LA CHANSON DE CRAONNE
L'auteur des paroles de cette chanson est toujours demeuré anonyme.
Lorsqu'en 1917, elle a commencé à circuler dans les tranchées, la légende veut que les autorités militaires aient offert la démobilisation immédiate et 1 million de francs or à qui le dénoncerait, mais en vain.
La musique de Charles Sablon a été composée avant la guerre pour une chanson d'amour enregistrée par Emma Liebel, en 1911, et, qui s'intitulait "Bonsoir m'amour".
Les paroles...
Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendr' les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le coeur bien gros comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambour même sans trompette
On s'en va là haut en baissant la tête
Refrain
Adieu la vie adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Huit jours de tranchées huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
Refrain
C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la mêm' chose
Au lieu de s'cacher tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens car nous n'avons rien
Nous autr's les pauvr's purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là
Dernier refrain
Ceux qu'ont l'pognon ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour messieurs les gros
D'monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau