Roland Lecavelé, dit Dorgelès, est né à Amiens et mort à Paris à l'âge de 88 ans.
Né le 15 juin 1885, Roland Dorgelès grandit en banlieue parisienne, avant d'aller vivre, avec sa famille, à Paris.
Alors que ses parents sont commerçants dans le tissu et qu'il a terminé des études dans les arts décoratifs, il se lance dans le journalisme en collaborant à plusieurs journaux, tels "Sourire", "Fantasio", "Messidor" ou encore, "Paris-journal".
Outre l'écriture journalistique, ses premiers ouvrages littéraires sont consacrés à la composition théâtrale, comme par exemple la pièce "La corde au cou"...
C'est alors que Roland Dorgelès fréquente les cabarets et autres cercles de Montmartre (voir bas de page), où il fait la connaissance de Pierre Mac Orlan, de Francis Carco, au "Lapin Agile", dirigé par Frédé (Fédéric Gérard ici), où se réunissaient tous les "bohèmes", écrivains, poètes, peintres, chanteurs et chanteuses de cette époque. Il devient l'ami d'Apollinaire, de Max Jacob, de Maurice Utrillo, de Modigliani, de Pascin...
Bien que deux fois réformé pour raison de santé, en 1914, Dorgelès s'engage grâce à l'appui de Georges Clemenceau (ici), son patron au journal "L'Homme libre", qui deviendra premier ministre en 1917, et, qui sera le malchanceux candidat à la présidence de la République française au sortir de la guerre, en 1919.
Le 21 août 1914, Dorgelès est versé au 74e régiment d'infanterie de ligne de Rouen.
Il combat en Argonne, non loin de Verdun, et au nord de Reims.
Il est muté ensuite au 39e régiment d'infanterie de ligne (voir photo en marge).
Il participe aux combats du bois du Luxembourg, le 16 février 1915 ; à la deuxième bataille d'Artois, dans le cimetière de Neuville-Saint-Vaast en juin 1915, entre autres (ici). Suite à une blessure, il devient élève pilote, est nommé caporal et est décoré de la Croix de guerre.
En 1919, il publie "Les Croix de bois", roman qui le rend célèbre, pour ce que le livre est inspiré de son expérience de la guerre.
L'ouvrage obtient le Prix Fémina, alors que la même année les membres du jury du Prix Goncourt ne lui accordent que quatre voix, contre six à "À l'ombre des jeunes filles en fleurs" de Marcel Proust.
En 1923, il se marie à Hania Routchine, une artiste lyrique d'ascendance russe.
Un séjour en Indochine lui inspire "Sur la route mandarine".
En 1929, il succède à Georges Courteline à l'Académie Goncourt.
En 1939, il devient correspondant de guerre pour "Gringoire".
C'est lui qui serait à l'origine de l’expression "Drôle de guerre" qui restera à la postérité.
En 1940, il se réfugie près de Marseille, à Cassis.
Dès 1941, il cesse toute collaboration à "Gringoire".
Habitant à partir de novembre 1942 dans le Comminges, à Montsaunès, il y accueille son ami Raoul Dufy pendant un an.
Montsaunès sert de cadre à son roman "Carte d'identité" publié en 1945.
En 1960, après le décès de sa première épouse, il se remarie avec Madeleine Moisson.
En 1954, il est élu président de l'Académie Goncourt, fonction qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1973.
Roland Dorgelès fut également président de l’Association des écrivains combattants.
Il a donné son nom à une distinction littéraire délivrée par cette association.
Ainsi, le Prix Roland Dorgelès fut créé en 1995 pour des professionnels de la radio et de la télévision s'étant particulièrement distingués dans la défense de la langue française.
Bibliographie succinte et relative à la Grande Guerre...
"La Machine à finir la guerre" (avec Régis Gignoux), 1917
"Les Croix de bois", Albin Michel, 1919 (Prix Fémina - Vie Heureuse, 1919
"Souvenirs et réflexions sur les 'Croix de bois'", Les Nouvelles littéraires, novembre-décembre 1928
"Souvenirs sur Les Croix de bois", A la cité des livres, 1929
"Je t'écris de la tranchée", préface de Micheline Dupray, introduction de Frédéric Rousseau, collation de lettres écrites entre 1914 et 1918, Albin Michel, 2003
Roland Dorgelès parle de Montmartre... mais aussi des femmes durant la Grande Guerre (fin de l'interview).
Enregistrement réalisé le 4 décembre 1962 ; durée : 11 minutes.