Roger Delarche est né à Belloy-Saint-Léonard, dans la Somme, le 9 juillet 1882.
Ce soldat de deuxième classe du 72e régiment d'infanterie est incorporé à Amiens, en 1902. Il tombera à Villemontoire, au Sud de Soissons, le 21 juillet 1918, lors de la reconquête du territoire par les Franco-Britanniques qui combattent dans la région.
Roger Delarche repose dans la nécropole nationale de Vauxbuin (02).
Carré C - Sépulture n° 655
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Extrait de l'Historique du 72e R.I.
Les combats de VILLEMONTOIRE – VENIZEL, en juillet 1918
Après un repos de quelques jours dans la région de Pont-Sainte-Maxence, le régiment, presque en entier renouvelé à la suite des pertes subies en juin, est appelé à poursuivre l'attaque commencée le 18 juillet, entre la forêt de Villers-Cotterêts et la vallée de l'Aisne.
Le 21 juillet, à 4h45, le 3e bataillon attaque le village de Villemontoire, très fortement défendu par de nombreuses mitrailleuses. Malgré l'entrain de la troupe, le bataillon est contraint de s'arrêter sous un feu meurtrier pour repousser de très vives contre-attaques ennemies.
Réduit à l'effectif d'une compagnie à peine, avec trois officiers, dans la nuit du 21 au 22, il doit être relevé par le 2e bataillon.
Le 23, ce bataillon attaque à son tour, progresse dans le ravin Ouest de Villemontoire, mais, soumis à un violent tir de mitrailleuses, ne peut aborder le village.
Dans la nuit du 23 au 24, le 1er bataillon attaque à son tour, pénètre dans le village, s'empare d'une mitrailleuse et fait quelques prisonniers, mais ne peut s'y maintenir sous les rafales de mitrailleuses qui viennent de toutes parts.
Le 26 juillet, grâce à une attaque de flanc du 67e R.I., Villemontoire tombe entre nos mains et nous progressons au delà du village vers la route nationale Soissons – Château-Thierry.
Le 2 août, épuisé par nos attaques incessantes, l'ennemi commence le repli, qui, d'étape en étape, doit le conduire jusqu'au Rhin.
Le 72e, qui se trouve face à la vallée de la Crise, ne perd pas le contact et poursuit les Allemands jusqu'au village de Venizel, ainsi qu'aux abords de l'Aisne.
Relevé le 4 août, il gagne Villers-Cotterêts. Ensuite de quoi, il est transporté pour un repos dans la région de Meaux.
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L'attaque de Villemontoire, par le 67e R.I.
Le 19 juillet 1918, l'état-major et le 3e bataillon français arrivent à Nanteuil-le-Haudouin, suivis en cela par les ler et 2e bataillons.
Deux jours plus tard, le régiment installe son bivouac à la lisière nord de la forêt de Villers-Cotterêts, ensuite de quoi, à Vivières et à la ferme de l'Epine.
Le 23, le 67e R.I. se rend à Vierzy, alors que le 2e bataillon monte en ligne pour occuper les tranchées au Sud-Ouest de Villemontoire. Le 3e bataillon bivouaque dans le ravin de Vauxcastille, alors que le ler bataillon s'installe, quant à lui, à un kilomètre au Sud-Ouest de la ferme de Beaurepaire.
L'ennemi commence par se replier, mais une fois arrivé en avant de la route de Soissons, à Château-Thierry, il stoppe l'avance française et organise une nouvelle ligne de défense qui passe par Villemontoire, Taux et Tigny. Cette dernière empêche toute progression.
Le Maréchal Foch, sentant l'ennemi "chanceler", ne veut pas lui laisser l'occasion de se ressaisir. Dès lors, il est impératif pour lui d'enlever la position clé de Villemontoire.
Les meilleures troupes, telles les coloniaux et la division des Loups, sont envoyées à l'assaut de cette position. Dix fois durant, Villemontoire sera attaqué, dix fois les assauts seront repoussés.
L'état-major décide toutefois de lancer un nouvel assaut. Cette lourde tâche est dévolue au 2e bataillon du 67e R.I..
Le 3e bataillon doit, quant à lui, occuper les tranchées du 2e bataillon, dès que celui-ci aura débouché pour l'attaque.
Le 1er bataillon, exceptée la C.M.1 du Capitaine Millot, qui appuie l'attaque, se trouve en réserve à La Raperie, au P.C. de commandement du colonel de la place.
Villemontoire est bâtie sur un promontoire orienté nord-sud, bordé à l'Est et à l'Ouest par deux ravins faisant jonction à la pointe nord de l'éperon. Les flancs de ces ravins sont percés de creutes dont quelques-unes, très vastes, abritent un dispositif conséquent de soldats allemands équipés d'un nombre important de mitrailleuses.
Au sud, l'éperon se rattache au plateau qui s'étend de la lisière sud de Villemontoire à Taux, ainsi que de Taux à Vierzy. Tout mouvement de jour, sur ce plateau, est impossible. En effet, les Allemands ont placé des observateurs à Tigny (côte 160), ainsi qu'à la lisière du bois d'Hartennes (côte 176) ; ces derniers ont pour tâche de faire déclencher des tirs de mitrailleuses extrêmement nourris, ainsi que des tirs d'interdiction sur les troupes françaises.
L'attaque est prévue le 25 juillet, à 4 heures 45. Celle-ci doit se dérouler selon le plan du Général Chabord, commandant la 12e D.I..
Le bataillon d'attaque, constitué du 2e bataillon du 67e R.I., prend comme axe de progression l'église de Villemontoire et la corne sud du bois situé à l'Est de la route de Soissons. Pour ce faire, il doit se poster face à son objectif, dans les tranchées situées autour de La Raperie. Les hommes sont épaulés par ceux des 5e et 7e compagnies. La 6e compagnie se trouve quant à elle légèrement en retrait, en soutien.
La C.M.2 complète l'action de neutralisation de l'artillerie, en combinant sa progression tactique, au moyen de bonds en avant, avec une action de feu intense dirigée sur l'ennemi. Des unités spécifiques sont désignées pour opérer, d'une part, un nettoyage des creutes, et, d'autre part, pour s'emparer du village proprement dit. La manoeuvre doit permettre aux Français d'entrer en liaison avec les troupes de la 87e D.I. placées à gauche du dispositif, en direction du lavoir et de la grand'route.
Afin de soutenir le mouvement du 2e bataillon sur Villemontoire, le bataillon de première ligne du 54e R.I. doit profiter du barrage d'artillerie pour gagner la grand'route, à savoir, l'axe Soissons - Château-Thierry.
Les pièces d'artilleries mises à la disposition des 12e et 87e D.I. exécutent, dans la journée du 24, des tirs de harcèlement constants, ainsi que des tirs d'écrasement.
A l'heure « H », elles procèdent à de nouveaux tirs, comme :
- tirs d'écrasement et de neutralisation sur les lisières des bois situés au Sud-Ouest de Buzancy, sur Taux et sur le ravin de la Crise ;
- tirs de diversion sur Tigny et sur la lisière nord du bois d'Hartennes ;
- tirs d'aveuglement sur les postes d'observation allemands ;
- barrage roulant fortement dense devant les troupes d'attaque.
Le 25 juillet, à 4 heures 45, les 2 compagnies de première ligne du 2e bataillon, épaulées par un puissant barrage d'artillerie et de mitrailleuses opérant en tir direct, s'élancent de La Raperie, en portant leur attaque sur Villemontoire ; une bourgade de 254 habitants (en 1911) défendue par 3 bataillons allemands, dont le brillant 79e d'Infanterie Prussienne.
Après une progression, protégée par un barrage roulant et les tirs d'aveuglement, la 7e compagnie arrive aux abords du village. Les Allemands, apercevant des éléments français s'avancer vers eux, ouvrirent le feu. Les hommes de la 5e compagnie réussissent toutefois à pénétrer dans le village et occupent une grande ferme située au sud. La 5e compagnie tombe de manière fortuite sur le P.C. du 2e bataillon du 79e Prussien du Prince von Bülow, qui se croit en sécurité dans le ravin Est. Le Prince Von Bülow est sommé de se rendre, alors que de son côté, il pense qu'on lui amène des prisonniers français. Sur place, deux gifles lui sont infligées par le lieutenant Plateau ; un magistral coup de pied dans le derrière lui fait comprendre que les rôles sont dès à présent inversés... La totalité des hommes du bataillon prussien est capturée, ainsi que les liaisons et la compagnies de réserve. Ce fait d'arme contribue à désorganiser considérablement la défense allemande, en ce point du front.
Durant ce laps de temps, la 6e compagnie, placée en soutien, progresse et réussit à s'installer entre La Raperie et Villemontoire ; cela en liaison visuelle avec les 2 compagnies qui occupent le village et la gauche du 54e R.I..
Dans le village, l'attaque ne progresse que lentement. Les maisons sont enlevées, une à une ; l'ennemi oppose, sur place, une résistance farouche. Au total, six contre-attaques seront lancées par les Allemands, tant au niveau des creutes, que des ravins situés à l'Ouest et à l'Est de Villemontoire...
A 11 heures 30, les Allemands lancent une nouvelle contre-attaque, au moyen de chars d'assaut. Celle-ci sera repoussée par deux compagnies du 67 R.I..
Malgré ces attaques audacieuses, la situation du bataillon devient critique et le nombre de combattants français s'est considérablement amenuisé.
En début d'après-midi, le Général commandant la 12e D.I. donne l'ordre de nettoyer le ravin Ouest, au moyen d'effectifs détachés du 3e bataillon (9e et 11e compagnies). Le but de l'action doit permettre de créer une liaison avec les hommes du 72e R.I. (87e division). Cette attaque sera stoppée, dans son élan, par le feu nourri des mitrailleuses crachant depuis les creutes tenues par les Allemands. Tout mouvement français, entre La Raperie, la compagnie de soutien et Villemontoire devient impossible. Quelconque agent de liaison envoyé de La Raperie à Villemontoire se fera tuer, et, dans le meilleur des cas sera blessé.
Dans le courant de l'après-midi, l'ennemi tente de nouvelles contre-attaques au départ du bois de l'Évêque. Toutes ces tentatives seront repoussées par des barrages d'artillerie, ainsi que par le feu des hommes du 67e R.I. positionnés dans le village.
Toute progression étant impossible de jour du côté français, c'est dans ces circonstances que le Général commandant la 12e D.I. décide, en accord avec son homologue de la 87e D.I., d'exécuter une action dès la tombée de la nuit.
Une double attaque doit être conduite de la manière suivante, concernant les 54e et 72e R.I..
A partir de La Raperie, jusqu'au ravin Ouest de Villemontoire, celle-ci doit permettre d'opérer une liaison avec le 72e R.I., cette dernière unité devant, quant à elle, progresser de la ferme du ru Gaillot vers le lavoir ; de La Raperie en direction du cimetière de Villemontoire, de façon à établir une liaison étroite entre les défenseurs harassés de Villemontoire et le 54e R.I..
Ces attaques seront exécutées par les 9e, 10e et 11e compagnies, appuyées par la C.M.3.
Vers 22 heures, d'une part, la 9e compagnies progresse dans le ravin Ouest de Villemontoire et réussit à s'installer depuis le Val Ferme jusqu'au lavoir, cela, en liaison avec le 136e R.I. (87e D.I.). D'autre part, le mouvement de La Raperie sur le cimetière, effectué par les 10e et 11e compagnies, réussit également. Une liaison entre Villemontoire et le 54e R.I. est établie. Le ravin Ouest et l'intégralité du territoire du village passent dans le camp français.
A 22 heures 30, les Allemands déclenchent un violent bombardement sur Villemontoire, mais également sur le ravin Est, sur La Raperie et surtout en direction du plateau situé entre Vierzy et La Raperie. Ce bombardement est suivi d'une nouvelle attaque, repoussée au fusil et à la grenade par ce qu'il demeure des défenseurs de Villemontoire.
Cette opération sonne la fin de la résistance ennemie, alors que les creutes sont nettoyées.
En guise de fait d'armes, on notera la bravoure du soldat Fayard qui pénètre dans l'une des creutes défendues par les Allemands. Ce homme, malgré le tir des mitrailleuses, ramène, à lui seul, 103 prisonniers. De leur côté, les lieutenants Bordier et Simon, à la tête de 7 hommes, forceront le restant du 2e bataillon allemand à déposer les armes.
Le 28 au matin, après trois jours et trois nuits de combats sanglants et ininterrompus, la ligne française se stabilise sur une ligne qui couvre le tracé routier Soissons - Château-Thierry, le lavoir, les pentes du ravin Est, le cimetière, ainsi que la bifurcation des tranchées qui s'étendent à hauteur de la route de La Raperie à Taux.
L'opération sur Villemontoire permet de faire 376 prisonniers allemands, dont 22 officiers. Seront également saisis à l'ennemi... 70 mitrailleuses, 1 gros lance-bombe, ainsi que divers matériels en quantité imposante.
Les pertes en hommes, pour le 67e R.I., seront élevées. Ainsi, quatre officiers seront blessés, 83 sous-officiers et soldats seront tués, alors que 235 seront blessés. Les combats feront également 9 disparus.
Le 28 juillet, le général Chabord remet la croix de la Légion d'Honneur aux lieutenants Leroy et Carteron. La Médaille Militaire sera également accordée à un caporal, ainsi qu'à 4 hommes de troupe.
Quelques jours plus tard, ce sera au tour du capitaine Pillot de recevoir la Légion d'Honneur, pour sa bravoure.
Historique du 72e R.I., avec nécrologe : ici