François Marius Ratto est né le 17 avril 1898 à Roquebrune-Cap-Martin (ici). Il est considéré comme un enfant déluré, vif et turbulent.
Issu d'une famille de gens du pays, simples et travailleurs, François habite le quartier Carnolès, lieu où se trouve la caserne des chasseurs du 27e BCA.
Ce régiment est composé d'Ardéchois, de Provençaux et de Pyrénéens qui rivalisent d'énergie, d'endurance et de discipline.
Ces hommes fascinent le jeune garçon, qui passe beaucoup de temps à observer les soldats.
Au moment de la mobilisation, le régiment est en manoeuvres dans l'arrière-pays.
Suite à la déclaration guerre, l'unité regagne, à la hâte, ses cantonnements de Sospel, de Breil et de Menton.
Les hommes embarquent, le 10 août, pour le front de Lorraine. Ils ignorent que le jeune François, à l'insu de sa famille, s'est glissé clandestinement dans les wagons...
Sa présence est découverte à Nancy !
Là, faisant preuve d'une grande détermination, l'adolescent arrive à convaincre les officiers de l'incorporer. C'est ainsi que, malgré son très jeune âge, il se trouve "engagé volontaire" à la 2e compagnie.
Se proposant volontaire pour toutes les missions, François participe aux coups de force dans lesquels combat son bataillon ; unité qui rejoindra par la suite la 29e division du XVe corps (suite aux combats de Dieuze, durant lesquels, d'une part, les 27e BCP et 23e RI auront la charge de protéger la retraite rapide et pénible des Français, et, d'autre part, qui participera aux combats particulièrement meurtriers de la Mortagne, de Lamath, de Xermaménil autour de Lunéville...).
La situation devenant critique dans l'Est de la France, le 27e BCP et d'autres bataillons de chasseurs sont appelés à combattre dans le Nord de la Belgique, -secteur d'Ypres-, aux côtés des troupes belges qui y ont fait retraite. Point du front où les Allemands se sont particulièrement mobilisés à remporter leur course à la mer...
Le 23 novembre 1914, François Ratto est grièvement blessé par un éclat d'obus.
Evacué vers un poste de secours, il s'éteint le lendemain des suites de ses blessures.
Il est inhumé dans le carré militaire de Furnes, en Belgique.
Ratto accomplit la campagne des premiers mois de guerre, avec le 27e...
François se montre docile, courageux. Méprisant le danger, il est aimé par tous ceux du bataillon, lorsqu'il est touché par l'artillerie...
En ces termes, le capitaine Fournier annonce la nouvelle de son décès à sa mère :
"Madame,
Bien que cette mission soit douloureuse, je crois devoir vous faire part du deuil qui vous frappe. Votre fils, François Ratto, qui, malgré son jeune âge, avait suivi un bataillon de chasseurs et combattu avec lui en vrai héro, a été malheureusement frappé dans la bataille qui se déroule ici depuis plusieurs semaines le long de l'Yser. J'ai pu parler avec lui lorsque l'a amené l'ambulance, avec une jambe fort abîmée et ayant perdu beaucoup de sang. C'est lui qui m'a demandé de vous écrire et de vous donner son affectueux et filial souvenir. Il s'est éteint sans souffrance et les officiers de la Mission française ont accompagné ce brave jeune homme à sa dernière demeure. Nous avons planté une croix dans le cimetière français à Furnes, sur la tombe où nous l'avons déposé après la cérémonie religieuse. Une plaque de plomb gardera le nom de ce courageux petit soldat de 16 ans. Je vous fais parvenir, dans un petit paquet, les seuls objets dont il était porteur, son porte-monnaie et sa pipe. Croyez, Madame, à mes dévoués et douloureux sentiments.
Capitaine Fournier"
Au square du 8 mai 1945, à Roquebrune-Cap-Martin, un buste surplombant une stèle a été érigé à la gloire du jeune héros Roquebrunois, François Ratto, chasseur alpin mort en Belgique, en 1914, à l'âge de 16 ans.
François est médaillé militaire.
Historique du 27e BCA : ici