tirs de barrage sont momentanément stoppés, afin de permettre à l'observation aérienne britannique de pouvoir correctement identifier les batteries allemandes dissimulées au sol.
Une nouvelle interruption aura également lieu le 5 juin 1917. Cette dernière trêve permettra, entre autre, l'identification d'un plus grand nombre encore de batteries allemandes soustraites au regard des observateurs au sol.
La ligne de front avant la bataille de Messines (7 au 14 juin 1917)...
La 25e division d'infanterie commence ses préparatifs entre les routes de Wulverghem-Messines et Wulverghem-Wytschaete, sur un premier front large de 1.100 mètres.
Ensuite de quoi, cette ligne se réduit à 640 mètres sur la crête de Messines située à 2.700 mètres en avant, juste derrière neuf lignes successives de défense allemande.
Les troupes de la 25e division ont pour tâche de franchir une colline afin d'atteindre la vallée de Steenbeek ; d'ensuite réaliser l'ascension de la crête de Messines pour enfin atteindre les fermes "des quatre Huns", "du milieu" sur la crête principale et la ferme "Lumm", sur le flanc gauche, où se portera l'attaque.
Les emplacements de l'artillerie divisionnaire de la 25e division et de la 112e brigade d'artillerie sont aménagés.
L'artillerie de campagne de la division de la garde est positionnée en des emplacements dissimulés.
Entre le 12 et le 30 avril, et, ensuite, du 11 mai au 6 juin, des voies d'accès, des abris et des tranchées de liaison sont aménagés.
Dans la nuit du 30 mai au 31 mai, une tranchée principale est creusée et connectée à des boyaux de communication. Du barbelé est même déroulé au sol à 140 mètres à peine des lignes allemandes.
Des passerelles et des échelles, pour faciliter le franchissement des tranchées, sont livrées par le génie, deux jours avant l'attaque.
Pas moins de 12.000 mètres de câbles téléphoniques sont ensevelis à plus de 2 mètres de profondeur, afin de résister aux tirs de l'artillerie allemande.
Un grand nombre d'appuis-feu (mitrailleuses) sont aménagés pour réaliser des tirs de barrage, le moment venu.
Des fosses sont également creusées afin de protéger les mules chargées de transporter les munitions aux troupes d'assaut.
Trois compagnies du génie et un bataillon de pionniers se tiennent prêts, en réserve, pour réparer les routes et aménager, "en défense", les positions conquises.
L'artillerie divisionnaire prépare un tir de barrage roulant, dont le chronométrage est adapté à l'avance des unités d'infanterie.
Un barrage "fixe" est prévu pour porter à une distance de 1.400 mètres derrière les positions allemandes.
Les obusiers de 4 pouces 1/2, de 6 et 8 pouces sont chargés d'effectuer un barrage roulant. Les tirs porteront à moins de 270 mètres du nez des troupes d'assaut.
Des canons de 18 livres seront, pour leur part, prêts à détruire des objectifs spécifiques.
A 4h50, le jour de l'attaque, les canons de l'artillerie de la garde rejoignent les unités en charge d'effectuer un tir de barrage roulant.
A partir de 7h00, les pièces de la 112e brigade d'artillerie de campagne commencent leur avancée vers les premières lignes allemandes capturées, et ce, afin de venir soutenir les troupes britanniques qui font face à des contre-attaques allemandes.
La 47e division d'infanterie attaque, avec deux brigades, chacune renforcée d'un bataillon prélevé sur la brigade de réserve, de part et d'autre du canal Ypres-Comines.
De nombreuses mitrailleuses sont disposées pour déclencher, le moment venu, des tirs de barrage (offensifs et défensifs).
Des détachements sont spécialement organisés afin de diriger l'avancée de l'infanterie.
Un ballon d'observation a même été spécialement dépêché sur place, afin d'assurer, par sémaphore, l'envoi de messages lumineux, auquel cas une coupure du réseau téléphonique souterrain aurait lieu, ou, encore, si des messagers-coureurs venaient à être touchés ou abattus.
Face à la 142e brigade, des batteries de mortiers de tranchées sont positionnées, en raison du fait que les lignes allemandes sont trop proches des troupes britanniques, pour l'organisation d'un bombardement par l'artillerie de campagne conventionnelle.
A la fin du mois de mai, les deux brigades, en charge de l'offensive, commencent leurs préparatifs en vue d'une opération dirigée contre Steenvoorde.
Grâce aux repérages photographiques (reconnaissance aérienne), il est permis de reconstituer le champ de bataille et ainsi simuler, à l'arrière, les différentes positions où se trouvent les mitrailleuses, les blindages, les barbelés, les bunkers, les troupes (voir vidéo en marge du texte)...
Cet entraînement doit non seulement permettre de limiter les pertes, mais aussi autoriser la capture, dans les meilleurs délais, des compagnies allemandes et des centres de commandement de bataillons.
La 140e brigade est soutenue par quatre tanks ; ce corps a pour tâche de se rendre maître de la position du Château Blanc et de la partie adjacente de la "Damstrasse".
De son côté, la 142e brigade doit attaquer les terrils et la rive gauche du canal.
Le 1er juin 1917, l'artillerie britannique entame la phase intense du bombardement préparatoire qui a pour but de détruire les tranchées et les défenses accessoires.
Les deux brigades intègrent le front entre le 4 et le 6 juin, en vue de l'attaque.
De son côté, la chasse britannique a pour mission d’empêcher les avions d'observation allemands de franchir la ligne de front. Permettant ainsi d'atteindre, grâce à la maîtrise des airs, les premières positions ennemies, jusqu'à la ligne de ballons d'observation allemands situés à 9.100 mètres en retrait.
Depuis la bataille d'Arras, de nouveaux avions britanniques ont été mis en service. Ainsi : le chasseur Bristol F2 ; le Royal Aircraft Factory SE5 et le triplan Sopwith. Ces nouveaux appareils possèdent des performances comparables aux chasseurs Albatros DIII et Halberstadt DII allemands.
Au cours de la semaine précédant l'attaque, de nombreux raids aériens britanniques sont organisés quotidiennement, à des altitudes comprises entre 3.700 et 4.600 mètres.
La domination aérienne anglaise est telle que plus aucun avion n'est abattu par la chasse allemande, pour la période précédant l'attaque sur Messines.
En date du 7 juin 1917, les avions d'observation ont la capacité, grâce à leurs directives, de diriger des tirs d'artillerie dont peuvent bénéficier trois corps d'armée engagés dans une bataille.
Une seconde ligne de défense anti-aérienne est formée. Cette unité a non seulement pour objet de détecter la position des avions d'observation allemand, mais également la mission de guider, par radio, les chasseurs britanniques sur les positions adverses.
A partir de juin 1917, chaque corps d'armée britannique dispose d'un "poste de contrôle" ; de deux "stations de guidage", ainsi que d'une "station (unité) d'avions d'interception".
Ces différents groupes sont reliés par téléphone directement au quartier général de l'armée de l'air, mais aussi aux différentes escadrilles d'avions de chasse ; à l'état major des forces anti-aériennes et de l'artillerie lourde.
C'est dans ces circonstances que les nouveaux moyens de communication mis en œuvre permettront de réagir rapidement, mais aussi que, lors des tentatives de bombardement allemand, la riposte sera plus efficace pour contrer l'adversaire.
Du 1er juin 1917 au 7 juin 1917, la 2e brigade recevra 47 appels, par le biais de messages radiophoniques.
Grâce à l'utilisation de cette nouvelle technologie, un avion allemand sera abattu et sept autres endommagés.
Des unités d'artillerie allemande seront également neutralisées...
Des patrouilles aériennes sont menées sur le front sur une ligne couvrant Ypres-Roulers-Menin.
De grandes formations d'avions britanniques et allemands s'affronteront dans de longs combats aériens.
Des vols "longue distance", à des fins de bombardement et de reconnaissance, seront concentrés sur les aérodromes occupés par les Allemands, mais aussi sur les gares, carrefours et centres ferroviaires.
La 100e escadrille du RFC, qui s'est spécialisée dans les raids de nuit, attaque des trains aux alentours de Lille, de Courtrai, de Roulers ou encore de Comines.
Deux escadrilles sont employées comme appui aérien rapproché et d'attaque au sol du champs de bataille et des aérodromes allemands.
Bataille de Messines
Plan d'attaque britannique
Les Britanniques prévoient d'avancer sur un front large de 16 kilomètres, de Saint-Yves au Mont Sorrel, sur la ligne Oosttaverne, et, sur une profondeur maximale de 2.700 mètres (3.000 yards).
L'assaut se déroulera de manière fractionnée, portant sur trois objectifs intermédiaires à atteindre. Chaque nouvel objectif sera visé par des troupes fraîches, comme dans la Somme, à Vimy, par exemple.
Dans l'après-midi une percée par dessus de la crête doit aboutir.
L'attaque sera menée par trois corps de la 2e armée du général Herbert Plumer.
Le 2e corps de l'ANZAC, situé au Sud-Est devra progresser de 730 mètres, alors que le 9e corps, positionné au centre, devra porter son attaque sur un front de 4.600 mètres, afin de couvrir un déplacement sur une largeur de 1.800 mètres.
Le 10e corps d'armée est stationné au Nord, sur une ligne de front de 1.100 mètres de largeur.
Les corps d'armée planifient leurs attaques sous la supervision du commandant de l'armée, et ce, en se basant sur les analyses faites à l'issue de la bataille de la Somme, mais aussi par rapport aux succès remportés lors des combats à Arras.
Un soin minutieux sera porté lors de la planification des tirs de contre-batteries. Ainsi, la planification du déclenchement du barrage roulant d'artillerie et du barrage de tirs indirects des mitrailleuses seront méticuleusement synchronisés.
Les positions de l'artillerie et de la seconde ligne de défense allemande ne se révéleront pas observables depuis les positions au sol, du côté britannique. Chose dont il faudra absolument tenir compte.
Afin de mieux observer la contre-pente de la crête de Messines, plus de 300 avions de la 2e brigade de la RFC seront appelés à se concentrer dans les parages.
Huit ballons captifs seront par ailleurs positionnés derrière les lignes britanniques, à une altitude comprise entre 910 et 1.500 mètres.
Le major-général G. McK. Franks, commandant d'artillerie de la 2e armée britannique, sera chargé de coordonner les pièces des corps d'armée, ainsi que l'artillerie divisionnaire devant effectuer des tirs de contre-batterie...
Le quartier général du corps d'artillerie lourde ; les postes de tir des différentes unités d'artilleries divisionnaires ; les escadrons RFC ; le dispositif "ballons", ainsi que les stations d'émission sans fil seront tous reliés par cables téléphoniques au château de Locres, endroit clef du dispositif de communication et de coordination.
Un officier d'état-major sera chargé, à la tête d'une équipe, des actions de contre-batteries menées sur l'artillerie allemande.
Une réunion quotidienne, qui regroupe les services de contre-batterie de divisions et de corps, aura pour mission de collecter méthodiquement les rapports produits par l'aviation d'observation, les ballons, ou encore les observateurs positionnés en première ligne.
Chaque corps aura une responsabilité qui portera sur une zone de tir (contre-batterie), ou sur d'autres portions du territoire plus spécifiquement au moyen de l'artillerie lourde.
Ce mode opératoire devra garantir une meilleure réactivité, lors de l'identification du repositionnement des pièces de l'artillerie allemande.
Le 2e corps de l'ANZAC crée quatre groupes autonomes de contre-batterie formés d'un groupe d'artillerie lourde.
Le 9e corps d'armée organise quatre groupes similaires et cinq groupes de bombardement.
Sur ces cinq groupes, trois sont associés aux trois divisions d'attaque, les deux restants forment une réserve sous l'autorité du commandant de corps d'artillerie lourde.
Un officier d'artillerie lourde de la 2e armée est détaché dans chaque centre de commandement de l'artillerie divisionnaire. L'attaque déclenchée, celui-ci prend le commandement de l'artillerie lourde.
Notons que l'organisation de l'artillerie de campagne varie selon les corps d'armées.
Au sein du 9e corps d'armée, chaque brigade d'infanterie dispose d'un agent de liaison et de deux sous-groupes (6 canons de 18 livres + 6 obusiers de 4 pouces 1/2).
Les artilleurs excédentaires détachés à l'artillerie de siège sont pour leur part employés à suppléer au manque (artilleurs blessés) et à déplacer l'artillerie, afin d'enrayer toutes futures tentatives allemandes de contre-attaques.
Les officiers, observateurs d'artillerie, progresseront en même temps que la première ligne d'assaut sur la crête, afin de retourner l'artillerie allemande demeurée sur le terrain. La manœuvre permettra ainsi aux divisions de réserve de progresser par-delà la ligne Oosttaverne...
130.635 tonnes de munitions sont livrées pour la bataille, à raison de 1.000 obus à tirer par canon de 18 livres.
750 obus seront, quant à eux, répartis par obusier de 4 pouces 1/2.
500 coups devront être tirés par obusier de 5 pouces.
120.000 obus au gaz et 60.000 fumigènes seront fournis aux canons de campagne de 18 livres, pour la durée de la bataille.
Les batteries de campagne des trois divisions de réserve sont disposées en des positions camouflées, à proximité du front britannique.
Dès qu'un objectif sera pris par l'infanterie d'assaut, le barrage roulant sera stoppé à environ 140 mètres devant la ligne, afin de permettre la mise en place d'un dispositif de défense une fois la ligne conquise ("retournement").
Durant la manœuvre, la cadence de tir sera réduite à un coup par minute et par pièce. Cette manière de procéder permettra aux artilleurs et au matériel (canons) de prendre du repos, avant qu'ils n'aient à reprendre à nouveau leur pleine activité.
L'artillerie lourde et ultra-lourde devra tirer sur les positions d'artillerie allemandes et sur les zones arrières.
700 sections de mitrailleuses seront chargées de réaliser un barrage par des tirs indirects (courbes) par-dessus les troupes chargées de l'offensive.
Il est planifié que les mines explosent à 3 heures, dans la nuit.
Une attaque forte de neuf divisions portera ses efforts sur la crête.
Le premier objectif, caractérisé par "une ligne bleue", devrait être conquis 1h40, après le début de l'offensive.
3h40 après le déclenchement de l'attaque, alors que les effectifs auront eu le temps de reprendre leur souffle, durant 2 heures, l'infanterie britannique aura pour objectif d'atteindre la "ligne noire". Ce 2e objectif devra avoir été placé "en défense", pour 8 heures du matin, à savoir 5 heures après le déclenchement de l'attaque.
Les troupes de renfort auront à atteindre la "ligne noire", avant de pouvoir porter leurs efforts sur la "ligne Oosttaverne". Cette dernière devra impérativement être prise 10 heures exactement, après le déclenchement des opérations.
Dès que capturée, la "ligne noire" servira de point d'appui feu pour canarder la "ligne Oosttaverne". En ce point, Il devra être également mené des opérations de contre-batterie.
L'ensemble des tanks opérationnels sur le terrain des combats seront unifiés aux 24 blindés conservés en réserve, afin de soutenir l'avancée de l'infanterie sur la "ligne Oosttaverne".
Préparatifs défensifs allemands
La première ligne de défense allemande passe en avant de la crête de Messines, évite la colline d'Haubourdin (Cote 63), passe ensuite par la vallée de la Douve et le Mont Kemmel, à 4.500 mètres à l'ouest de Wijtschate. Le temps passant, cette organisation défensive s'avère obsolète.
La construction d'une nouvelle ligne de défense, qui intègrerait les principes (révisés) de dispositifs, tirés des expériences de la bataille de la Somme, est entamée en février 1917.
Le dispositif portera le nom de "ligne Flandern I".
La première section du tracé débute à 9,6 km derrière la crête de Messines. Elle s'étire ensuite du Nord de la Lys à Linselles et de Werviq à Beselare, dans une zone favorable aux observations de l'artillerie.
Au cours du mois d'avril 17, le maréchal Rupprecht et son chef d'état major, le général von Kuhl, réfléchissent quant à un retrait possible sur une 3e ligne (ligne Warneton) ; cela, afin d'anticiper une éventuelle attaque britannique.
Les commandants des divisions sont opposés à un tel retrait. Ces derniers considèrent que les opérations de contre-minage allemands ont contrecarré les menaces britanniques en sous-sol ; que les travaux sur la ligne Warneton ne sont pas suffisamment avancés pour effectuer un retrait dépourvu de risques.
La physionomie de la crête interdit les observations aux artilleurs britanniques ; le canal Ypres-Comines et la Lys limitent l'espace disponible si une contre-attaque devait se produire.
En cas de prise de la crête, les observateurs britanniques auraient la possibilité de guider efficacement les tirs d'artillerie et d'ainsi rendre le terrain, d'une part impraticable, et, d'autre part, trop dangereux pour le stationnement de troupes aussi loin qu'à hauteur de la ligne Flandern I ; d'une limite située 9,6 km en arrière du tracé de défense initial...
Rupprecht réexamine le projet relatif à un retrait sur une 3e ligne de défense et finit par en oublier l'idée même...
Face à la 2e armée du général Plumer, les Allemands opposent le groupe Wijtschate formé de trois divisions du XIXe corps, dirigé par le général Maximilian von Laffert.
Ce groupe, qui tient la crête, fait partie intégrante de la IVe armée, un corps commandé par le général Sixt von Arnim.
Au début du mois de mai, la 24e division allemande est appelée à renforcer la garnison en poste au niveau de la crête de Messines.
La 35e division et la 3e division bavaroise forment, pour leur part, la réserve du groupe Wijtschate. Cette unité est considérablement renforcée par de l'artillerie, une grande quantité de munitions, ainsi qu'une unité d'aviation déployée à son service.
La partie la plus vulnérable du front allemand est assurément l'extrémité Nord de la crête de Messines, là même où elle rencontre la colline de Menin.
Le commandement allemand limite à 2.400 mètres, la largeur de front défendue par la 204e division d'infanterie du Württemberg.
La 24e division d'infanterie, stationnée plus au Sud, ne contrôlera, quant à elle, qu'une zone large de 2.600 mètres.
La 2e division d'infanterie, avec une portion de périmètre de 3.700 mètres autour de Wijtschate, se trouvera une des moins bien loties en terme de déploiement.
Au Sud-Est du front, la 40e division d'infanterie tient une ligne de défense de 4.400 mètres face aux Britanniques, et ce, de part et d'autre de la Douve.
La première ligne est établie en profondeur : ses fortifications sont réparties jusqu'à 700 mètres environ de la ligne de front.
A la fin du mois de mai, les effets, des tirs d'artillerie britanniques, sont à ce point violents, que les 24e et 40e divisions sont remplacées par la 35e division appuyée par la 3e division bavaroise.
La 7e division et la 1ère division de la garde se retrouvent en réserve du groupe Wijtschate, dès le début du mois du juin.
La relève de la 2e division est pour sa part prévue pour les 7 et 8 juin...
De par leur taille, les régiments allemands tiennent généralement position sur un front d'environ 640 à 1.100 mètres en première ligne, avec en appui, un bataillon de première ligne. Un second bataillon vient les soutenir, alors qu'enfin, un 3e bataillon est posté, -en réserve-, à une distance de 4,8 à 6,4 km à l'arrière même de la première ligne du front.
Environ 32 points munis de mitrailleuses sont dispersés sur le secteur autour et dans la zone défensive.
Le dispositif de -protection feu- allemand est mobile, le rôle des Stosstrupps placés dans la ligne consiste à mener des contre-attaques afin de reprendre des lignes éventuellement perdues.
Dans le cas d'une retraite forcée, les bataillons de soutien ont pour mission d'avancer vers l'ennemi, afin de reprendre le terrain perdu. Ce scénario sera envisageable à l'exception de la colline de Spanbroekmolen ; l'endroit se devant d'être impérativement défendu, quel qu’en puisse être le prix.
Le bombardement britannique préliminaire à l'attaque débute le 8 mai. Il se révélera plus intense à partir du 23 mai.
Les parapets de défense et les abris en béton allemands, répartis de part et d'autre de la crête, sont anéantis.
La supériorité aérienne permet, à l'aviation britannique, l'observation des défenses allemandes ; cela, malgré les efforts déployés par les pilotes du "Cirque volant" du Baron rouge, von Richthofen.
A dater du 26 mai, les contingents allemands parviennent à avancer de quelques 50 mètres, grâce aux trous d'obus qui foisonnent dans le no-man's land, et dans lesquels on arrive à se soustraire à l'observation de l'ennemi.
Le soir tombé, les Germains s'en retournent pour la nuit dans leurs abris.
Lorsqu'à leur tour les abris ont été détruits, les trous d'obus finissent par constituer le quotidien du soldat...
Les compagnies de la seconde ligne (Höhen) se replient derrière la crête.
A la fin mai, les bataillons de première ligne sont relevés périodiquement, tous les deux jours au lieu de tous les cinq, comme c'était le cas avant les bombardements intensifs des Britanniques.
Certaines troupes allemandes, sur la crête, souffrent psychiquement, car convaincues de l'imminence d'une attaque synchronisée avec explosion de mines (selon les dires d'un prisonnier capturé le 6 juin...).
Le 1er juin, le bombardement britannique redouble de violence. Les positions défensives allemandes, situées sur la pente, sont systématiquement nivelées par les coups de butoirs de l’artillerie et des bombes...
Les efforts de la Luftstreitkräfte atteignent leur apogée entre les 4 et 5 juin, quand un aviateur allemand arrive à observer, à lui seul, 74 sites de contre-batteries britannique.
Pour leur part, les Anglais identifient, dans le ciel, 62 avions d'observation allemands, chacun escorté par sept chasseurs. L'escadrille est chargée d'orienter les tirs d'artillerie contre la 2e armée.
Les données enregistrées par l'aviation d'observation britannique, sur la contre-pente, seront toutefois moins pertinentes que dans la zone des premières lignes.
Côté allemand, les villages de Messines et de Wijtschate sont ravagés, ainsi que les lignes "Höhen" et "Sehnen".
Malgré les efforts déployés, des positions de mitrailleuses demeurent intactes après les bombardements.
Les tirs d'artillerie, à longue distance, sur Comines, Warneton, Wervicq, mais aussi sur les carrefours routiers, les voies ferrées et les ponts, causeront des dégâts considérables. En outre, un certain nombre de dépôts de munitions seront également anéantis.
Il faudra attendre près de quarante ans, en 1955, pour qu'on décide de faire sauter une poche d'explosifs située dans le sous-sol (mine), à hauteur du lieu dit "Le Pélerin".
Pour l'heure, une autre grande quantité d'explosifs demeure toujours enfouie au pied de la butte de Messines...