Edith Cavell est née le 4 décembre 1865 à Swardeston en Angleterre.
Elle est décédée le 12 octobre 1915 à Schaerbeek (Bruxelles) en Belgique
Cette infirmière britannique fut fusillée par les Allemands pour avoir facilité l'évasion de soldats alliés hors de Belgique, alors que le pays était sous occupation allemande durant la Première Guerre mondiale.
Fusillée pour l’exemple - L’affaire Edith Cavell
La décision de ne pas surseoir à l’exécution est prise par le nouveau gouverneur militaire de Bruxelles, le général von Sauberzweig.
Les deux condamnations à mort doivent servir d’exemple. Terroriser la population belge et lui ôter tout espoir de victoire des Alliés, malgré l’offensive française en Champagne, est chose impérative pour l'occupant germain...
Le 12 octobre 1915, Edith Cavell, 49 ans, et Philippe Baucq, 35 ans, sont fusillés au Tir National à Schaerbeek, par un peloton constitué de 6 soldats allemands.
Qui est donc Miss Cavell ?
Edith Louisa Cavell est née le 4 décembre 1865 à Swardeston près de Norwich, à l'extrême Est de la Grande-Bretagne. Elle est la fille du Révérend Frederick Cavell et l’aînée d’une famille de 4 enfants.
Gouvernante dans une famille bruxelloise, entre 1900 et 1905, elle entreprend par la suite des études d’infirmière au London Hospital.
En 1907, elle est engagée par le docteur Antoine Depage qui la charge de diriger l’Ecole belge d’Infirmières diplômées. Dès 1911, elle supervise, en Belgique, la formation des infirmières de trois hôpitaux ; de 24 écoles et de 13 jardins d’enfants.
En août 1914, elle rend visite à sa mère à Norfolk.
Lors de la déclaration de guerre, elle rejoint Bruxelles.
Après l’invasion allemande, l’Institut Berkendael, qu’elle dirige, passe dans les mains de la Croix-Rouge allemande et est transformé en hôpital.
Faits de guerre...
Dès novembre 1914, Edith Cavell exfiltre des soldats d'origines diverses vers la Hollande, aidée en cela par tout un groupe de patriotes, dont le Prince Réginald de Croy, chef du réseau YORC (anagramme de CROY) ; Louis Séverin et l’architecte Philippe Baucq.
Edith Cavell collabore au réseau YORC, dans lequel sont impliqués Louise Thulliez ; Jeanne de Belleville ; le pharmacien Louis Séverin ; l’avocat Albert Libiez ; l’ingénieur des mines Herman Capiau ; les cafetiers Pansaers et Rasquin, etc.
L’arrestation
Baucq est arrêté par les Allemands le 31 juillet 1915.
Après la guerre, Georges Gaston Quien, soldat français, sera accusé d’avoir dénoncé Edith Cavell aux Allemands.
Edith est arrêtée le 3 août 1915, par un agent de la police secrète allemande, un certain O. Mayer.
Le lieutenant Ernst Bergan et son adjoint, Heinrich Pinkhoff l’interrogent. Ce dernier pose les questions et traduit ses réponses en allemand. Il prétend que des notes ont été trouvées lors de l’arrestation de Baucq. Dans celles-ci figurent le nom de Cavell... Les interrogatoires serrés se poursuivent les 8, 18 et 22 août.
La détention
Edith est détenue dans la cellule 23, pendant dix semaines, à la prison de Saint-Gilles. L’avocat Thomas Braun charge, en date du 7 septembre 1915, son confrère Sadi Kirschen de la défense d’Edith devant la juridiction allemande. Ce dernier s’exprime parfaitement en allemand.
Un procès inéquitable
L’affaire Cavell est un bel exemple de parodie de justice menée par les autorités militaires allemandes en temps de guerre...
L’ex-substitut de l’Attorney général des Etats-Unis, James Montgomery Beck (°09/07/1861-12/04/1936), rédigera, en 1918, un rapport à propos de ce dossier. Document qui paraîtra ensuite sous le titre The Case of Edith Cavell.
Bref rappel historique...
En septembre 1915, une offensive française en Champagne redonne espoir aux habitants des régions occupées. Dès lors, le général von Sauberzweig, nouveau gouverneur de Bruxelles, souhaite frapper un grand coup et faire du procès, où 35 personnes sont citées, un exemple dissuasif face aux velléités de résistance.
Entre le 5 août et la première séance du procès, le 7 octobre, Edith Cavell n’est pas autorisée à s’entretenir avec un avocat, pour assurer sa défense.
Malgré des demandes répétées, l’avocat Kirschen, ne peut ni rencontrer l’accusée ; ni avoir accès à son dossier. En outre, il a en mémoire le sort qui a été réservé à son bâtonnier quelques mois plus tôt...
En effet, le 17 février 1915, le bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour d’Appel de Bruxelles, Me Théodor, adressera une protestation aux autorités allemandes dans laquelle il évoquera les éléments de droits bafoués suivants : que "Les juridictions établies n’admettent ni procédure publique, ni procédure contradictoire, que le prévenu ne reçoit aucune communication de son dossier, et qu’aucun droit de la défense ne lui est assuré".
En conséquence de quoi, le bâtonnier sera emprisonné durant plusieurs mois en Allemagne. Il sera finalement sauvé de la captivité grâce à l’intervention du Roi d’Espagne.
La sentence
La première séance de la Cour martiale se tient le 7 octobre en la Salle des Séances du Sénat belge. La seconde a lieu le lendemain, 8 octobre.
Les juges sont au nombre de trois : le Lieutenant-Colonel Werthmann ; le Conseiller du Conseil de Guerre Stoeber, et, Duwe, l’assesseur du Conseil de Guerre. Toute la procédure se fait en langue allemande…
A l'issue du procès, Edith Cavell est condamnée à mort en vertu du : "Verbrechens zum Schaden für die deutschen Streitkräfte insbesondere der Verletsung des § 90 Absatz 1 Satz 3 des reichsstrafgezetzbuches (RStGB) Zuführung von Mannschaften an den Feind." (le §58 du Code de Justice militaire allemand requiert la peine de mort contre quiconque qui, dans le but d’aider une puissance ennemie ou de nuire à des troupes allemande ou ses alliés, se rend coupable d’un des crimes prévus au §90 du Code pénal ; en ce cas-ci : celui qui guide des soldats à l’ennemi).
Un sentence similaire (la mort) est prononcée à l'égard de Philippe Baucq.
Les dernières heures
Après le prononcé du jugement, Edith Cavell est autorisée à recevoir la visite du pasteur anglican Stirling Gahan, qui rapporte cette phrase prononcée par la condamnée : "I realize that patriotisme is not enough. I must have no hatred or bitterness towards anyone".
Après l’entretien avec l'ecclésiastique, Edith est transférée dans une maison proche du lieu d’exécution. Malgré des protestations internationales, les interventions des Etats-Unis, de l’Espagne et du Pape, Edith Cavell est exécutée, au Tir National à Schaerbeek, à l’aube du 12 octobre 1915.
Un aumônier allemand assistera à l’exécution.
Ironie de l’histoire, c’est Gottfried Benn, auteur, en 1912, de "Morgue und andere Gedichte", qui assurera la fonction de médecin militaire témoin de l’exécution.
Ironie de l'histoire...
Le dénonciateur présumé d'Edith Cavell, Georges Gaston Quien, sera jugé le lundi 25 août 1919, quatre ans après les faits, en présence de l’avocat d’Edith Cavell, Me Sadi Kirschen...
Document sur E. Cavell (anglais) : ici
Texte : SuzFry / octobre 2015