Franz Theodor Max Slevogt est né le 8 octobre 1868 à Landshut, au Nord-Est de Munich, et est décédé le 20 septembre 1932 à Leinsweiler.
Il est le fils du Bavarois Friedrich von Slevogt.
A la mort de son père, il s'installe avec sa maman, Caroline (née Lucas), à Würzburg.
Cet artiste peintre, graveur et dessinateur appartient au courant des impressionnistes allemands.
Avec Lovis Corinth et Max Liebermann, ils quittent leurs ateliers pour peindre en pleine nature.
Excellant chanteur classique, il hésitera de longues années entre la carrière lyrique et celle des arts classiques.
De 1885 à 1889, Max Slevogt étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Munich et suit, entre autres, l'enseignement de Wilhelm von Diez et Karl Raupp.
Ses premières toiles se caractérisent par un choix de tons sombres.
A la fin de ses études, Slevogt réside à Paris, où il entre à l'académie Julian.
En 1896, des journaux, tels le Simplicissimus ou le Jugend, publient ses caricatures.
En 1897, il expose pour la première fois à Vienne des toiles plus lumineuses et moins surchargées.
Durant l'Exposition universelle de 1900 à Paris, sa toile "Scheherezade" est exposée au sein du pavillon allemand. C'est en France qu'il tombe en admiration devant les œuvres d'Edouard Manet...
En 1901, il rejoint la Berliner Secession et se lie à Lovis Corinth. Son portrait du baryton portugais Francisco d’Andrade, "Das Champagnerlied" (1901-1902), surnommé "Der Weiße d'Andrade", tant il affiche une gamme de jaunes d'une grande intensité, frôle l'incandescence pour le public de l'époque.
Ce travail donnera lieu à deux variantes : une aux tons dominants noirs, "Der Schwarze d’Andrade" (1904) ; une autre, dans les rouges, "Der Rote d'Andrade" (1912).
Durant les années d'avant-guerre, Slevogt voyage beaucoup vers les pays du Sud (Italie, Égypte...).
En 1902, et, plus tard, en février 1914, il ramène d'Égypte de nombreuses aquarelles et plus de 20 toiles.
En 1905, il se rapproche du milieu de la scène. Ainsi, il dessine des costumes et des décors de théâtre pour Max Reinhardt.
En 1907 et 1908 naissent Nina et Wolgang.
Entre 1908 et 1910, il est appelé à la cour de Bavière, auprès du prince régent Luitpold, qui lui commande plusieurs toiles de grand format.
En juin 1914, il hérite, par le biais de sa femme, Nini Finkler, à laquelle il est marié depuis 1898, du château de Neukastel, situé en Rhénanie-Palatinat. Plus tard, il y entreprendra des travaux, y créant, entre autres, une salle de concert ainsi qu'une grande bibliothèque.
Durant le Premier Conflit mondial, il se rend sur le Front Ouest comme peintre officiel de l'armée.
En août 1914, lors de l'invasion de la Belgique, Max a 55 ans. Il est en mauvaise santé, lorsqu'en octobre 1914, il entame un périple sur les champs de bataille.
Son vécu des combats se transforme très vite en aversion. Il essaie par ailleurs de transmettre l'expression de cette horreur sous des formes artistitiques appropriées.
Sur les lieux des activités militaires, Max Slevogt esquisse des aquarelles représentant les blessés, les prisonniers, les morts, ainsi que les ruines...
C'est à partir de photographies qu'il réalisera une oeuvre majeure de cette époque troublée représentant la Cathédrale de Louvain en ruine. L’incendie provoqué par les troupes allemandes ravagera également la bibliothèque universitaire, le théâtre, le toit de la cathédrale Saint-Pierre, ainsi que 1.081 maisons...
L'œuvre, représentant la Cathédrale sur fond d'hôtel de ville, avec démolitions au premier plan de l'aquarelle, donne suite au bombardement ciblé de la Cathédrale de Reims, le 19 septembre 1914.
Dès lors que l’Allemagne s'attaque au patrimoine historique des territoires occupés, elle fait l'objet d’une polémique internationale sans précédent.
L’instrumentalisation, par les Alliés, de l’incendie de Notre-Dame de Reims, a pour but de pousser les pays neutres à s'engager dans le conflit, dans le camp de ceux qui défendent une cause noble et juste, face à la barbarie allemande.
Les intellectuels allemands, en ce compris des philosophes, des historiens de l’art, des artistes et des économistes, répondront, le 3 octobre 1914, via une note dite "Appel au monde civilisé" signée par 93 universitaires...
Ce manifeste justifiera les incendies de Louvain et de Reims en ces termes : "Nous refusons énergiquement d’acheter la conservation d’une œuvre d’art au prix d’une défaite de nos armes".
Max Slevogt demeurera un des rares artistes allemands à ne point vouloir édulcorer la représentation des atrocités commises par son armée.
Bouleversé par tout ce qu'il a pu voir, il quitte le front après trois semaines.
Au même titre que d'autres artistes, tels Otto Dix (ici), Max Beckman, Ernst Ludwig Kirchner et Oskar Kokoschka, il demeurera durablement marqué par l’horreur de la guerre.
De retour en Allemagne, Max Slevogt réalisera une série de 21 dessins condamnant la guerre.
En 1917, il est élu à l'Académie des arts de Berlin, alors que son Journal de guerre dans lequel figure "La Cathédrale de Louvain" est publié.
En 1920, il illustre, par le biais de 39 eaux fortes, une édition de la Flûte enchantée, sous la direction de Paul Cassirer. On lui sera également reconnaissant de la réalisation d'une suite de gravures pour le Faust de Goethe.
En 1924, il sera nommé conseiller artistique en charge de fournir une expertise pour le Don Giovanni joué à l'opéra de Dresde.
En 1928, pour son soixantième anniversaire, une grande rétrospective de son travail sera organisée à l'académie de Berlin.
De 1931 à 1932, il compose une fresque religieuse intitulée Golgotha, pour l’église de la Paix à Ludwigshafen am Rhein ; oeuvre qui sera détruite par la suite, lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Max Slevogt est enseveli dans le tombeau de la famille Finkler, au coeur du parc de Neukastel.