Le siège et la bataille de Maubeuge - dispositif défensif
27 août - 8 septembre 1914
L'encerclement militaire de Maubeuge dura du 27 août au 8 septembre 1914. Il est également appelé bataille de Maubeuge et fut le premier siège militaire organisé sur le sol français, par l'Empire allemand, durant la Première Guerre mondiale.
Le 4 août 1914, lorsque les armées allemandes pénètrent en Belgique, le plan Schlieffen prévoit de placer Maubeuge, après Mons, Charleroi et Namur, dans la trajectoire de leur avancée vers Paris.
Pour ce faire, la IIe armée allemande, du général Karl von Bülow, a pour mission de remonter la Meuse, après avoir pris Liège et Namur.
En parallèle de quoi, elle doit poursuivre sa route en remontant le cours de la Sambre jusqu'à Maubeuge ; une ville qu’elle doit écraser, si elle ne veut pas laisser de grosses poches de résistance armées sur ses flancs ou ses arrières.
Le 24 août, la cavalerie britannique est arrêtée à Thulin, au Nord-Ouest de Maubeuge, alors que le lendemain, Namur, le point pivot de l'avancée et du flux allemands, tombe.
Le général Johann von Zwehl commandant le VIIe corps de réserve reçoit l’ordre de conquérir Maubeuge. La 14e division d’infanterie de réserve atteint Binche, en Belgique, les 22-23 août, alors que les Français défendent le territoire belge, entre autres, à hauteur de la Basse-Sambre. Il reste, dès lors, aux Allemands, 25 km à parcourir pour atteindre la place forte de Maubeuge.
Pour les Prussiens, l'effet de surprise n'est plus envisageable. Cela, d’autant moins qu’il s’agit d’un VIIe corps de réserve incomplet qui se présente dans la région, et que les Français ont renforcé de manière conséquente leur dispositif défensif autour de Maubeuge.
De leur côté, la 13e division d’infanterie de réserve et l’artillerie lourde sont à la traîne ; ils n’ont pas encore atteint Liège.
L’attaque, proprement dit, débute, dans le secteur de Maubeuge, le 28 août, avec les moyens réduits dont dispose le général von Zwehl. Ce dernier est toutefois épaulé par la 26e brigade d’active détachée du commandement du général von Bülow.
La garnison française effectue des sorties de reconnaissance les 25, 26 et 28 août, sans toutefois aller, au sens propre, au contact de l'ennemi.
Dès le 31 juillet 1914, le général Joseph Anthelme Fournier, en charge du secteur défensif de Maubeuge, a fait construire, durant 20 jours, et par 25.000 réservistes et territoriaux en plus de 6.000 ouvriers civils, 50 emplacements de batterie.
En outre, il a fait combler de manière défensive 4 kilomètres d'étendues entre le fort de Boussois et l'ouvrage de Salmagne établi sur la commune de Vieux-Reng (N-E). La distance est ainsi couverte par 10 points de résistance avec réseaux de tranchées et barbelés.
Le 1er septembre, les Allemands bombardent violemment Rocq et Cerfontaine.
A midi, le général Fournier lance une attaque sur 8 km de front, entre Vieux-Reng et Jeumont (Est), à partir des ouvrages de la Salmagne, du Fagnet et du fort de Boussois.
Sur 4 colonnes, les 145e RI, 345e RI, 31e RIC et 1er RIT attaquent, alors qu'appuyés par les batteries de 75 mm, sans toutefois arriver à battre l'adversaire.
Les tirs redoutables des mitrailleuses allemandes lié au fait que les Français manquent de combativité font échouer leur attaque... dans une manoeuvre qui aurait pu aboutir à la prise des canons lourds allemands...
Le 2 septembre, les Germains bombardent le fort de Boussois et l’ouvrage de la Salmagne, alors que l’artillerie française inflige, de son côté, de sévères pertes aux détachements allemands en mouvement.
Le 3 septembre, un déluge d’obus allemands de gros calibres, 210 et 420 mm, se répend durant 2 jours sur les secteurs de Fagnet, la Salmagne, Boussois, Rocq et Cerfontaine (Est).
Le 4 septembre, l’infanterie allemande porte son attaque sur un front qui s'étend de Bersillies à Cerfontaine, la partie la moins défendue du camp retranché français. Dès lors, l’ouvrage du Fagnet tombe en soirée.
Le 5 septembre, le secteur Nord-Est révèle des signes de faiblesse.
Le matin même, au Sud-Est de la ville, une attaque a été repoussée devant la position de Rocq.
Dans la zone Nord-Est, deux attaques allemandes échouent, alors que la troisième parvient à enlever l’ouvrage de la Salmagne.
Celui de Bersillies tombe à son tour dans le giron allemand, au soir du 5 septembre...
Au bout de huit jours de siège, Maubeuge résiste toujours...
La situation commence à embarrasser l'ennemi, d'autant plus que le temps presse et qu'il ne peut se permettre de laisser des points de résistance sur ses arrières...
Le 5 septembre, après-midi, est déclenchée la bataille de l’Ourcq, préambule à la contre-offensive de la bataille de la Marne ...
Le général Fournier, isolé et ignorant les événements qui se bousculent, plus au Sud, réunit le soir-même un conseil de guerre. Il ordonne que le lendemain soient brûlés les étendards de la garnison.
Le 6 septembre au matin, le village et le fort de Boussois tombent après une résistance héroïque.
Dans un premier temps, les Allemands parviennent à s'emparer du village d’Elesmes, ensuite de quoi, le lieu sera repris par des unités coloniales
Au Sud de Maubeuge, l’ouvrage de Rocq finit par céder.
La situation devient alors critique.
Il est donné ordre de brûler les archives et de faire sauter l'arsenal et les poudrières...
Le général Fournier tient un second conseil de guerre, alors qu'au même moment, et en d'autres lieux de combat, plus au Sud, une contre-attaque française se porte à hauteur de la Marne.
De leur côté, les Allemands commencent à manquer de munitions.
Le 7 septembre, les Allemands tombent en rupture de stock en matière d’obus de 210 mm.
Toutefois, les canons de 305 et 420 mm continuent de pilonner l’ouvrage d’Héronfontaine et le fort de Leveau est anéanti.
Le fort des Sarts, situé au Nord de Maubeuge est débordé.
La bataille de la Marne ne tournant pas à l’avantage de l’ennemi, le général von Zwehl reçoit l’ordre de libérer de son commandement la 26e brigade d'infanterie d’active du général von Bulow.
A 10 heures, le général Fournier fait hisser le drapeau blanc au sommet du clocher de l’église de Maubeuge.
A midi, l’ouvrage d’Héronfontaine et le fort des Sarts sont abandonnés à l'ennemi.
A 14 heures c’est au tour des forts Leveau et de Cerfontaine de se rendre.
Engagés dans une course contre la montre, les Allemands sont pressés d’en découdre.
Le plénipotentiaire français, le capitaine Grenier, incite le général Fournier à retarder le moment de la reddition de la place. Raison pour laquelle les Français obtiennent de leur adversaire que la capitulation intervienne le 8 septembre 1914, à 8 heures.
Etat des lieux du dispositif défensif d'avant le déclenchement des hostilités...
Fin juillet 1914, la place de Maubeuge est formée de sa citadelle, dont la construction remonte à Vauban, ainsi que d'une ceinture constituée de 6 forts, plus des structures intermédiaires.
A une distance d'environ trois à six kilomètres de la ville se trouvent les forts de : Boussois ; Les Sarts ; Leveau ; Hautmont ; Le Bourdiau et Cerfontaine.
Au Nord
le fort de Leveau (commune de Feignies)
le fort des Sarts (commune de Mairieux)
l'ouvrage d’Héronfontaine ou Héron-Fontaine (commune de Mairieux)
l'ouvrage de Bersillies (commune de Bersillies)
l'ouvrage de la Salmagne (commune de Vieux-Reng)
l'ouvrage du Fagnet (commune de feignies)
A l’Est
le fort de Boussois (commune de Boussois)
le fort de Cerfontaine (commune de Recquignies)
l’ouvrage de Rocq (commune de Recquignies)
Au Sud
le fort du Bourdiau (commune de Beaufort)
le fort d’Hautmont (commune de Hautmont)
l’ouvrage de Ferrière la Petite (commune de Ferrière-la-Petite)
A l’Ouest
l’ouvrage de Grévaux (commune de Maubeuge)
l’ouvrage de Feignies (commune de Feignies)
La date de construction des ensembles est antérieure à 1885, d'avant l'apparition de "l'obus torpille" qui révolutionnera l'art de détruire les fortifications.
Seul, le fort Le Bourdiau est revêtu d'un cuirassement en béton à l'épreuve de l'artillerie lourde de campagne.
Les autres ouvrages sont, en ce qui les concerne, construits en brique et sont recouverts d'une simple couche de terre de 3 mètres d'épaisseur. Parfois moins, comme Les Sarts, protégé par seulement 30 cm de terre.
De type à "massif central" ou "à cavalier", ces forts constituent, par leur physionomie, des objectifs militaires parfaitement visibles. Cela, en tous points d'observation dans l'environnement dans lequel ils ont été érigés.
Entre chacun de ces forts est établi un ouvrage intermédiaire, excepté entre Le Boussois et Les Sarts, où il s'en trouve deux.
L'ouvrage de Rocq, dans le secteur Sud-Est, est, quant à lui, constitué d'un simple parapet pour y positionner de l'infanterie. Il est en outre équipé de médiocres abris construits en maçonnerie.
Les autres structures sont, quant à elles, pourvues de faibles abris bétonnés, où seuls peuvent prendre position des soldats assis.
Le personnel de garnison en charge de la défense de ces ouvrages n'aura à disposition ni magasins, ni cuisines, ni infirmeries...
L'eau sera, quant à elle, soutirée de puits dépourvus de défense contre le bombardement.
Les forts ne disposent, comme équipement de flanquement, que de pièces de 80 et 90 mm dépourvus de toute protection blindée.
Ces positions seront, lors des combats, très vite mises hors combat par des tirs de contre batterie adverse.
Seuls, les positions de Le Boussois et Cerfontaine sont pourvus de deux tourelles de type "Mougin" ; dômes réalisés en fonte dure et protégeant des canons de 75 et 155 mm.
Remarque...
Au moment de la bataille, et, contrairement à ce qui s'est fait en d'autres endroits, comme dans l'Est de la France, Maubeuge ne dispose pas de ligne de chemin de fer reliant entre-elles les différentes structures défensives.
Information relative au fort de Seclin (secteur de Lille) : ici Historique du 145e RI : ici