Louis Auguste Adrian est né en 1859 à Metz. Ville qu'il quitte avec sa famille en 1871, lors de l'annexion allemande.
A sa sortie de l'Ecole polytechnique, il opte pour le Génie.
En 1907, devenu sous-directeur de l’intendance au ministère de la Guerre, Louis Adrian traque les fraudes et les corruptions, ce qui lui vaut de se faire des ennemis, tant chez les militaires que chez les civils.
Las de cette situation, il obtient de partir en retraite. Ce qui se produit en mai 1913. Mais Adrian demande d'être réintégré aux armées, dès la déclaration de guerre. C'est ainsi qu'il reprend la charge de l'intendance.
Dès lors qu'il entre en fonction, il dote les soldats de peaux de mouton et de bottes de tranchées pour les protéger des rigueurs de l'hiver. Par ailleurs, il met au point des protections contre les éclats d'obus et les coups de baïonnettes.
En outre, il fait aménager, en bordure du front, des ambulances motorisées, mais encore, faute de tentes suffisantes, des "baraques Adrian" construites en bois, montables ou démontables en 24 heures.
Malgré l’acharnement de ses détracteurs, il continue ses recherches, mettant au point des cuirasses, des lunettes pare-éclats, des tourelles blindées pour aviateurs, et étudie même les bienfaits de l’énergie solaire.
Clémenceau fait appel directement à lui pour localiser, par triangulation, à partir des impacts, les obus tombés sur Paris, et, dans la forêt de Compiègne, les "canons de Paris" (Pariser Kanonen ou Wilhelmgeschutze), de calibre 210 mm, qui bombardent la capitale à partir du 23 mars 1918...
Mais revenons-en aux fameuses protections de la tête...
Fin 1914, 75 % des soldats sont atteints à la tête et 80 % de ceux-ci décèdent de leurs blessures.
Dans un premier temps, Adrian conçoit la "cervelière", une coque en acier peu confortable et portée sous le couvre chef, à même la chevelure.
Plus tard, dans le courant 1915, 7 millions de casques seront fabriqués et livrés dès septembre 1915.
En 1916, on ne compte plus que 22 % de blessures à la tête, dont 50 % mortelles.
Belges, Italiens, Serbes, Roumains, Russes, sont autant de militaires qui adopteront le casque Adrian.
Au total, 20 millions de casques seront distribués aux armées alliées.
Le casque demeurera en service au sein des forces militaires (armée et gendarmerie), jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Pour la Police, jusqu'en 1970 ; la version chromée, jusqu'au milieu des années 1980, pour les pompiers.
En 1920, le lieutenant-général Louis Auguste Adrian se retire à Genêts, un petit village normand qui borde la Baie du Mont Saint-Michel.
Le 16 juin 1920, Louis Auguste Adrian est élevé à la dignité de Grand-officier de la Légion d'honneur.
C'est à Genêts qu'il décède en 1933. Il y sera inhumé en retrait de l'église et du cimetière, dans le caveau familial de son épouse.
La tombe est unique, pour ce qu'elle est coiffée d’un casque Adrian taillé dans un bloc de granit.
Historique du casque...
Les casques Adrian sortent des usines Japy Frères, rue Albouy à Paris, mais aussi de Beaucourt, près de Belfort.
D'autres entreprises contribueront au succès du casque, ainsi : la Compagnie Coloniale ; Reflex ; Jouet de Paris ; la Société des Phares Auteroche ; Dupeyron ; la Compagnie des compteurs et Bonnet à Paris.
Le casque Adrian base son concept sur la présence d'un cimier (crête), réminiscence des casques de cavalerie ayant des origines remontant à l'Antiquité, et, destiné à amortir des chocs provenant par le dessus (le cimier s'écrase), ensuite de quoi, ils sont transmis à la structure (bombe) du casque.
Le casque Adrian s'inspire de la bourguignotte du Moyen-Âge.
Comme pour la plupart des casques fabriqués à cette époque, il n'est pas question d'envisager pouvoir arrêter net une balle de fusil ou de mitrailleuse.
Fabriqué à partir d'une tôle d'acier laminé d'une épaisseur de 0,7 mm, ce casque est embouti à la manière d'une casserole. Il pèse entre 670 et 750 grammes, et est plus léger que les casques allemands (Stahlhelm - 2/1916 / 850 à 1.100 gr.) ou britanniques (Brodie - fin 1915 / 950 gr.).
Dans un premier temps recouvert de couleur bleu horizon, le casque sera constitué de 5 éléments : la bombe ; la visière ; la nuquière ; le cimier et la coiffe en cuir.
A l'avant du casque sera agrafé, au moyen de pattes métalliques, l'attribut caractérisant l'arme : infanterie ; artillerie ; chasseurs à pied ; service de santé...
Le plus répandu des médaillons sera celui de l'infanterie, représentant une grenade surmontée d'une flamme et estampillée des initiales "RF" (République française). Et, quant aux Belges, il s'agira d'une gueule de lion...
La coiffe, noire ou marron, sera initialement taillée en un unique morceau de cuir comportant sept dents de loup trouées et rivetées, afin de permettre le passage d'une cordelette (serrage/ajustage).
L'élément sera ultérieurement constitué de sept morceaux de cuir cousus ensemble ; six dents de loup et une couronne au dos de laquelle sera cousue une bande de tissu, généralement issue d'uniformes usagés.
Lors des périodes froides, certains soldats rajouteront un rembourrage supplémentaire de tissu ou de papier journal entre la coque et la coiffe, pour s'isoler du métal froid.
Les premiers casques furent recouverts de peinture de couleur bleu brillant. Toutefois, il apparut rapidement que les reflets du soleil en faisaient d'excellentes cibles pour l'ennemi. Dès lors, les soldats les passèrent dans la boue, afin d'atténuer les effets indésirables du revêtement.
Ensuite de quoi, une peinture bleu mat, ainsi que des couvre-casques de tissu, furent distribués aux unités.
Par après, les casques équipant les troupes d'Afrique furent repeints en couleur moutarde, à l'image des uniformes.
Remarques
Notons que les jugulaires des casques d'officiers sont souvent façonnées au moyen de lanières ou de cordons en cuir tressé ; éléments achetés dans le commerce.
La forme/découpe de la partie antérieure du cimier peut légèrement varier selon le fabricant.
Des casques en acier trempé furent commercialisés par la société Franck et Siraudin au prix de 20 à 25 francs (compter +/- 47 à 59 euros des années 2010) et rapidement interdits en raison du risque d'éclatement à l'impact.
Le militaire le plus réputé d'entre tous, portant un casque Adrian, demeure le roi des Belges, Albert 1er...