Au lendemain de son indépendance, et, entre 1830 et 1914, la Belgique possède une Garde civique. Cette dernière rassemble et unifie un ensemble de milices privées ; les gardes bourgeoises.
La bourgeoisie, financièrement aisée, doit obligatoirement s'enrôler dans l'infanterie ou adhérer à un corps de volontaires.
Les hommes, armés, ne s’entraînent guère que quelques dimanches durant l'année.
Cette "armée d'opérette", comme elle se fait appeler, ne bénéficie pas vraiment d'une formation militaire.
Ses effectifs cantonnés essentiellement dans les grandes villes du pays seront employés à mater certaines grèves, dans le sang parfois, comme à Mons, en 1893 ; à Ostende, en 1887 ; à Louvain, en 1902...
Lors du début des hostilités, en août 1914, la Garde civique, forte de 45.000 soldats-citoyens, est appelée sous les drapeaux sur l'ensemble du territoire. Sa mission consiste à épauler les forces de l'ordre ; gendarmerie et police, afin d'éviter le chaos (surveillance, protection des biens et des personnes, maintien de l'ordre...).
Peu avant l'entrée allemande dans Louvain, le 19 août, les gardes civiques opposent de manière innatendue une riposte de plusieurs heures aux envahisseurs.
Cette résistance de la part d'une troupe para-militaire met en rage le haut commandement allemand, -von Klüg en tête-, qui menace de faire fusiller les gardes civiques, qu'il considère comme des francs-tireurs non soumis aux lois de la guerre régies par les Conventions de La Haye de 1899 et 1907.
Cette accusation, à l'égard de "civils", à qui on reproche d'avoir porté les armes contre l'Allemand, avait par ailleurs déjà eu pour graves conséquences des représailles sur la population civile belge.
La Garde civique en poste à Bruxelles et dans son agglomération se replie à Sijsele, non loin de Bruges.
Le 19 août, Bruxelles, par l'intermédiaire de son Bourgmestre, Adolphe Max, alors que la décision est prise par le Roi Albert, appuyé par son GQG, la capitale se déclare "ville ouverte". Le 20, les Allemands du 4e corps d'armée investissent la capitale.
Le 13 octobre 1914, alors que des éléments provenant de Liège, Bruxelles et de Flandre occidentale sont parvenus à rallier l'Yser, la Garde civique est congédiée officiellement par décision gouvernementale.
De Bruges, désarmés, les gardes civiques bruxellois rejoignent Blankenberge (ici), une ville côtière située non loin de la frontière belgo-hollandaise. Le 16 octobre, ils arrivent à Dunkerque (ici). De là, plusieurs centaines d'hommes s'embarquent sur un vapeur à destination du Havre, où le gouvernement belge a trouvé exil et refuge.
Durant les débuts de la guerre, certains volontaires s'engageront au sein des forces belges. Par certaines "voies de retraite", d'autres hommes arriveront à rallier l'Angleterre, via la Hollande ; un pays qui, rappelons-le, demeurera neutre durant tout le temps de la guerre.
D'autres, enfin, parviendront à rentrer chez eux sans encombre, après avoir obtenu des vêtements civils, auprès de la population belge ou néerlandaise...
A Bruxelles et ailleurs sur le territoire, jusqu'à la fin de la guerre, les ex-gardes civiques "démobilisés" seront soumis à une surveillance toute particulière de la part de l'envahisseur allemand. Le conflit terminé, et, faute d'être réabilités dans leurs fonctions, ces soldats-citoyens tomberont dans l'oubli...
Pour clore, notons que des auxiliaires de police seront investis du maintien de la paix, entre autre à Bruxelles... ils porteront le doux nom de "garde bourgeoise", comme avant 1830, en France, où elles avaient vu le jour sous l'ancien régime...
Pour information : une section du Musée de l'Armée à Bruxelles est consacrée à la Garde civique...