Simultanément et ensuite de la chute de Liège et des points fortifiés qui constituent la ceinture militaire de la cité, plusieurs corps allemands mobiles (cavalerie, cyclistes...) tentèrent d'envelopper et d'anéantir, entre autre - par ce qui se révèlera la dernière grande charge dans l'histoire de la cavalerie -, une part de l'armée belge regroupée entre Hasselt et Tirlemont (Tienen).
Dans son repli, depuis Liège, la 3e division s'est déployée en bordure de la Gette.
En première ligne sont disposées les 1ère, 3e et 5e divisions. En seconde position se trouvent les 2e et 6e divisions. La 4e division, quant à elle, défend Namur.
Ces forces sont épaulées par une division de cavalerie qui, stationnée dans un premier temps à Waremme, se replie ensuite sur Saint-Trond, sur la gauche de l'armée belge dont elle prolonge la ligne frontale, du nord de Tirlemont jusqu'en direction de Diest (voir carte en marge et en bas de page).
Plusieurs jours d'affilée, en certains endroits des combats, les Belges durent faire face à des effectifs parfois supérieurs 20 fois en nombre.
C'est dans ces conditions que les Belges luttèrent dans l'attente de secours étrangers amis qui ne se presseront pas trop pour arriver, du côté de : Charleroi ; Namur ; Dinant ; Virton, pour les Français et d'Anvers, en ce qui concerne les Britanniques...
C'est au travers des récits des acteurs ou protagonistes de la bataille, que les faits de ce 12 août 1914 nous sont parvenus. Un grand nombre de témoignages, sous forme d'enregistrements audio-visuels demeurent accessibles au public.
Le 12 août, des équipages de lanciers, en reconnaissance dans la région, signalent un ennemi allemand, commandé par le général von der Marwitz, en marche vers Haelen, bien décidé, vu ses effectifs (4.000 cavaliers ; 2.000 fantassins ; 18 canons), d'en découdre avec les forces belges concentrées dans la région et qui compte 2.400 cavaliers, 410 cyclistes et 12 canons.
Comme partout ailleurs dans le pays traversé, l'ennemi boute le feu en de multiples endroits, non seulement pour diriger ses troupes durant la nuit, mais également, de manière tactique, en guise d'écran de fumée ou de signal pour l'attaque.
Usant du relief d'un terrain qu'ils connaissent bien et qui est à leur avantage (dénivelés, mamelons, butes, plaine, routes encaissées, exploitations agricoles, etc.), les carabiniers cyclistes sont bien retranchés dans leurs positions lorsqu'apparaissent les premiers escadrons de dragons et de hussards allemands.
C'est alors que la fusillade se déclenche.
Comme en d'autres endroits du pays, la population locale sert de bouclier humain lorsque s'avancent les colonnes d'infanterie germaniques.
C'est le moment choisi pour que surgisse la cavalerie belge afin de se jeter sur l'adversaire. Dans leur élan, les Belges arrivent à faire jonction avec les collègues lanciers maintenus en réserve. La cavalerie allemande se désagrège suite aux coups frontaux et transversaux qui leur sont portés. D'autres escadrons venus en renfort vivent le même sort malchanceux.
Alors qu'ils subissent l'humiliation d'un combat qu'ils sentent perdu, les Allemands décident de changer de tactique et intiment l'ordre aux cavaliers de mettre pied à terre, mais cette manoeuvre ne donne guère meilleur résultat que ce qui a déjà été tenté antérieurement.
Entre-temps, les batteries d'artillerie belges, en retrait du champ de bataille et idéalement situées en sa périphérie, tout en dominant la plaine et la ville de Haelen, font pleuvoir un grand nombre d'obus sur la cité où sont retranchées de nombreuses forces : notamment les très redoutés Uhlans...
Vers 17 heures, les lanciers et les carabiniers reçoivent l'appui du 4e régiment de ligne.
Sous la poussée de l'infanterie belge, l'ennemi se replie en direction de Haelen. L'artillerie, habilement placée sur les hauteurs du champ de bataille, au Nord, peut alors effectuer un habile tir d'enfilade en direction de la route empruntée par les fuyards.
Dans leur déroute, les régiments allemands ne forment plus, alors, qu'une colonne désordonnée.
Peu à peu, le champ de bataille retrouve sa quiétude où, çà et là, parmi les centaines de morts, gisent agonisants et blessés.
Dès l'aube, le lendemain matin, des troupes belges poussent jusqu'à Haelen ; le spectacle qui s'offre à eux est désolant. La plupart des habitations ont été atteintes et ont durement souffert des combats et des déprédations de l'ennemi.
Plusieurs centaines de chevaux et d'hommes gisent en tous endroits, tant à l'intérieur qu'au dehors de la ville.
On compte, parmi les morts, beaucoup de cavaliers du 17e régiment de dragons, la fine fleur germanique de la noblesse du Mecklembourg (Nord-Est de l'Allemagne).
Il faut savoir que les Allemands n'ont compté, en matière d'effectifs, que peu de soldats tués au combat, contrairement à ce qui a été évoqué au lendemain de la bataille et bien longtemps encore après celle-ci, tout au long du XXe siècle. Ainsi, sur les six régiments de cavalerie et dix régiments d'infanterie engagés, la perte en vies humaine tourne aux alentours de 200 hommes, hors blessés et mutilés.
Les Belges disposaient de deux régiments de lanciers ou de guides et de seulement quelques pièces d'artillerie légère, contrairement aux Allemands qui, eux, n'en avaient pas...
La victoire de Haelen ne connut malheureusement pas de lendemain pour les troupes belges et pour le lieutenant-général Léon de Witte (Haelen) qui les commandait lors de la bataille de Haelen (Bataille des Casques d'Argent).
Après avoir fait mouvement de recul sur Anvers, les troupes belges se retrouvèrent face aux Allemands pour le reste de la guerre, derrière l'Yser, jusqu'à la contre-offensive victorieuse d'octobre et de novembre 1918...
A propos du lieutenant-général de Witte de Haelen
Six jours avant la bataille de Haelen, au cours de laquelle il dirigera les forces belges, de Witte est promu lieutenant-général.
La bataille qu'il mène est remportée grâce à l'action combinée de la cavalerie avec l'infanterie équipée de mitrailleuses.
Les casques de métal argenté, abandonnés sur le terrain par les cavaliers allemands vaincus, servent de trophées ou constituent des souvenirs pour les militaires et civils locaux.
Cette confrontation sera baptisée "Bataille des Casques d'Argent", pour ce qu'il y en avait qui jonchaient le sol après la confrontation...
Initialement enterrés sur le lieu même où se déroula la bataille, le 12 août 1914, les dépouilles allemandes ont été ensuite transférées en la nécropole allemande de Langemark, qui compte 44.061 tombes de soldats allemands morts durant le premier conflit mondial ; cimetière érigé entre 1924 et 1932.
Situé "Liniestraat", au croisement routier en "T" avec la rue "Velpenstraat", qui mène au musée de M. Julien Stroobants (Musée Slag der Zilveren Helmen), le petit fils du fermier qui occupait la ferme Yxerwinning, sur le champ en août 14, le cimetière belge compte 152 tombes de soldats belges, pour la plupart morts le 12 août 1914, mais bien plus longtemps après (Pieter Dierick 6.12.1916 ; Pieter Speybroeck 25.2.1919 ; Jan Coninx 4.5.1919...).
Renseignements pris à l'Institut Royal Météorologique, et, plus particulièrement auprès de Monsieur Marc Vandiepenbeeck, son représentant aux Services Opérationnels et aux Usagers, nous savons que le 12 août 1914, les valeurs mesurées à Uccle étaient de :
- température maximale : 26,2°C
- température minimale : 11,9°C
- précipitations : 0 mm
- humidité relative moyenne : 74 %
- pression atmosphérique 1016,4 hPa
Qu'en outre, une impression de "lourdeur" était perceptible au niveau du champ de bataille.
Nos chaleureux remerciements vont en direction de M. Marc Vandiepenbeeck, ainsi que vers l'IRM, pour les précieuses informations, qui, sans nul doute, permettront aux lecteurs de mieux restituer les évènements du 12 août 1914, dans leur contexte climatique.