Charles, Romain, Marie, Joseph FLIPO est né le 16 août 1884 à Tourcoing (ici).
Charles est issu de l'union de Charles, Julien, Marie FLIPO (1859-1928), filateur de coton (ici) et de Marie, Sophie, Cécile PROUVOST (1863-1935), une infirmière de la Croix-Rouge. Il a, en outre, pour grands-parents paternels, Charles, Romain, Joseph FLIPO (1829-1876) et Julie, Hélène, Marie, Catherine DESURMONT (1834-1873).
Marié avec Marie, Germaine, Marguerite TIBERGHIEN (1885-1960), le couple aura quatre enfants : Lucie (1906-1980) ; Simone (1908-?) ; Charles (1909-1910) et Charles (1911-1992).
Issu de la classe 1904, Charles est mobilisé en 1914. Il laisse derrière lui le métier de filateur, un savoir faire hérité de son père...
Il a tout juste 30 ans, lorsqu'il quitte les siens pour le 208e RI.
A la déclaration de guerre, comme c'est la tradition, le 208e RI est constitué à partir du 8e RI d'active. Les hommes sont cantonnés à Saint-Omer (Pas-de-Calais).
Cette unité d'infanterie sera, entre août 1914 à novembre 1916, rattachée à la 51e division d'infanterie, et, ensuite, à la 2e division, de novembre 1916 à novembre 1918.
Le 208e sera placé sous le commandement du 4e groupe de réserve.
Durant tout le temps du Premier Conflit mondial, le 208e RI sera impliqué dans de nombreux combats marquants.
Ainsi :
En 1914, à Dinant (13-23 août : ici) ; lors de la bataille de Charleroi (21-23 août) ; à la défense d'Hirson (24 août) ; à Guise (29 août) ; lors de la 1re bataille de la Marne (6 sept.) ; dans le secteur de Sissonne (14-15 sept.) et à Reims.
En 1915, à Reims ; lors de la 2e bataille de Champagne (début octobre) ; sur la Woëvre et à Verdun.
En 1916, lors de la bataille de Verdun, au fort de Douaumont ; en Alsace ; sur la Somme et en Champagne.
En 1917, dans l'Aisne (Chemin des Dames) ; en Champagne et dans les Flandres.
En 1918, dans la région de Soissons ; sur l'Ailette (3e bataille de l'Aisne) ; à Noyon (2e bat. de l'Oise) ; en Alsace (15 sept.) et à Nancy.
Fin 1918, le 208e RI occupera l'Allemagne...
Mais revenons-en à Charles...
Durant ses 18 mois de guerre, Charles échange un grand nombre de lettres avec son épouse Marie-Germaine, ainsi qu'avec ses "grandes filles", Lucette et Simone.
Ce précieux courrier traversera les générations pour se retrouver entre les mains de l'arrière-petit-fils, Thibault...
A la lecture de la précieuse correspondance, on apprendra que le papa de Marie-Germaine, Louis-Marie TIBERGHIEN, faisait partie des otages de Roubaix aux mains des Allemands...
Que... Charles fut atteint d'une balle, que son portefeuille amortit..., lui évitant en cela le pire...
Qu'il avait convenu avec son épouse d'un acrostiche, pour lui indiquer ses lieux de cantonnement et de combat, mais aussi, afin, d'au mieux, contourner la censure militaire.
De la sorte, Louise-Marie sera informée de ses passages à Dinant, Hébuterne (entre Arras, Albert, Doullens et Bapaume : ici)...
Ensuite de quoi, Marie-Germaine, qui ne recevait plus de correspondance de son mari depuis plusieurs mois, réceptionnera une lettre, le 2 juillet 1916, des services de la Croix-Rouge, lui annonçant que : "Les Allemands avaient trouvé la médaille militaire de Charles FLIPO et qu'ils l’avaient expédiée à Genève."
Dès le début des combats Charles pensait bien que la guerre serait longue...
En septembre 1914, il écrivait aux siens... "Si je ne reviens pas, vous saurez au moins ma petite histoire"...
Le 208e RI à Verdun
Le 10 janvier 1916, le 208e se déplace du fort de Moulainville (ici), à l'Est de Verdun, pour la caserne Marceau située non loin du fort de Douaumont.
Les jours suivants se passent en exercices, en reconnaissances du terrain dont, notamment, le sous-secteur de Louvemont-Côte-du-Poivre.
Le 21 janvier, plusieurs soldats sont décorés de la médaille militaire.
Le 27 janvier, d'une part, le 6e bataillon reçoit l’ordre de se rendre à Chattancourt, à l’Ouest de Verdun, et, d'autre part, le 1er février, certains de ses éléments sont amenés à se diriger pour cantonner à Lombut, Choiseul et Germonville.
Le 13 février, l’ensemble du régiment est de retour à la caserne Marceau. Il en repart le 15, pour Bezonvaux (ici).
Le 16 février, ses hommes effectuent des travaux à Douaumont.
La bataille de Verdun...
Lors du déclenchement du bombardement allemand du 21 février 1916, voici comment sont stationnés les éléments du 208e RI...
L’état-major, la CHR, les 18e et 21e compagnies se trouvent au fort de Douaumont. Le restant des compagnies sont implantées dans la ferme Thiaumont à Bezonvaux.
Le 5e bataillon se trouve au bois des Fosses, sur la cote 317.
Le 23 février, la 17e compagnie tient la cote 317, sous un fort bombardement.
La 18e arrive en renfort...
Le 24, dès 8 heures, le bombardement reprend, en occasionnant beaucoup de malheur parmi les hommes.
La 23e compagnie vient renforcer le dispositif tout en subissant, à son tour, de nombreuses pertes, alors qu’elle se trouve à la lisière du bois.
Alors que l’ennemi attaque, la 23e compagnie est débordée.
Beaumont-en-Verdunois est occupé par les Allemands à l'heure du midi.
La 24e compagnie, implantée plus au Sud du village, tente de contenir l’ennemi jusqu’à épuisement de ses munitions.
Alors que la côte est attaquée à son tour, et, malgré une défense acharnée de la position, la 18e compagnie est contournée et se rend.
La 17e, dépourvue de munitions, est sur le point de baisser les armes. Elle se replie à 800 mètres au Sud et est réapprovisionnée en munitions par le chef de bataillon Demay du 273e RI.
Le 25 février, la 17e compagnie poursuit son repli, avec quelques éléments de la 24e, en direction de la caserne Marceau…
Le 6e bataillon se trouve à hauteur du ravin de la Vauche...
La journée du 22 février est calme pour le bataillon.
Le 23 après-midi, le bombardement provoque à nouveau de nombreuses pertes.
Le 24 février, les compagnies sont dissimulées dans les taillis du bois Hassoule, alors que le fort de Douaumont est fortement bombardé au moyen d'obus toxiques. L'ennemi attaque.
La 20e compagnie est en 1re ligne ; la 19e se situe sur sa droite, sur la cote 338 et les 21e et 22e sont déployées à proximité.
Les mitrailleuses de la 1re section, en place entre le bois et la côte, tirent en direction du ravin durant la nuit.
Dès le matin du 25 février, les 3 sections de mitrailleuses sont en place. La 1re se trouve avec le 2e BCP ; la 2e avec le 95e RI à Douaumont et la 3e entre le bois et la côte.
En début d’après-midi, l’ennemi attaque.
Les compagnies et les sections se replient sous le nombre des assaillants.
Elle sont débordées et combattent au corps-à-corps.
Parmi les tués, figure le lieutenant-colonel Puech, mort durant les combats au fort de Douaumont.
Ces événements signent la fin des hostilités pour le 208e, lors de la bataille de Verdun.
Certains survivants, qui ont pu s'extirper du guêpier, arrivent, dispersés, à la caserne Marceau.
La liste des disparus et des prisonniers s'avère longue.
Avant d'être porté disparru...
Durant ses 18 mois de guerre, Charles FLIPO sera blessé à deux reprises. Il sera en outre décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze (citation à l'ordre du régiment/brigade).
Au sortir de la guerre, Marie-Germaine ne se remariera pas.
Elle élèvera ses 3 enfants, ainsi que ses 2 neveux, après le décès de son frère...
Plus d'information concernant le 208e RI sur le Chemin des Dames, le lieu de son calvaire final : ici
Historique du 208e RI : ici