Alfred Amédé Canonne est né à 9 heures du matin, le 15 mai 1856, à Honnechy.
Cultivateur, il était marié à Henriette Lemaire, elle aussi cultivatrice.
Tous deux étaient domiciliés à Ors, rue de Landrecies.
Alfred était le fils de Jean-Baptiste Canonne, tisseur et d'Adélaïde Lemaire, ménagère.
Ses parents avaient tous deux 32 ans, lorsqu'il est né : fort probablement au hameau "Les Moulins", à Honnechy, où ils résidaient (ici).
A 7 heures 15 du matin, le 16 octobre 1917, âgé de 61 ans, il est fusillé au lieu-dit "Le Roleur", à Valenciennes.
Les faits*...
Alfred Canonne, qui habitait au bout du Vieux Chemin du Cateau, près de la voie ferrée, avait été obligé de déménager, dans une petite ferme située en face de la Chapelle Saint-Roch.
Dans le virage, se trouvait un autre ferme, celle de Léon Stoclet.
A cette époque, les troupes anglaises parachutaient de petites boîtes contenant chacune un pigeon...
Dans les cages se trouvaient également un questionnaire relatif au passage des troupes allemandes, aux emplacements de l'artillerie, etc.
Il était demandé d'indiquer le lieu de départ du pigeon ; les initiales de l'auteur et les renseignements permettant aux Anglais de récompenser correctement l'informateur, une fois la guerre terminée...
Un jour, les Allemands tirèrent et abatirent un pigeon parti d'Ors...
Ils découvrent les initiales de l'auteur sur le document accroché à la patte de l'animal.
La police allemande mena l'enquête dans les cafés de la région, afin de découvrir, contre récompense, qui pouvait bien être la personne se cachant derrière les initiales F.C.
Au bout de leur enquête, les Allemands arrêtèrent Florence Fontaine et Camélia Fontaine, l'épouse de Léon Stoclet (prisonnier). Elles furent alors emprisonnées le 8 septembre 1917.
Ce même jour, le village apprend qu'il risque de se faire sanctionner d'une amende de 10.000 marks, si on ne retrouve pas des fugitifs.
Le 9, le montant de l'amende est doublé et passe ainsi à 20.000 marks.
En fuite et recherchés, depuis le 6 septembre, les Canonne, sans pour cela que le prisonnier civil qui dormait chez eux fût inquiété ; ils se rendirent aux autorités d'occupation le 19 septrembre. Deux jours plus tard, Florence et Camilia Fontaine seront libérées...
Pour s'être fait passer pour analphabète, Henriette Lemaire, l'épouse d'Alfred, sera condamnée à un an de prison.
Quant à Alfred Canonne, il devra creuser sa propre tombe, avant d'être fusillé...
Par après, on sut que les Canonne s'étaient cachés ruelle Pithou, ensuite à Hautmont...
D'après René Delame, in
"Valenciennes Occupation allemande 1914-1918 - Faits de guerre et souvenirs" ; Hollande & Fils ; édition 1933
Le mardi 16 octobre 1917, la ville recevait de la "Commandanture" l'avis suivant...
Les trois civils dénommés ci-dessous, fusillés ce matin, à 7 heures, suivant la loi martiale, ont été enterrés au cimetière civil de St-Roch de Valencienne.
Canonne Alfred, tombe n° 360
Cotteau Edouard, tombe n° 361
Herbaux Victor, tombe n° 362
Les murs de la ville furent immédiatement recouverts d'affiches rouges destinées à impressionner la population, en annonçant l'exécution de ces trois Français.
Deux des fusillés étaient domiciliés à Honnechy, le troisième, seulement, habitait Valenciennes.
Canonne et Cotteau ayant trouvé un pigeon voyageur porteur d'un message questionnaire, étaient accusés d 'y avoir répondu.
Herbaux aurait été déposé, paraît-il, en territoire occupé, par un aéroplane, pour y accomplir un service de renseignements.
L'employé des pompes funèbres Dautel, qui a assisté à l'exécution raconte que les condamnés étaient arrivés à sept heures du matin en camion automobile au champ de tir.
Qu'une corde avait été tendue le long de la butte, devant laquelle ils furent alignés à deux mètres les uns des autres, le dos tourné au peloton qui devait les fusiller.
Ils se rendirent à leur place très courageusement, les yeux non bandés et sans être ligotés.
Tous trois après la salve, tombèrent à la renverse, puis leurs cadavres furent déposés dans des cercueils et conduits par Dautel au cimetière Saint-Roch, pour y être inhumés.
A cette époque, les prisons regorgeaient de monde, et les Allemands durent préparer d'autres locaux.
A la prison de Saint-Jean, où je devais être enfermé le mois suivant, se trouvaient un colonel et une douzaine d'officiers qui avaient tenté de s'évader, c'est pourquoi les patrouilles circulaient jour et nuit, et arrêtaient les passants pour leur demander leurs papiers.
La "Commandanture" voyait partout des espions.
C'est ainsi qu'au cimetière Saint-Roch ils arrêtèrent un pauvre évadé, qui, durant deux mois s'y était caché, des personnes charitables allaient lui porter à manger.
* Extrait du journal de Marie Polvent - Au Pays d'Ors - Jules Delva, 1997
Cimetière Saint-Roch - Avenue Saint-Roch - 59300 Valenciennes ici +33 (0)3.27.46.22.90
Plus d'info sur les animaux et la guerre ici