Bullecourt 1917 - Musée Jean et Denise Letaille
Historique du Musée
De par sa richesse, le musée "Bullecourt 1917" est le fruit d'une collection d'objets minutieusement glanés, durant des années, par les époux Jean et Denise Letaille, tous deux agriculteurs et exploitants du musée à leurs heures perdues.
Dans le courant de l'année 2010, peu de temps avant que ne décède Jean, le projet de réhabilitation du musée de Bullecourt est engagé.
C'est à cette période que Jean Letaille fait don des bâtiments et de ses collections à la municipalité de Bullecourt, qui les rétrocèdera plus tard à la Communauté de communes du Sud-arrageois (CCSA).
En association avec le ministère australien des anciens combattants, le projet de musée voit la surface d'exploitation et d'exposition passer de 67 à 210 mètres carrés.
C'est grâce à cet agrandissement que l'actuel musée se décline, au regard du public, en trois espaces distincts formant un "L" ; la grande longueur étant contiguë à la chaussée.
Dans l'entrée, l'espace d'accueil des visiteurs forme le pivot entre les deux volumes que sont... l'ancienne grange, réaménagée et qui accueille l'aspect historique et matériel des batailles, et, l'ancienne étable transformée en espace mémoriel, en souvenir des militaires venus souffrir dans la région.
Les travaux, dont le coût est estimé à plus d'un million d'euros, ont été financés en partie par le gouvernement australien, mais aussi, du côté français, par le Conseil général, le Conseil régional, et par l'association de communes dont Bullecourt dépend.
Les travaux d'aménagement, qui débutèrent en 2011, furent terminés pour l'inauguration qui se tint le 25 avril 2012, jour anniversaire de l'ANZAC Day.
Bref rappel historique qui mena à la réalisation des travaux...
En 2008, le ministère australien des Anciens Combattants émet le souhait de revaloriser sept anciens sites témoignant de l’intervention des forces australiennes au cours de la Première Guerre mondiale.
A l'époque, un état des lieux révèle que les villes d'Ypres et de Passchendaele en Belgique, et, de Fromelles, Bullecourt, Mont-Saint-Quentin, Pozières et Villers-Bretonneux, en France, nécessitent un plan d'action, en vue des futures commémorations.
Courant 2010, le projet de réhabilitation du musée de Bullecourt est engagé.
Le 10 mars 2012, moins de deux mois avant l'inauguration du musée, Jean Letaille décède, 8 ans après son épouse, Denise.
La collection...
La collection Letaille compte de nombreux objets trouvés au cours des saisons agricoles. L'ensemble comporte de nombreuses armes, munitions, pièces d'uniformes, ustensiles, etc.
Des segments de chenilles et une tourelle de tank britannique "Mark II" représentent les pièces maîtresses, mais aussi les plus volumineuses, exposées.
Conservée dans le corps de ferme durant de longues années, la collection bénéficie à présent d'un espace d'exposition qui n'a rien à envier à certains musées hautement réputés.
Dans le souci de conserver une trace du précédent propriétaire des lieux et de la collection, un système d'audio-guide bilingue (Fr/Uk) permet aux visiteurs de saisir les commentaires de feu Jean Letaille, face à ses anciennes vitrines demeurées en l'état.
Par ailleurs, un dispositif de dalles tactiles modernes permet aux visiteurs d'obtenir des informations complémentaires sur les batailles de Bullecourt et sur les sites mémoriels de l'Australian Remembrance Trail along the Western Front.
La première bataille de Bullecourt du 11 avril 1917 recontextualisée...
Le 19 mars 1917, lors du retrait allemand sur la "Ligne Hindenburg", les Australiens entrent dans Bapaume. La localité vient d'être systématiquement incendiée (technique de la terre brûlée).
Les Britanniques tentent alors de rattraper les forces allemandes en cours de repli. Ces derniers ont laissé derrière eux des villages qui ne sont plus qu'amas de ruines, tels : Vaulx-Vraucourt, Morchies, Beaumetz.
Dans leur avancée, les Britanniques se heurtent aux arrière-gardes ennemies qui livrent de féroces combats de retardement à Lagnicourt, Noreuil, Hermies.
Au final, les Alliés viennent buter sur la "Ligne Hindenburg", le 9 avril.
L’obstacle est de taille, minutieusement élaboré par les Allemands.
La zone est immédiatement perçue comme quasi imprenable par les Britanniques.
Des ceintures de barbelés extrêmement denses, des tranchées profondes, sur plusieurs lignes, des redoutes aux multiples nids de mitrailleuses, le plus souvent sous abris bétonnés, des tunnels, des tranchées-abris et des cantonnements, installés à grande profondeur et à grande capacité d'hébergement, truffent le secteur.
Parallèlement aux préparatifs de la grande attaque des 1ère et 3e armées britanniques devant Arras, prévue début avril 1917, et en prélude à l’offensive française sur le Chemin des Dames qui aura lieu le 16 avril, le général Gough, chef de la 5e armée britannique, à laquelle appartiennent quatre divisions australiennes, propose un assaut complémentaire sur un secteur étroit du front, entre deux points forts de la "Ligne Hindenburg" établis dans les villages de Bullecourt et Quéant.
Une préparation d’artillerie, destinée à tracer un chemin à travers les lignes de barbelés ennemies, a été initialement prévue.
Informé des succès de l’assaut britannique à Arras, le 9 avril, Gough décide de modifier ses plans et de précipiter le moment de son attaque. Le général compte désormais sur l'efficacité de ses chars pour franchir les dispositifs barbelés, sans appui massif de l’artillerie.
Par une brèche ainsi créée dans la défense allemande, il espère que les troupes australiennes pourront s’engouffrer...
L'attaque portée sur Bullecourt...
Le 11 avril 1917, alors qu'initialement programmée le 10, au lendemain du déclenchement de la bataille d'Arras, la 62e Division britannique et la 4e Division australienne ont pour mission d'attaquer le village de Bullecourt, afin de repousser les Allemands qui occupent des positions fortifiées vers leurs tranchées de réserve.
Des blindés doivent appuyer l'infanterie pour cet assaut.
En raison du mauvais temps, - il a neigé les jours précédents -, les chars ne peuvent intervenir.
Deux bataillons du régiment du West Yorkshire, qui n'ont pas été avisés de ce que les chars ne seront pas au rendez-vous, attaquent, sont contenus et enfin repoussés au prix d'importantes pertes.
Le 11 avril, à 4h45, seuls onze tanks de type "Mark II" sont présents pour appuyer les troupes en vue d'un nouvel assaut.
Ces chars de 30 tonnes, lents (4 km/h), au comportement lourdaud et manoeuvrés par un équipage peu expérimenté, peinent à se porter sur les barbelés ennemis. Leurs blindages peu épais les rendent vulnérables aux tirs de l'artillerie.
A 19h00, deux chars demeurent opérationnels, alors que des éléments de la 4e division ont brièvement occupé des sections de tranchées allemandes ; ceux-ci sont finalement obligés, à leur tour, de se replier en subissant de lourdes pertes.
Au sortir de ces combats d'avril, les Australiens demeurent convaincus que le plan de bataille a été mal préparé, qu'ils ont été sacrifiés.
La seconde bataille de Bullecourt, du 3 mai 1917
Après le premier échec de percée des lignes allemandes d'avril, l'état-major britannique prépare un second assaut.
Pour ce faire, l'artillerie britannique bombarde intensément le village de Bullecourt, dont il ne restait déjà quasi plus rien le 20 avril.
Le 3 mai, à 3h45, l'assaut de l'infanterie a lieu alors qu'il fait encore nuit noire.
Des éléments de la 2e division attaquent à l'Est du village, afin de réaliser une percée dans la ligne Hindenburg et en vue de s'emparer, ensuite, d'Hendecourt-lès-Cagnicourt.
Durant ce temps, la 62e division britannique reçoit l'ordre de s'emparer de Bullecourt.
Le 17, les pertes sont considérables du côté britannique, lorsque tombe l'ordre de stopper l'offensive.
Peu d'objectifs, initialement désignés comme devant être pris, le seront, tant la défense allemande est déterminée à ne point lâcher ses positions.
Les Australiens sont en position dans une grande partie du système de tranchées défensif allemand, entre Bullecourt et Riencourt-lès-Cagnicourt, et peinent toutefois à s'emparer d'Hendecourt.
A l'Ouest, les troupes britanniques réussissent finalement à bouter les Allemands hors de Bullecourt, au prix de lourds sacrifices humains.
Au Nord-Est d'Hendecourt, les Britanniques demeurent bloqués sur place.
De mai 1917 à mars 1918, le village de Bullecourt changera une vingtaine de fois de mains.
Les pertes humaines se chiffreront, côté Alliés, à près de 7.000 Britanniques et pas loin de 11.000 Australiens.
De leur côté, les Allemands compteront 10.000 morts dans leurs rangs.
Au total, 2.249 Australiens et 1.875 Britanniques tués à Bullecourt ne possèderont pas de sépultures connues. Raison pour laquelle leurs noms sont inscrits sur le Mémorial national australien de Villers-Bretonneux et sur celui du Mémorial britannique d'Arras.
Les dépouilles de nombreux combattants reposent toujours, ça et là, en terre d'Artois.
En 1993, le jour de l'Azac Day, en souvenir de cette bataille, une statue, représentant un Digger (vétéran), sera érigée dans le village de Bullecourt, non loin de l'église.
On doit au sculpteur australien Peter Corlett, fils d'un combattant de la Grande Guerre, la forme de cet "ancien".
Par la tenue et les insignes qu'il porte et arbore, ce Digger symbolise, à lui seul, les quatre divisions australiennes d'infanterie engagées sur le terrain au moment des combats...
Depuis 2010, un panneau explicatif, sur le déroulement des batailles, est installé à côté de l'église, face à la mairie et au monument aux morts. Ce dispositif informatif a été mis en oeuvre à l'initiative du Souvenir français.
Ainsi est rappelé le sacrifice des soldats alliés venus se battre en ce lieu fortement chargé d'Histoire.
INFORMATIONS PRATIQUES
Bullecourt 1917 - Musée Jean et Denise Letaille
1 bis rue d'Arras
musee-bullecourt1917@orange.fr
Tél. +33 (0)3 21 55 33 20
Plus d'information : ici et ici
Fermé le lundi
Ouvert du mardi au dimanche
de 13h30 à 17h30 (oct.-mars)
de 10h00 à 12h30 - 13h30 à 18h00 (avril-sept.)
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