Le Boyau de la mort constitue le dernier bastion conservé du front belge datant de la Première Guerre mondiale.
Appelé à l’origine "tranchée de liaison de la borne 16 à l’Yser", ou encore "Boyau de l’Yser", cet ensemble fortifié faisait face à la tête de pont allemande, sur la rive gauche, mais aussi en bordure Nord-Est de l’Yser.
Durant toute la durée du conflit, l'endroit fut défendu par l’ensemble des soldats belges, des différentes unités combattantes, qui se relayèrent dans le secteur. Un "petit Verdun", à la manière belge, en somme...
La dénomination, "Boyau de la Mort", fut choisie pour ce que la position se révéla, chaque jour, et, tout au long de la Grande Guerre, l’une des plus dangereuses du front.
A la mi-octobre 1914, l’armée belge arrive fourbue dans la plaine de l’Yser. Ses éléments ont combattu avec acharnement les Allemands en août et septembre, avant de se replier, - grâce au soutien des Français et des Anglais -, et, en plusieurs étapes, tout au long d’un parcours couvrant l’Est et la moitié Nord de la Belgique... "bonds arrières" opérés à partir de villes fortifiées ou points d'appuis tels que Liège, Namur, Anvers, Haelen, Louvain…
Après l’inondation de la plaine de l’Yser et la stabilisation du front, les Allemands conservent une accroche sur la rive gauche de l’Yser. C’est ainsi qu’ils occupent la zone des citernes à pétrole, un point d'appui situé dans l’alignement et face à l’extrémité nord du Boyau de la Mort, au lieu dit "la Souricière".
L’endroit où se situent les tanks à carburant, ou du moins ce qu'il en reste, est hautement convoité par les Belges. Le périmètre constitue une grande menace, car il fait directement front, - en enfilade -, au dispositif de défense des troupes que le Roi Albert commande. L'endroit situé à l’arrière des tranchées est directement en connection avec la ligne de chemin de fer reliant Nieuport-Dixmude et l’Yser.
L’objectif du camp allié est de pouvoir réoccuper, coûte que coûte, la zone des réservoirs, au Nord ; cela en vue, non seulement de sécuriser efficacement leurs positions, face à un ennemi : - qui les tient dans sa ligne de mire et toujours prêt à bondir de manière inattendue sur eux -, mais, - aussi -, qui les menace de l’autre côté du fleuve, sous une couverture de tir d'environ 45 degrés…
C'est dans ces circonstances, donc, que les Belges creusent, à partir de mai 1915, un boyau à créneaux dans le remblais de la digue de la rive gauche de l’Yser, et, qu'un second conduit, de support, est immédiatement aménagé à l’arrière de cette position "de feu".
De leur côté, les Allemands font pareil…
Les travaux de construction et de réparation des dégâts occasionnés par les combats et les échanges d’artillerie se feront de nuit, et sous le feu des fusées éclairantes. Au plus près de leurs postes avancés, les deux camps rivaux se trouveront distants de seulement quelques dizaines de mètres, parfois à un jet de grenade…
Des combats acharnés, parfois au poignard, dans des corps à corps, opposeront des Belges aux Allemands, sur cette seule portion de territoire belge demeurée souveraine…
Durant la première année du conflit, les belligérants n’auront de cesse de renforcer leurs dispositifs de défense en ce lieu névralgique de la "course à la mer" ; là-même, où une percée victorieuse aurait pu décider d’une fin décisive des combats, dans les prémices de la guerre.
Fin octobre 1915, le génie belge fait sauter la digue de l’Yser en bout de position, cela, dans le but d’empêcher toute initiative favorable aux stratèges allemands.
L’opération n’empêchera toutefois pas des travaux de renforcement et de développement des positions défensives d’avoir lieu en cet endroit névralgique du Front Nord-Ouest.
L’année 1916 voit la construction d’une puissante position fortifiée, d’une redoute bétonnée, dite "du Cavalier", à l’entrée sud du Boyau…
Après la guerre, ce haut lieu symbolique de l’affrontement belgo-germanique sera conservé en l’état, ou presque...
Ce ne sera toutefois qu’en 1924, que le chemin de halage en cet endroit, et, tout au long de l’Yser, sera remis en service par le Ministère des Travaux Publics.
A l’emplacement du Boyau de la Mort, des sacs de jute, initialement remplis de sable, et, utilisés pour édifier les parapets, - la nature du sol empêchant, en effet, le creusement de tranchées -, seront remplacés par des sacs de ciment.
Le Touring club de Belgique assura l’entretien et la gestion du site jusqu’en 1992.
En 1994, le Ministère de la Défense Nationale en reprendra la charge et la responsabilité.
Depuis cette date, d’importants travaux de restauration des tranchées, ainsi que la construction d’un nouveau bâtiment d’accueil, contribuent au succès de l’endroit, au regard du devoir de mémoire.
Le bâtiment d’accueil propose, au premier étage, un petit musée qui évoque, au moyen de cartes, de photos, de vidéos et d’objets divers, la situation des pays en conflit durant la période 1914-1918.
Y sont abordées, les thématiques liées à la mobilisation ; aux combats ; au rôle joué par les Alliés ; à la retraite de l’armée belge ; l’occupation allemande ; les destructions ; la formation du front le long de l’Yser ; les combats et la vie dans les tranchées, et, plus particulièrement, au niveau du Boyau de la Mort...
La majeure partie des documents et des objets exposés proviennent des collections du Musée Royal de l’Armée et d’Histoire Militaire de Bruxelles.
Au second étage, le panorama, ainsi que la table d’orientation, permettent aux visiteurs de se faire une idée par rapport à la topologie du site. Une vue d’ensemble porte tant sur le Boyau de la Mort, que sur la plaine de l’Yser avoisinante.
Au dehors, à l’entrée de la position fortifiée, se trouve la "Redoute du Cavalier" qui constitue, à elle seule, un petit fortin comportant deux niveaux. Des positions de tir et des postes d’observation se trouvent au niveau supérieur ; au-dessous de celles-ci, sont présents des abris qui ont été aménagés pour et par la troupe. Un passage souterrain autorise l’accès vers le boyau proprement dit.
Le Boyau de la Mort est constitué de deux tranchées parallèles longues de 400 mètres.
Un conduit de première ligne, dite "de combat", se trouve directement "en contact à l’ennemi". Un second, arrière, "de support", a été creusé directement dans le contrefort de la digue du fleuve. Les positions avancées comprennent des postes de tir et d’observation, ainsi que des abris. En tête de position (sape), face aux ruines du bunker allemand, se trouve la "Souricière". Cet édifice est constitué de deux abris d’observation, ainsi que d’un bunker équipé de positions de tir déportées de quelques mètres par rapport "à la maison mère"…
Toujours en ce qui concerne la tête de sape… En bout de boyau, on peut reconnaître l’une des vingt-deux bornes de démarcation érigées sur le territoire belge, suite à une souscription publique initiée par le Touring Club de Belgique, en 1921.
La borne, à l’effigie du Boyau de la Mort, est coiffée d’un casque Adrian belge M.15, reconnaissable à sa gueule de lion frontale. Y sont également gravés en relief, sur ses flancs… la représentation d’une gourde, de quatre grenades, ainsi que celle d’un masque à gaz.
Jusqu’à l’invasion allemande, lors de la Seconde Guerre mondiale, on pouvait y lire la mention : "Ici fut arrêté l’envahisseur".
Une brochure explicative est disponible au Musée de l’Armée à Bruxelles et à l’accueil du Boyau de la Mort.
Des panneaux signalétiques sont placés aux endroits les plus significatifs du lieu.
Le visiteur est invité à débuter la visite en entrant dans le bâtiment, comprenant un escalier et un ascenseur donnant accès aux différents étages.
L'accès au lieu est totalement gratuit.
Accueil - toilettes pour dames, hommes et moins valides.
Adresse : Ijzerdijk - 8600 Dixmude (ici) (Lieu dit "Dodengang")
Horaires : ouvert tous les jours, du 1er avril au 15 novembre, de 9 à 17 heures
Mardis et vendredis du 16 novembre au 30 mars, de 9h30 à 16 heures (dernière visite à 15h30)
Fermé du 25 décembre au 1er janvier
Compter 1h30 pour la visite du site…
Tél. +32(0)51.50.33.44
Plus d’information auprès de l’Office du Tourisme de Diksmuide
+32(0)51.51.91.46 ou toerisme@stad.diksmuide.be
Position GPS : 51° 2' 45.34" - N 2° 50' 35.93" E