Ernest Gabard est né à Pau, au pied des Pyrénées, le 19 mai 1879.
Tout jeune, alors que rien dans son environnement familial ne le prédispose à la sculpture ou à la peinture, il s'adonne à ces deux disciplines.
A l'âge de 17 ans, alors qu'il a perdu ses deux parents, le jeune Ernest entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Après avoir fréquenté Auguste Rodin et avoir appris les bases du métier avec ses professeurs de dessin et d'aquarelle, Gabriel Jules Thomas et Edouard Cuyer, il s'en retourne dans son pays natal, parce qu'il ne se plait pas à Paris.
Durant sa vie artistique, Ernest Gabard s'exprimera dans des disciplines aussi variées que : le dessin, l'aquarelle, la peinture, la pointe sèche, le bois gravé, la taille du bois et de la pierre,...
Il inaugurera, avec humour, un personnage préfigurant ce que deviendra le héros de B.D., tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Ainsi, Caddetou incarnera un personnage roublard ; une caricature du paysan béarnais type, malin et pittoresque, portant béret, blouse ample, sabots et parapluie sous le bras.
Passionné d'aviation, témoin de son époque et des débuts de l’aviation à Pau, aux temps héroïques des frères Wright, de Védrines ou de Blériot, il réalisera de nombreuses affiches, cartes postales, caricaturtes ; il sera également le concepteur de différentes coupes, trophées, statuettes ; fontaines pour la ville de Pau, ou encore de monuments aux morts, tels : La pleureuse (Assat) ; Le soldat agonisant (Pontacq) ; L'écolier (Dax) , Le poilu crucifié (Monein) ; La pleureuse (Sauveterre) ; Le regard perdu (Soumoulu) ; L'offrande (Morlàas) ; Le vieillard et l'enfant (Mauléon)...
Se considérant comme un "miraculeux rescapé" de Verdun, il témoignera des souffrances atroces de la "génération sacrifiée" en contribuant à faire ériger, après la guerre, une quinzaine de monuments aux morts dans le Sud-Ouest de la France.
Artiste-combattant durant tout le conflit, élévé au grade de sergent, il réalisera, entre novembre 1915 et avril 1916, 42 aquarelles évoquant la vie au front.
C'est peut-être, une sorte d’exorcisme, pour lutter contre ses peurs et sa souffrance ; ou bien un besoin, dicté par son métier, de témoigner de son funeste quotidien, faire œuvre de mémoire contre l’oubli qui l'auront poussé à la réalisation de ses 42 seules et uniques oeuvres, qu'un tout petit carnet "du front" tenait lieu, pour lui, de "pense bête"...
Otto Dix, peintre allemand, combattant ennemi de la même guerre, très marqué par le conflit, ne disait-il pas, pour sa part, qu’il dessinait pour éviter l’ennui ?
On peut supposer que Gabard a exécuté son parcours artistique, soucieux de faire état de la vérité de son quotidien, dans la lignée du travail de sa vie, témoin de son temps, alors qu'il avait 35 ans, quand il est parti pour le front, à Verdun...
Ernest Gabard s’est éteint à Pau le 7 avril 1957.