Pierre Bidegain (alias Pethi Elixabe de Musculdy) est né le 19 septembre 1883 à Musculdy (ici), en Basses-Pyrénées.
Soldat au 249e régiment d'infanterie, Pierre est mort au combat le 20 septembre 1914 à Craonnelle (ici), dans l'Aisne.
Malgré les rumeurs de guerre qui se sont répandues ces dernières semaines, le samedi premier août, la cloche de l'église qui sonne à toute volée fait l'effet d'un coup de tonnerre : la mobilisation générale est décrétée.
Le regard brusquement assombri des hommes et les yeux humides des femmes sont les signes d'événements graves pour les enfants.
Le lundi 3 août, Pethi Elixabe, comme tous les réservistes, est convoqué en gare de Mauléon.
Après un adieu rapide à Maider, enceinte de huit mois, et à ses trois enfants, Pethi rejoint ses deux jeunes frères Pierra et Allande Bedaxagar, ses deux cousins Johane Aizager et Johane Etxepari, ainsi que tous les camarades du village afin de regagner ensemble Mauléon.
L'ordre de mobilisation de Pethi indique le 249e régiment d'infanterie de Bayonne et le 6e bataillon. Une semaine durant, les hommes reçoivent uniforme, paquetage et armement ; le barda pèse 34 kg.
Au matin du 12 août, le 6e bataillon du 249e régiment d'infanterie embarque en gare de Bayonne pour la frontière Nord-Est de la France.
Le 13 août au matin, il rejoint Foug, à 8 kilomètres à l'Ouest de Toul.
Jusqu'au 18 août, le régiment est à l'exercice non loin de Foug : petites marches pour la mise en jambe, organisation de cantonnement, maniement du fusil, lancer de grenades…
Le 19 août, direction la frontière belge en train jusqu'au Sud-Est de Maubeuge. Pendant 3 jours, courtes marches et temps en cantonnement avec organisation de tranchées se succèdent en Belgique.
Le 24 août, retour sur le sol français. Alors recommence l'éprouvante marche entrecoupée de bivouacs plus ou moins prolongés... direction l'Aisne.
Le 2 septembre, les fantassins du 249e perçoivent les grondements des feux de l'artillerie et le régiment enregistre ses premières victimes ; des soldats préposés à la protection des convois. Les jours suivants, les marches de nuit succèdent aux marches de jour. Le régiment avance au pas de course.
Le 6 septembre, Français et Anglais ont pris l'offensive. C'est la bataille de la Marne. Le 249e se trouve en réserve derrière le centre de la 36e division d’infanterie. L'ennemi bat en retraite et la 36e DI avance vers le Nord-Est à sa poursuite. Le 249e RI assure toujours le flanc-garde, l'organisation de têtes de pont, la garde de ponts et la protection de l'artillerie. Passage du Grand-Morin le 8, franchissement de la Marne le 10 et de l'Aisne le 13, tandis que les Allemands organisent leur résistance sur le plateau du Chemin des Dames.
A partir du 14 septembre, tandis que la 36e DI cherche à s'emparer du plateau de Vauclair dans la direction d'Hurtebise, le 249e creuse et renforce les tranchées dans les bois, garde les ponts sur l'Aisne et les carrefours alors que des bombardements d'une extrême violence, de jour comme de nuit, préfigurent l'enfer. A l'épuisement physique, conséquence des marches forcées et du manque de sommeil, s'ajoutent maintenant l'angoisse et la peur. Les tirs d'artillerie ennemie sont d'une redoutable précision et le 249e paie un lourd tribut les 16 et 17 septembre. Malgré cela, les hommes continuent d'améliorer le confort des tranchées afin de préparer une offensive.
Le 18 septembre, le régiment poursuit sa mission de la veille afin de préserver la tête de pont de Pontavert, en vue d'une offensive sur Craonne et Vauclair. Ensuite il est dirigé sur Beaurieux en début de matinée. Dans l'après-midi, le 6e bataillon prend position en avant de Craonnelle.
Le 19 septembre au matin, le 6e bataillon demeure sur ses positions.
Le 20 septembre, à 5h30, une première attaque de l'ennemi sur les tranchées occupées par le 249e RI est repoussée. A 6h10, une nouvelle attaque plus violente se produit sur le front du régiment. L'ennemi met à profit une dépression de terrain et s'infiltre derrière la 17e compagnie. Cette manoeuvre ayant été observée par le commandant du 6e bataillon, celui-ci demande des renforts. Le feu très violent de l'infanterie ennemie empêche toute approche du secteur et le 6ème bataillon est entièrement contourné. Sous un déluge de feu, un vacarme assourdissant, un nuage noir vient happer Pethi Elixabe. Il est mortellement blessé.
Et le silence...
Il est neuf heures du matin.
Marie-José Mujica, sa petite fille
D'après le journal de marche et d'opérations du 249e régiment d'infanterie
Service historique de l'armée de terre
Vincennes (94)
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