Le Ramparts Cemetery - Porte de Lille (Rijselpoort)
Bref historique
Au bout de la Rijselstraat, la route quitte la ville d'Ypres par le Sud, via la Porte de Lille (Rijselpoort). La chaussée (N336) enjambe ensuite le canal qui borde les remparts. Des deux côtés du plan d'eau se trouvent les fortifications construites au temps de Louis XIV, par Vauban. Murailles élevées par dessus une première structure défensive datant, elle, du Moyen-Âge.
Durant la Première Guerre mondiale, des abris sont creusés dans les remparts, afin d'héberger de nombreux soldats britanniques au repos, ainsi que des unités de soutien.
Entre août et novembre 1917, tout au long de la troisième bataille d’Ypres, il n’est pas rare que des divisions australiennes établissent temporairement leurs quartiers dans les ruines de la ville, lorsque l'infanterie, l'artillerie et leurs autres unités de support sont en ligne, sur le front.
Le photo-reporter officiel australien, le capitaine Frank Hurley, immortalisera, par ses clichés, comment s'organisait la vie autour des abris de fortune creusés dans l'environnement des murailles.
Alors que la ville d'Ypres est soumise à d'intenses bombardements allemands, seules quelques caves, ainsi que les remparts, aux murs de briques épais, constituent des refuges plus ou moins sécurisés contre les bombardements.
Le Ramparts Cemetery
Au départ de la rue de Lille (Rijselstraat), à droite de la Porte de Lille (Rijselpoort), un chemin longe les remparts. Non loin de là se trouve, sur les hauteurs, l’un des cimetières militaires les mieux exposés de toute la région d'Ypres.
En bordure d'eau, la pelouse de la parcelle militaire s'étend en un trapèze où culmine une croix du Sacrifice visible depuis les habitations situées en contre-bas ; demeures reconstruites, -à l'identique-, dans les années 1920.
En ce cimetière militaire britannique reposent 198 soldats de la Grande Guerre, inhumés durant toute la durée des combats qui se sont déroulés dans le saillant d’Ypres.
Jouxtant la surface de l’eau, dans la rangée I, tombe 4, repose le lieutenant Walter Welch, de la Royal Field Artillery, mort le 30 octobre 1914, alors que les Allemands s’efforcent de percer les lignes britanniques à l’Est. C'était durant la première bataille d’Ypres.
Un autre soldat, le caporal Samuel Walker, des Royal Engineers, meut le jour où les ANZAC débarquent à Gallipoli, le 25 avril 1915. Trois jours après le début de la deuxième bataille d’Ypres. Période durant laquelle les Allemands utiliseront pour la toute première fois un gaz mortel de combat sur le Front occidental, contre les forces françaises défendant la zone Nord-Est du saillant d'Ypres.
En ce lieu, un grand nombre de sépultures reprennent des dates de décès comprises entre août et novembre 1917. Période des grandes offensives britanniques de la troisième bataille d’Ypres, parfois également nommée Bataille de Passchendaele.
En ce lieu de mémoire, on enregistre aussi des soldats décédés en 1918, lors de l'ultime offensive allemande d'avril 1918...
Outre des soldats anglais, irlandais, écossais et gallois, on y rencontre également des tombes de Canadiens, de Néo-zélandais et d'Australiens.
En décembre 1917, le bataillon des "pionner" maori, de Nouvelle-Zélande, combattit à Ypres.
Dix de ses hommes reposent dans le Ramparts Cemetery, en bordure d'eau, au fond de la petite nécropole.
L’un d’eux est le caporal de première classe Edward Angel, inhumé dans la rangée J, tombe 2, à côté du caporal Turi Wharepapa, âgé de 24 ans et tué le 23 décembre 1917 (J3).
A son propos, ses parents indiquèrent à la Commission impériale des sépultures militaires britanniques, qu'il avait également servi à Gallipoli (voir registre des morts).
Au sortir de la guerre, Sir Apirana Ngata, homme politique maori, qui s’était beaucoup impliqué dans le rassemblement du bataillon maori, composera une mélodie pour souhaiter la bienvenue au bataillon, et, pour commémorer la mémoire de tous ceux qui ne rentrèrent jamais au pays...
Ngä mate tini !
Ngä mate tini, kei Paranihi,
Haria mai rä.
Kia tangihia ki te marae !
Te Hui aroha mou e te Wiwi
Ngau nei te aroha me te mamae.
- - -
Tous ceux qui sont morts,
Tous ceux qui sont morts en France,
Amenez-les à nous (en esprit),
Pleurons-les sur ce marae !
Pour ce rassemblement d’amour pour vous
(Qui vous êtes battus avec) les Français,
L’amour et la douleur touchent profondément.
Mais encore...
Onze tombes de soldats australiens furent également aménagées pour accueillir des hommes ayant eu un rôle de soutien auprès des quartiers généraux, des ambulances de campagne, de l’ingénierie et des transports.
A ce propos, le caporal William Mawson, rangée B - tombe 11, fut nommé caporal de première classe le 9 novembre 1917, jour de sa mort. Ce militaire fut tué alors qu’il effectuait, avec ses collègues, la mise en place de barbelés sur une crête (Westhoek), à cinq kilomètres à l’Est d'Ypres.
Enterrés côte à côte, dans la rangée C - tombes 5 à 7, reposent les soldats de deuxième classe Frederick Grainger, Robert Charles et Percy Haffenden du Corps australien des Australian Salvage Corps.
La tâche des agents de ce corps d'armée consistait en la récupération des matériaux réutilisables sur le champ de bataille.
Au moment de leur mort, ces trois soldats faisaient leur travail, non loin de Hell Fire Corner, sur la route de Menin, lorsqu'ils furent tués le 16 septembre 1917.
Le soldat de deuxième classe Constantine Aroney raconta les circonstances de la mort de R. Charles à la Croix Rouge australienne, en ces termes...
"Il a été atteint par un obus à 11 heures du matin pendant qu’il cherchait des matériaux de récupération. Il a été gravement touché… Il a une femme et une fille qui habitent près de Melbourne. J’ai vu sa tombe près de la Porte de Lille à Ypres, j’ai aussi aidé à l’enterrer et j’ai marqué sa tombe d’une croix qui mentionne ses renseignements personnels. Un pasteur de l’Église d’Angleterre (…/...) était chargé de la cérémonie d’enterrement."
Dominant la porte de Menin et la ville d'Ypres, les remparts constituent aujourd'hui un lieu paisible et de détente, où il fait bon de se promener ou y effectuer un jogging.
La pêche est également une activité prisée sur l’autre rive du canal.
Le plan d'eau accueille des cygnes blancs qui, déjà, en 1917, nageaient autour des remparts vers ce qui sera, après guerre, un monument emblématique rappelant les célèbres batailles d’Ypres, la Porte de Menin.