Le 31 Juillet 1914 au soir, Albert 1er décrète la mobilisation générale de l'armée belge.
Deux jours avant l'ultimatum allemand, 15 classes sont appelées pour former 6 divisions d'Armée.
Beaucoup d'hommes reçoivent l'ordre de rejoindre leur unité, signé par le commandant de district de Gendarmerie, avec mention de "rejoindre immédiatement" leur caserne d'affectation.
Certains regagnent ainsi le 13e régiment de Ligne de Namur.
La mission principale consiste, pour cette unité, à la défense de la place forte de Namur.
Incorporé dans la 4e division, sous le commandement du général Michel, le 13e de Ligne occupe les intervalles des 8 forts qui constituent "la ceinture" défensive de Namur.
Dés le 10 août 14, les hommes du 13e sont positionnés dans les tranchées composant les lignes de défense entre les forts.
Le mercredi 19, les premières escarmouches ont lieu avec des Uhlans venus en éclaireurs.
Les assauts que la 22e division allemande lance sur les Belges, obligent ces derniers à se replier.
Certains quitteront, par exemple, les tranchées de Géronsart (ici) pour Jambes.... Le 24 août, à deux heures du matin, les troupes belges quittent Bioul et prennent la route vers la frontière française.
Le 3e bataillon du 13e de Ligne prend la direction de Ermeton-sur-Biert (ici), en passant par Rouillon et Fraire.
Les hommes sont mal préparés à cette situation d'échec tant par rapport au fait qu'il règne une désorganisation, qu'une cohue totale sur les routes.
Des fusillades sporadiques éclatent, çà et là.
La panique gagne les colonnes.
Les officiers sont disséminés sur les parcours, alors que les soldats progressent, comme il le peuvent, tantôt sur les chemins, parfois aussi en bordure de champs ou dans les fossés.
Le 13e de Ligne finit par tomber nez-à-nez avec des éléments de l'avant-garde allemande, dans la région de Fosses-la-ville, là où se trouvent également les Français.
Parmi ces derniers, ceux de la 8e brigade, du général Mangin, contribuent à faciliter le repli des Belges...
Le 25 août, la 4e division, commandée par le général Michel, force le pas sur 42 kilomètres, afin de se mettre hors d'atteinte des Allemands.
La distance Mariembourg - Auvillers, en France, a été accomplie en un temps record.
Le 26 août, en fin de matinée, les hommes arrivent en gare de Liart (ici), et, après rassemblement des effectifs, la troupe embarque en train à destination de Rouen.
Après réorganisation des effectifs, la 4e division est transférée au Havre. De là, le 1er septembre, elle est embarquée par navire, pour Ostende et Zeebrugge, où elle arrive les 2 et 3 septembre.
A partir des 4 et 5 septembre, les Belges défendent un front proche de Termonde et de la double ceinture défensive d'Anvers. La première bataille de la Marne débutera, quant à elle, le 6.
Après la victoire sur la Marne, l'armée belge redouble de ferveur à combattre durant une quinzaine de jours aux côtés des franco-britanniques.
La 4e division est placée en réserve le mardi 29 septembre, pendant que la ville d'Anvers est écrasée sous la canonnade lourde allemande...
Du 1er au 13 octobre, la retraite d'Anvers s'opère vers l'Yser, alors que les Germains n'y voient que du feu et que quelques centaines de courageux Anglais font face à plusieurs milliers d'Allemands.
Le 5 octobre, le 13e régiment de ligne est rassemblé au niveau de la boucle de Schoonaarde (ici). A cet endroit, et, sur sa gauche, le 10e de ligne barre l'accès vers Baasrode (ici) et Termonde. Le 13e de ligne, qui est positionné sous la protection de la 6e division belge, tente de gagner le canal de Gand à Terneuzen en Hollande, via les chemins de sable de Beiwelde.
Le 10 octobre, la 4e division qui, malgré la fatigue, a réussi à creuser des tranchées à Waarschoot, doit les abandonner pour gagner les positions de Wijnendale, Torhout et Ichtegem. Lieux de jonction avec la 1ère D.A. et positions de maintien et d'accueil situés à environ 15 km de l'Yser, entre Torhout et Eernegem.
Le 15 octobre, la ligne de front s'étend de la Mer du Nord, à hauteur de Nieuport, en longeant l'Yser jusqu'à Ypres. C'est sur cette ligne que la 4e division, qui compte, rappelons-le, le 13ème de ligne, a pour mission de tenir le secteur en aval de Tervaete, jusqu'aux postes avancés de Keyem et Beerst.
En raison des très nombreuses attaques et contre-attaques, pertes et reprises de terrain, le 13e souffre énormément des combats.
Le 18 octobre, jour de la St-Luc, le Grand Quartier Général ordonne à l'Etat-Major de la 4e Division de contre-attaquer afin de reprendre Keiem (ici). Le major Delcourt commande le 1er bataillon du 13e de ligne.
Le major Vasseur est en soutien avec le 1er bataillon du 8e de ligne.
L'ensemble de l'opération est dirigée par le Colonel Couturiau du 8e de ligne.
Le 1er bataillon du 13e de ligne se lance vers la Kloosterdreve, puis se dirige vers le pont de Tervate (ici). Le bataillon du 8e s'y engage à son tour.
Le bataillon Delcourt divise ses 3 compagnies pour barrer les 3 routes qui mènent vers l'église.
Le 8e de ligne s'apprête à pénétrer dans le village lorsqu'un feu ennemi intense éclate de toutes parts. Malgré cette riposte, les 2 régiments belges progressent dans les rues en opérant des visites de contrôle dans chaque maison.
Le 19 octobre, le major Delcourt, originaire de Bouillon, est frappé mortellement d'une balle en pleine poitrine, lors d'une tentative de reprise de Keyem (ici). Le Lieutenant Fabry, du 13e, tombe également au combat, ce même jour.
Durant cette période, les régiments belges résistent héroïquement sur l'entièreté du front de l'Yser, mais aussi à Ypres et à Passchendaele ; des lieux défendus âprement par l'armée britannique, mais aussi, à hauteur de la forêt d'Houthulst, par l'armée française...
Le 26 octobre 1914 est choisi, en raison de la marée, pour inonder les plaines de combats.
Les écluses des environs de Nieuport sont grandes ouvertes.
Une ligne de défense est organisée tout au long de la voie de chemin de fer.
Le 1er novembre, les Allemands reculent face aux effets dévastateurs de l'inondation.
Les pertes belges sont à ce moment-là évaluées à hauteur de 14 à 18.000 hommes ; équivalant au tiers, voire près de la moitié, de ce que seront les effectifs totaux des morts durant les 52 mois de guerre.
Les 7 divisions allemandes sont paralysées en ce point du front.
Les Alliés peuvent enfin consolider une solide ligne de front en travers de la route de l'envahisseur, et, vers Calais...
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A propos de la défense de Namur...
Les forts de la ceinture de Namur sont triangulaires : Cognelée ; Marchovelette ; Maizeret ; Andoy ; Dave ; Saint-Héribert ; Suarlée et Emines... sauf : Maizeret et Malonne, de forme trapézoïdale.
Plus d'information sur la défense de Namur, lors de l'offensive allemande d'août 1914 : ici