Le siège d’Anvers…
Le siège d'Anvers est un des épisodes de la Première Guerre mondiale qui opposa l’armée belge (147.000 hommes) aux troupes allemandes (66.000 soldats au moment de l’assaut), autour de la ville d'Anvers, du 28 septembre au 10 octobre 1914.
Dans la matinée du 4 août 1914, l'armée allemande envahit la Belgique, sans déclaration de guerre, et, après un ultimatum le 2 août ; soit 2 jours après la décision prise par le gouvernement belge d'interdire sur son territoire, tout passage de troupes allemandes vers la France.
Surprise par l’invasion, mal préparée et dépassée numériquement par les Allemands, l'armée belge est rapidement contrainte d'abandonner les places fortes de Liège, qui tombent aux alentours du 16 août et de Namur, qui se rend le 24 août.
La résistance farouche des Belges, sur les positions fortifiées de Liège et d'Anvers, ainsi que de sa cavalerie et à son artillerie déployées lors de la bataille de Haelen, contribuent à retenir une part importante des effectifs allemands déployés en Belgique. Des jours qui se révèleront également précieux et profitables aux Français, ainsi qu’aux Anglais…
Le 20 août, Albert Ier, roi des Belges, ordonne à l'armée belge en retraite depuis Liège et ensuite Haelen, de se rabattre en direction de l’Escaut et de la mer, vers la forteresse d'Anvers. Cette ville est en effet considérée, à tort, nous le verrons plus en avant, comme étant le "réduit national" -imprenable-.
La zone militaire est constituée, en effet, de deux lignes de fortifications autour de la ville, ces deux ceintures de défense étant elles-mêmes composées de forts datant du XIXe siècle et… en cours de modernisation… en 1914.
Ces places fortes, éloignées de quelques kilomètres les unes des autres, doivent également permettre de se protéger mutuellement (artillerie), et, à l'armée de campagne de s'y retrancher et d’assurer, par voie de fait, la réserve, au cas où Anvers ou sa région seraient attaquées.
Cette stratégie doit pour sa part servir, envers et contre tout, à la défense du port… d'Anvers… haut lieu d’approvisionnement maritime du pays et point d'exportation obligé par la mer.
La plupart des forts et des positions défensives autour d'Anvers manquent de puissance de feu. Pour cette raison, l'armée de campagne est forcée de procéder à plusieurs "sorties"…
Cette stratégie immobilise, dans un premier temps et durant une brève période, pas moins de 150.000 Allemands ; elle retarde en outre, quelque peu, la prise de la ville…
Notons, pour la petite histoire, que, pour la première fois de son Histoire, l’automobile militaire (ou auto-mitrailleuse), construite sur base de ce qui se fait dans le civil (... tout comme les motards, avant cela, dans la région de Verviers), infligent une succession de défaites à la cavalerie allemande, lors de sorties sporadiques.
Tactiquement s’entend, ces manœuvres, à partir de positions fortifiées, font partie intégrante de la stratégie du siège. Cette façon de faire est dictée par la tradition militaire (remontant à la nuit des temps), et, est destinée à tenir l'ennemi le plus éloigné possible du cœur de la position à protéger.
L'organisation des trois attaques qui auront lieu en août 1914, sera du ressort de l'état-major de la place (… qui dispose des réserves de l'armée disposées de longue date à Anvers) ; le haut quartier général de l'armée aura à reprendre la main pour la direction des combats, tout en se chargeant des troupes positionnées au Sud-Est et à l'Ouest d'Anvers. Cela, dans le but de maintenir une liaison avec les Alliés…
Les sorties de l'armée belge de campagne eurent pour résultat de tenir l'armée allemande aussi éloignée que possible de la dernière ceinture de forts, immédiatement proche de la ville.
Le 28 septembre, l'armée allemande, ayant récupéré sa capacité offensive entamée quelque peu par les sorties belges, commence le pilonnage proprement dit des forts.
Le 5 octobre, l'armée allemande parvient à briser les défenses belges dans la ville de Lierre, à 20 kilomètres au Sud-Est d'Anvers. Elle fait également mouvement vers Termonde, au Sud d'Anvers, où elle tente de traverser l'Escaut.
Ce "mouvement en tenaille" des Allemands menace les voies de retraite possibles à l’armée d’Albert, par l’Ouest. Seule possibilité de dégagement dans l'éventualité où il faudrait abandonner Anvers…
Les voies Sud et Est sont déjà aux mains des envahisseurs. Au nord, les accès menant vers la frontière belgo-néerlandaise sont fermés à tout trafic ; les Pays-Bas se déclarant neutres dans un conflit où ils ne porteront aucunement assistance à la Belgique…
L'armée belge se retire finalement d'Anvers le 10 octobre, juste avant d'être "prise au piège", laissant ainsi la ville sous la protection des forts de la rive gauche et de quelques détachements de marins anglais venus à son secours.
Les troupes belges se dirigent à l'Ouest, vers leur seule porte de sortie, parallèlement au littoral.
A Anvers, les derniers militaires belges, ceux laissés en arrière-garde dans les forts de la rive gauche, sabotent leurs équipements et font sauter leurs munitions, empêchant en cela les Allemands d’en faire usage…
Ca et là, et, profitant de la confusion régnante, des unités tentent leur chance en se dirigeant, seuls ou par petits groupes, en direction de la mer, où nombre d’entre eux parvinrent à rallier l'armée belge conjointement reformée, le long de l'Yser, avec les forces britanniques et françaises.
D'autres militaires belges, échappés d'Anvers, arrivèrent à se réfugier aux Pays-Bas, où ils furent faits prisonniers.
Le bourgmestre d'Anvers, Jan De Vos, remet la capitulation de sa ville le 10 octobre, aux troupes allemandes, et, au grand regret du général von Beseler qui aurait espéré recevoir une reddition en bonne et due forme de la part d'un homologue belge...
La ville d'Anvers demeurera occupée par les troupes allemandes jusqu'en 1918.
Pas moins de 40.000 soldats belges, comptant parmi les jeunes conscrits que l'on n'avait pas eu le temps de former, s'enfuirent vers le Nord, aux Pays-Bas.
Espérant échapper à la captivité en Allemagne, ces mêmes militaires finirent prisonniers des Hollandais.
Plusieurs centaines de milliers de réfugiés civils, qui avaient suivi les soldats dans leur débâcle, furent également internés dans des camps situés au fin fond de la Hollande, loin de la zone frontalière belge…
Les Pays-Bas procédèrent de sorte afin d’éviter toutes représailles de la part des Allemands.
Un certain nombre de ces personnes déplacées décidèrent de se fixer définitivement là-bas, la guerre finie…
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Dès l’été 1914, les Allemands s’efforcent de rendre la frontière belgo-hollandaise infranchissable. Malgré une surveillance active, ils s’aperçoivent que des Belges - ou des soldats alliés isolés après la bataille des frontières - trompent les sentinelles et s’échappent par le territoire neutre de la Hollande. L’idée de rendre cette frontière véritablement imperméable, en construisant une ligne de barbelés électrifiés, naît au printemps 1915 ; malgré de nombreuses difficultés techniques, la ligne s’étend bientôt sur 200 km. Renforcée jusqu’en 1918, elle ne remplit pourtant qu’imparfaitement son rôle à cause de l’acharnement des "passeurs", patriotes bénévoles ou mercenaires stipendiés par les services de renseignements alliés pour supprimer cet obstacle.
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