La bataille de Neuve-Chapelle des 10 au 13 mars 1915...
La bataille de Neuve-Chapelle (PDF :
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est la première attaque de grande envergure lancée par l’armée britannique depuis le début de la guerre, en cette sortie d'hiver et alors que leur arrivent d’importants renforts en hommes, en équipement et en munitions.
Dans les premiers mois de 1915, le général Joffre, commandant en chef de l’armée française, considère que le renforcement des Alliés sur le front ouest doit leur permettre l’initiative d'une offensive. Manoeuvre devant, non seulement tendre à rompre le front allemand, mais aussi à soulager la pression exercée sur les troupes russes, à l'Est.
French, côté britannique, partage la même vision des choses, considérant, en outre, que la guerre de tranchées influe désastreusement sur le moral des troupes.
Le plan élaboré par Joffre consiste à réduire le saillant allemand fixé en octobre 1914, en l’attaquant à ses deux extrémités, par l’Artois, au Nord, et en Champagne, au Sud-Est.
Dans cette perspective, en Artois, la reprise, par les Alliés, des réseaux ferroviaires de la plaine de Douai, s'avèrerait à coup sûr très préjudiciable pour les Allemands.
La réorganisation du dispositif britannique, liée à la relève des troupes en position à Ypres et aux préparatifs de l’opération des Dardanelles, incite French à déclencher une offensive indépendante et préalable à celle initiée par les Français dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette (
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L’objectif initial sera limité. Le but de la mission consistera en la prise du village de Neuve-Chapelle, qui forme un saillant allemand dans les positions britanniques.
La tactique déployée sera propice à s’emparer de la crête d’Aubers ; ce point du relief surélevé de quelques mètres au-dessus de la plaine avoisinante et qui constitue un observateur de choix...
Les Britanniques, de leur côté, pensent également possible de pouvoir ainsi déboucher à l’arrière du front et de menacer les défenses de Lille, ville toute proche et qui est un carrefour routier et ferroviaire important du secteur.
Quatre divisions, soit au total 40.000 hommes, stationnent sur une portion du front de 3 km de largeur.
Au matin du 10 mars 1915, l’attaque d’infanterie, programmée à 7 heures 30, est précédée d’un puissant bombardement d’artillerie sur les premières lignes, mais encore, sur les lignes arrières allemandes.
Plus de 340 canons se mettent en branle, guidés en cela par le Royal Flying Corps (
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Prévu pour une durée d'une demie heure, le premier bombardement déversera plus d’obus que l’armée britannique n’en aura jamais tiré durant toute la durée de la Guerre des Boers, quinze ans plus tôt...
Le second tir de barrage, fixé à une durée de 30 minutes, frappera les secondes lignes, constituant en cela le plus gigantesque déploiement effectué avant les grandes offensives de 1917.
Les Britanniques, et, l’essentiel du Corps colonial indien, progressent rapidement dans le village, dans un secteur faiblement défendu. Une brigade des Gharwal Rifles subit, quant à elle, de lourdes pertes en attaquant une partie des lignes allemandes peu ou pas touchées par le bombardement.
Après quelques heures colorées de succès, les Britanniques sont paralysés par manque de communication et de munitions. La progression est ainsi enrayée.
Après avoir appelé des renforts depuis Lille, le prince R. de Bavière lance ses hommes dans une contre-attaque, le 12 mars.
La tentative des Britanniques, de prendre la crête d’Aubers, se heurte à des lignes de barbelés demeurées intactes ; les pertes sont énormes.
Les combats cessent enfin le 13 mars.
La progression britannique est limitée ; 6 kilomètres carrés ont été repris aux Allemands, au prix de 7.000 Britanniques et de 4.200 Indiens (
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tués ou blessés.
Les Allemands enregistreront des pertes similaires, alors que 1.700 des leurs seront faits prisonniers.
La percée Alliée ne pourra toutefois pas être exploitée...
Ce type de manoeuvre se répètera en tous lieux du champ de bataille, jusqu'à la reprise de la guerre de mouvement au printemps et à l'été 1918...
L'Histoire imputera, au général French, son échec à l’insuffisance ou à la mauvaise qualité des stocks d’obus nécessaires à l’artillerie (les spécialistes de l'armement s'étant engagés pour combattre).
Dès cet instant du conflit, les bombardements préparatoires aux mouvements de troupe s’étendront sur plusieurs jours ; cela, au détriment de l'effet de surprise.