Exposition "Guerre et Paix en radiologie"
A l'initiative de René Van Tiggelen, le Musée belge de la radiologie présente une exposition, jusqu'au 20 mai 2013, à l'Hôpital militaire Reine Astrid.
René Van Tiggelen, conservateur du musée, et Jan Dirckx, traducteur, ont brièvement retracé, le 20 avril 2013, lors d'une conférence débat, l'évolution de la radiologie durant le Premier Conflit mondial.
Leur ouvrage, "Radiology in a trench coat", paru chez Academia Press, est disponible en librairie, ou via ce lien : ici
Historique...
Dans les premiers mois de la Guerre, en 1914, la doctrine militaire se base sur des offensives et des attaques par vagues, à la manière des charges napoléoniennes, mouvements souvent réalisés en vaste campagne, au milieu des champs, sans protection, et, sans réelle coordination avec l'artillerie. Ce mode opérationnel entraîne, comme on le sait, beaucoup de pertes en vies humaines, mais également un grand nombre de blessés, plus ou moins atteints par balles et éclats métalliques...
En ce qui concerne certains belligérants...
La tenue du soldat français est visible de loin. Affublé d'un pantalon de couleur rouge garance, dans un premier temps, le combattant, ne possède pas de casque pour se protéger la tête. Ce simple fait entraîne énormément de pertes, des blessures gravissimes au niveau d'un élément du corps particulièrement exposé et sensible.
Notons aussi, qu'en ce début de conflit, à la mi-août 1914, les moyens sanitaires sont dérisoires : pas d'antibiotiques, aucune transfusion sanguine possible, encore moins de plasma à disposition...
Le corps médical présente une attitude "expectante" face aux blessures graves ; les blessés, pris en charge, sont dans un premier temps évacués par trains sanitaires, ensuite, dirigés vers des hôpitaux de l'arrière, dans la région d'origine des estropiés ; tout ce processus se fait, avant qu'une quelconque intervention chirurgicale ne soit pratiquée. Le délai de ces transports varie selon les endroits ; il tourne généralement aux alentours de 3 jours.
Cette façon de procéder des militaires entraîne énormément de pertes en vies humaines, par gangrène et surinfections des plaies.
Pratiquement...
Afin de pouvoir pratiquer des interventions salvatrices, les chirurgiens doivent être à même de pouvoir localiser les éléments étrangers qui ont pénétré les chairs ; les parties osseuses, les organes des soldats atteints.
Les hôpitaux "de l'arrière" disposent, depuis 1908, de laboratoires radiologiques. Toutefois, en cette époque, on ne compte que 3 ou 4 équipes mobiles capables de se rendre suffisamment et efficacement près du front. Un déficit en personnel, formé à la technique radiologique et à son emploi sur le terrain, s'est immédiatement fait ressentir. Le remède à cette situation a été trouvé partiellement grâce à des initiatives privées. Ainsi, d'une part, précieuse a été Marie Curie à dispenser, à l'aide de ses faibles moyens personnels, les formations au personnel médical, et, d'autre part, apprécié le parcimonieux dispositif de moyens, en matériel, mis à disposition des troupes.
Question de temps...
D'un aspect pratique, le délai d'attente, entre la prise en charge d'un patient et son passage sur la table de radiographie, est d'environ 2 jours et demi. La durée du temps de pose (exposition aux radiations) étant longue, puisque l'image se fixe sur des surfaces -peu- sensibles montées sur châssis et plaques de verre, les équipes d'opérateurs travaillaient peu efficacement, sans répit, ou presque.
Evolution des équipements...
Dès 1915, le dispositif radiologique est muni d'un tube de type Coolidge. Cet équipement anode-cathode améliore très sensiblement les performances du rayon émetteur de l'appareillage. La transposition, à la radiologie, de l'invention du film celluloïde (gélatine souple), par Georges Eastman, améliore encore sensiblement la prise de vue (clichés Kodak et Gevaert). Demandant plus de temps au moment de l'exposition, le papier au gélatinobromure sera également utilisé avantageusement (30 x plus léger) par rapport aux plaques de verre (PDF / rechercher "radiographie" : ici).
Fin 1916, des installations semi-fixes sont présentes dans les hôpitaux d'évacuation proche du front ; des plate-formes mobiles comptent, cette fois, des équipages radiologiques, des ambulances chirurgicales automobiles ou encore des camions de stérilisation ou de radiologie. Quatre armées disposeront sur le front Ouest de pareilles infrastructures médicale : les Français, les Britanniques, les Allemands ainsi que les Américains.
Le premier conflit mondial comptera, en France, 10.000 hôpitaux ou annexes réparties sur environ 3.500 communes.
En ce qui concerne particulièrement les soldats français, les services médicaux militaires auraient pratiqué un millions de clichés radiologiques durant la Première Guerre mondiale.
De très nombreux techniciens en radiologie, parmi ceux-ci, quasi toutes des femmes, verront leur état de santé affecté, voire sérieusement dégradé par le fait d'avoir été fortement exposés aux rayonnements, alors que pas ou peu protégés des fameux rayons X, dont on ne soupçonnait que peu de chose par rapport aux méfaits sur la santé...
Sur ce même site
PDF : ici et publication : ici PDF : A la découverte de la radiologie et des pionniers militaires : ici
Exposition temporaire, "Guerre et Paix en Radiologie", du 20 avril au 20 mai 2013
Hôpital militaire Reine Astrid : ici 200 Rue Bruyn à 1120 Bruxelles
Tél.: +32 (0) 2 264 40 97
info@radiology-museum.be : ici et ici
Les archives médicales de la Grande Guerre ; PDF : ici Les blessés radiographiés à la Salpêtriere ; 24 sept. - 26 oct. 1914 ; par Laurent Provost