L’artiste et la Grande Guerre : le conflit comme inspiration de 1914 à nos jours
Intervention du 5 décembre 2014
Figurants ou passeurs de mémoire ?
Les petites filles jouent à la poupée. Les petits garçons s'affrontent dans des guerres imaginaires.
Le monde de la reconstitution émane de ce processus ludique de l'enfance, mais s'enrichit, en plus, d'une part, d'un legs familial, d'autre part, en fonction du lieu d'origine (charge historique)...
Nous sommes les porteurs de mémoire de nos aïeux. En endossant leur vêture, nous les réincarnons ; ils sont, à nouveau, vivants, durant quelques heures. Nous nous rapprochons d'eux par delà la barrière du temps.
Les reconstitueurs refusent d'être de simples figurants participant à des fresques historiques visant à rappeler les heures de gloire de héros nationaux. Ils "habitent" leurs uniformes en les endossant. Et, pour mieux faire revivre ces âmes disparues, ils se documentent, notamment, via les peintures, les photographies et films historiques.
Les illustrations picturales sont la seule voie de représentation d'un événement au temps des guerres napoléoniennes.
Par contre, depuis la fin du 19e siècle, les techniques photographiques et cinématographiques sont présentes et ne cessent d'évoluer.
Voyez la transition qui s'est opérée de la monochromie (N&B, sépia...) vers la couleur (autochrome, colorisation des images, Kodakchrome, etc.).
Les techniques récentes permettent de mieux s'imprégner du passé grâce aux manipulations informatiques qui voient naître des photos et des films "trafiqués", colorisés, segmentés, sonorisés,…
Ma démarche artistique, a contrario, consiste pour les membres de ces groupes de reconstitueurs que je rencontre, de les aider à remonter le Temps et de les voir se métamorphoser en ces citoyens dont ils évoquent l'existence.
Cette rétroaction du temps permet, ainsi, à l'individu de rencontrer son ancêtre, tant par son image qu'au travers de son quotidien reconstitué..., tel qu'on se l'imagine.