Le Monument au Soldat inconnu français mort en Belgique
Durant tout le temps de la Grande Guerre, des forces françaises furent présentes et combattirent sur le territoire belge.
Afin d'honorer les 70.000 militaires français morts sur le sol belge, la Belgique édifie un monument à la mémoire des soldats ne bénéficiant pas d'une sépulture connue. Au total, 6.340 tombes anonymes sont réparties dans 41 cimetières qui comptent, au total, 33.272 soldats demeurés en Belgique après guerre (ici).
Un hommage particulier a été rendu, le 17 juillet 1927, lors de l'inauguration du monument dédié au Soldat inconnu français mort en Belgique.
L'ouvrage est situé sur le côté gauche de l'église Notre-Dame de Laeken, à deux pas de l'entrée principale du cimetière communal.
Historique...
Découverte d’une tranchée
Après l’Armistice de 1918, les instances supérieures de l’armée belge essaient de tirer les enseignements des événements passés. Il est décidé de créer un terrain de manœuvre dans la région côtière.
Le site de Lombardsijde est retenu. Cette zone, durant la période de 1915 à 1918, a changé 28 fois de mains, entre Allemands et Alliés.
En 1923, commencent les travaux de nivellement.
Une tranchée est alors découverte contenant les corps de 42 soldats français. Parmi ceux-ci, 34 sont identifiés et rendus aux familles.
Les 8 autres demeurent inconnus.
Cette information, diffusée au sein de la population belge, crée l’émoi.
Une souscription nationale est ouverte, en vue de l’érection d’un mausolée permettant de leur rendre hommage.
Monument commémoratif
Après la guerre, l’Etat belge donne sa priorité à la reconstruction du pays.
Seuls les monuments présentant un caractère artistique seront subsidiés. Cependant, la population exprime le besoin de commémorer ; le sentiment est prégnant.
Des collectes sont organisées pour financer des projets.
C’est dans ce contexte que des inscriptions seront aposées sur les socles des monuments ayant bénéficié de fonds obtenus par souscriptions publiques.
Un Comité se crée, sous le haut patronage du Roi Albert Ier et sous la présidence du Baron Steens.
Le Comité décide d’établir le mausolée, abritant l’un de ces 8 soldats français non identifiés, et décédés le long de la côte belge, sur le parvis de l’église Notre-Dame de Laeken, à Bruxelles.
Inauguration
Au printemps 1927, le monument est terminé. Le sculpteur Mathieu Desmaré, l’architecte François Malfait et le statuaire Ernest Salu en sont les auteurs.
Le 15 juillet 1927, la dépouille de l’un des 8 soldats est transférée, du cimetière militaire d’Ypres, vers le hall de l’hôtel communal de Laeken, transformé pour l'occasion en chapelle ardente.
Le Prince Charles, Comte de Flandre, viendra s’incliner devant le corps ; des anciens combattants, français et belges, veilleront le cercueil, la nuit durant.
Le 17 juillet 1927, l’inauguration du monument a lieu en présence du Roi Albert Ier, de la Reine Elisabeth, des Princes Léopold et Charles, de Raymond Poincaré, ainsi que des autorités gouvernementales civiles et militaires.
Une foule constituée d’anciens combattants français, belges et alliés participe également à la cérémonie.
Une flamme perpétuelle
Dès 1937, les anciens combattants de Laeken entreprennent des démarches pour qu’une Flamme perpétuelle, à l'image de celle de l'Arc de Triomphe, à Paris, soit installée devant le mausolée. Cela, sans succès.
Des membres de l’Amicale des Commerçants de la Rue Marie-Christine réactivent cette demande, en 1948.
En 1949, le Comité de la Flamme du Souvenir au Poilu inconnu de Laeken est constitué.
Le Comité de la Flamme sous l’Arc de Triomphe de Paris est contacté par le Comité belge.
Le 10 septembre 1949, des délégués du Comité belge se rendent dans la capitale française pour y prélever la Flamme qui boutera le feu à l’appareillage de Laeken...
Le 11 septembre 1949, l’allumage du dispositif bruxellois se fait à l'occasion d’une cérémonie officielle.
Composition et architecture du monument
La symétrie verticale et le modelé dur, rude et anguleux sont destinés à renforcer le côté solennel de l’édifice.
Les escaliers qui l’entourent ont pour fonction de surélever le monument à la vue du spectateur et de l’inviter à s’en approcher.
En opposition à cette rigueur, les personnages situés à l’avant donnent une impression ondulante qui se croise de manière asymétrique.
La scène principale se déroule à l’avant de l’édifice, sur le parvis de l’église.
Sur la gauche, les allégories de la France et de la Belgique s’embrassent.
A droite, on retrouve les symboles des familles appartenant à la population civile. Il s’agit ici d’une femme et d’un enfant.
A l’arrière de la scène principale, on aperçoit une fausse porte. Réminiscence antique, elle symbolise le lieu de passage entre le monde des vivants et celui des morts.
Autour du monument, on peut observer des personnages sculptés plus grands que les deux allégories.
En hauteur, visible de loin, le cercueil du soldat est porté par ses pairs. Les lettres R F (République Française), révèlent la nationalité du défunt.
Sur les côtés, le cortège funèbre imprime un mouvement vers l’avant et mène le regard vers le groupe central, situé face au parvis.
A l’arrière, deux sentinelles veillent, le regard perdu au loin. Leur casque est orné d’une grenade ; ce qui indique que ces soldats sont des fantassins français.
Références bibliographiques
Plaquette du Comité de la Flamme du Souvenir au Poilu Inconnu de Laeken
Cahier pédagogique "14-18 - Les monuments racontent", Région de Bruxelles-Capitale.