Le 16 août, la force expéditionnaire anglaise (B.E.F.) gagne Amiens, alors qu'elle a débarqué quatre jours plus tôt sur le territoire français, tout au long de la Côte d'Opale, et à Boulogne en particulier. L'endroit est idéalement situé face à l'Angleterre, et, comme Calais et Dunkerque, il verra transiter pas moins d'un million sept cent mille Tommies, entre 1914 et 1916...
Le 20 août, les Allemands entrent dans la capitale belge, Bruxelles que le Bourgmestre Adolphe Max a déclarée ville ouverte.
Le même jour, les hommes de la B.E.F. se rassemblent dans la région de Maubeuge (ici), là où les franco-britanniques ont convenu d'un point de concentration. Le 21 août, les Anglais entrent en Belgique, alors que les Allemands arrivent depuis Namur, devant la Sambre, dans la région Sud de Charleroi (ici) et que, de leur côté, les Belges font retraite depuis Liège.
Deux corps composent les unités qui arriveront à Mons, via Bavay (ici).
Confiants, les Allemands se rapprochent de Mons. Ces derniers sont loin d'imaginer que les Britanniques ont terminé de débarquer en France, et qu'ils sont là, face à eux, tout près, disposés, malgré eux, à se battre à 2 contre 4.
De leur côté, les Anglais sont informés de la progression des troupes allemandes. Ils ignorent toutefois tout de leur spécificité intrinsèque (constituants, effectifs, équipement,...).
Les Britanniques, commandés par Sir John French, disposent de deux corps d'armée comprenant deux divisions chacun, d'une brigade indépendante, la 19e, ainsi que d'une division de cavalerie : au total, près de 80.000 hommes. L'ensemble des troupes britanniques occupent une position défensive tout au long du Canal de Mons (ici) à Condé, du Canal du centre, jusqu'à Obourg, au Bois-la-Haut, et, de Saint-Symphorien (hauteur Sud de Mons), à Grand-Reng, à l'Est de Maubeuge. Le point faible de la défense anglaise réside, au niveau du saillant, à l'endroit même où, au Nord de Mons, le Canal courbe fortement au niveau de son tracé et qu'il est enjambé par 4 ponts. Un dispositif mobile de cavaliers, provenant de la 2e brigade, assure un support dans les interstices et en cas de nécessité en renforts...
Face aux hommes du général French, les Allemands engagent dans la bataille, 4 corps d'armée, formant la Ière Armée d'Alexandre von Kluck (les II, III, IV et Ixe) plus trois réserves qui n'entreront pas en action (III, IV et IXe), ainsi que 3 divisions de cavalerie, soit un total de plus ou moins 160.000 hommes au total.
A titre comparatif, un corps d'armée anglais totalise 36.145 soldats, 152 canons et 48 mitrailleuses. De son côté, un corps d'armée allemand est composé d'environ 45.000 hommes, 160 canons et 48 mitrailleuses.
Le 23 août à l'aube, la bataille de Mons débute par un tir d'artillerie allemand sur les positions britanniques.
Les Allemands portent la majeure partie de leurs attaques sur la partie des lignes britanniques situées derrière le canal Mons-Condé, là-même où se forme un saillant au Nord de Mons. Il est impératif pour l'assaillant de s'emparer des quatre ponts enjambant le canal au niveau du saillant.
A 9 heures, quatre bataillons allemands, plusieurs milliers d'hommes, attaquent le pont de Nimy défendu par une seule compagnie du 4e bataillon du Royal fusiliers anglais et d'une section de mitrailleuses ; quelques centaines de soldats aux ordres du lieutenant Maurice Dease.
Avançant en rangs serrés, à découvert, les Allemands forment des cibles faciles pour les soldats professionnels britanniques. La première attaque est repoussée avec de sévères pertes enregistrées du côté des assaillants germains.
Les assauts suivants sont mieux préparés, ce qui a pour conséquence de mettre une pression d'avantage marquée sur les défenseurs britanniques.
L'ardeur au combat des fusiliers anglais et de leurs mitrailleurs permet de repousser les assauts successifs de von Kluck.
A hauteur du pont de Nimy, après la mort de son servant et des membres de sa section, le lieutenant Dease prend le contrôle d'une mitrailleuse et, oubliant les blessures qui lui ont été infligées par l'ennemi, continue le tir. Ce n'est qu'après avoir été touché une cinquième fois, qu'il est enfin évacué à l'infirmerie du bataillon, endroit où il décédera suite à ses blessures.
Au pont de Ghlin, le soldat Sydney Godley, lui aussi équipé d'une mitrailleuse, résiste toute la journée ; il demeurera là pour couvrir la retraite de ses frère d'armes, jusqu'en fin de bataille. Il se rendra à l'ennemi, non sans avoir rendu inutilisable sa mitrailleuse, en jetant des pièces de celle-ci dans le canal.
Ces vaillants soldats seront les premiers soldats britanniques de la Première Guerre mondiale à être décorés de la Victoria Cross.
Sur le flanc droit des fusiliers anglais, le 4e bataillon du Régiment de Middlesex et le 1er bataillon du régiment des Gordon Highlanders, sont également assaillis par les Allemands, lors de l'attaque du saillant.
En grande infériorité numérique, les deux bataillons alliés subissent de lourdes pertes.
Renforcé par le Régiment Royal Irlandais, conservé en réserve divisionnaire, et, soutenu par l'artillerie divisionnaire, les ponts demeurent aux mains des Britanniques. Les différents assauts sont repoussés.
Face aux échecs répétés, les Allemands prennent la décision d'élargir leurs zones d'attaque.
Pour ce faire, ils décident de longer le canal, à l'Ouest du saillant.
Dissimulés derrière des plantations d'épineux, les troupes allemandes parviennent à ouvrir un feu nourri sur les positions, tant du 1er bataillon du Régiment Royal West Kent, que sur celles du 2e bataillon du King Own Scottich Borderer.
Malgré de lourdes pertes, les deux bataillons britanniques repoussent successivement toutes tentatives de franchissement du canal, cela, durant toute la journée.
Au cours de l'après midi du 23 août, et, sous le poids répété des attaques allemandes, les Britanniques se rendent à l'évidence que les positions du saillant sont devenues intenables pour eux. De nombreux bataillons ayant défendu le saillant ont subi de lourdes pertes.
A l'Est du saillant, et, des positions britanniques en général, des unités du IXe corps allemand ont réussi à franchir le canal. Elles menacent à présent le flanc droit britannique.
A Nimy, et, sous le feu britannique, des soldats allemands parviennent à monter un pont flottant au travers du cours d'eau. Cette action permet aux troupes allemandes d'accentuer leur pression sur les défenseurs du pont.
En milieu d'après-midi, la 3e division d'infanterie britannique est amenée à se replier au Sud de Mons, entraînant dans sa foulée la 5e division.
Le 2e corps britannique parvient toutefois à établir une nouvelle ligne de défense jalonnée par les communes de Montrœul, Boussu, Wasmes, Paturages et Frameries. Dans le même temps, le génie allemand parvient à construire des ponts permettant le franchissement, au Sud du canal, de forces imposantes.
Donnant suite à la défaite de la bataille de Charleroi, les troupes de la 5e Armée française commencent leur retraite. En cela, elles exposent davantage l'aile droite britannique que des troupes de territoriaux français prolongent à l'Est.
Le 24 août, à 2 heures de la nuit, le 2e corps britannique se replie pour finalement atteindre des positions défensives tout au long de l'axe routier Valencienne-Maubeuge.
En son extrémité gauche, la ligne de défense britannique, composée des 14e et 15e brigades de la 5e division, offre un front fragile aux troupes allemandes. Ces dernières tentent de les déborder par la droite. C'est le moment choisi pour les 2e brigade de cavalerie et 2 batteries d'artillerie (119e batterie de campagne et batterie à cheval) d'être envoyées en renfort.
Ce n'est qu'après quatre heures de combats d'une intense violence, que la retraite peut enfin reprendre dans de meilleures conditions.
La bataille de Mons fera environ 1.650 morts du côté anglais et 5.000 pour les Allemands...
Peu de cimetières témoignent de cette époque et de l'âpreté des combats qui se déroulèrent à Mons et dans ses environs.
Seule demeure à ce jour, la petite nécropole germano-britannique de Saint-Symphorien (ici) construite en retrait de la route, sur les hauteurs de Mons, et en direction Sud-Est, vers la France...