Pierre Jacquet naît à Dison, le 17 juillet 1892.
Il décède à Anderlecht, le 13 février 1966 ; commune bruxelloise où il est par ailleurs inhumé.
Le 20 septembre 1919, Pierre se marie avec Elise Cumps (1900-1972).
Ensemble, ils auront deux fils, Augustin (1920-1973) et Alfred (1923-1984).
Durant le Premier Conflit mondial, Pierre est appelé, en qualité de simple soldat, à combattre au sein du 6e régiment de Ligne.
Sa "Carte du Feu" atteste qu'il a servi au sein de cette unité, du 4 août 1914 au 30 octobre 1914. Qu'il a obtenu deux chevrons au front, et six, à titre honorifique.
Grand invalide, décoré de l'Ordre de Léopold II, Pierre obtient la Croix de Guerre, avec palme, pour avoir été blessé (voir document rouge, en marge).
Pour ses faits de guerre et présence au front, Pierre-Toussaint Jacquet obtiendra, en outre,... la Croix de l'Yser ; la Médaille de la Victoire ; la Médaille Commémorative de la Guerre 1914-1918 ; la Croix de Chevalier de l'Ordre de la Couronne avec glaive ; la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold avec glaive et la médaille Commémorative du Règne de Sa Majesté Albert I (1965).
Michèle Jacquet, la fille d'Alfred et de Gisèle Michel, rappelle que son grand-père fut gazé, et, de ce fait, soigné, entre autre, par la Reine Elisabeth.
A propos des chevrons de front...
Le Chevron de front est un insigne spécifique, honorifique créé pour distinguer les militaires, tous grades confondus, de la Première Guerre mondiale, qui ont exposé leur vie dans la zone des combats (A.R. du 24 juin 1916).
Un chevron de front représente un temps de présence réelle au front.
Ce temps peut varier d'une armée à l'autre...
En ce qui concerne la Belgique...
Le premier chevron est accordé, en 1916, pour une présence de 18 mois. Délais qui sera ramené à 12 mois en 1917.
Chaque chevron suivant sera équivalent à une période effective de 6 mois d'exposition à l'ennemi.
Il n'est accordé qu’aux militaires s'étant révélés "de bonne conduite et braves au feu".
L’octroi ou le retrait des chevrons se fera sur proposition du chef de corps et la décision interviendra, in fine, via le commandant de la division.
Les soldats qui ont participé à toute la campagne de 1914-1918 obtiendront un huitième et dernier chevron de front. (circulaire ministérielle datée du 18 janvier 1919).
Les chevrons de front se présentent sous la forme de barrettes ("sardines") ayant la forme d'un "V" inversé. D’une longueur, d'une largeur, et d'un degré d’ouverture et d'écart spécifiques, qui évolueront dans le temps.
Ces insignes seront de couleur or pour les officiers, d'argent pour les sous-officiers et en laine rouge ou écarlate pour les caporaux et soldats.
Ils se porteront sur la manche gauche de la vareuse ou de la capote.
Historique à propos du 6e de Ligne...
Le régiment, dit de Bruges, est créé par un arrêté du Régent daté du 16 octobre 1830 ; unité formée à partir de la "6(de) afdeling" de l'armée néerlandaise dont il dépendait avant la Révolution belge.
Le 6e fut mis sur pied par les Néerlandais le 8 octobre 1815, ses hommes étant issus du bataillon d'infanterie n° 7, formé le 4 mars 1814.
Les hommes recrutés en 1814 sont pour la plupart des Belges ; des vétérans de la Grande Armée de Napoléon 1er.
La majorité des officiers qui commandent ses constituantes ont participé aux guerres impériales. Ils ont parfois même appartenu à la Garde et ont été, pour la plupart, décorés de la Légion d'honneur.
Le bataillon d'infanterie n° 7 prend part aux combats du 16 au 18 juin 1815, lors de la bataille des Quatre Bras et celle de Waterloo, dans le camp des Alliés.
Lors de ces combats, le bataillon compta 241 morts et 282 disparus ou blessés, sur un total de 701 hommes engagés dans les différentes batailles.
Pour l'occasion, 27 Croix d'honneur seront décernées pour le remarquable comportement au feu de ses soldats.
Le 25 novembre 1830, le 7e bataillon prend pour nom "6e régiment de Ligne".
En 1831, le régiment, une composante forte de 2.441 hommes, fait partie intégrante de l'armée des Flandres. Elle est positionnée entre le Zwin et le Linkeroever, sur une distance de 40 kilomètres, à l'Ouest d'Anvers.
Le 2 août 1831, les troupes néerlandaises du général De Kock traversent la frontière belge. Le 6e de Ligne lui livre alors bataille, le 7 août, à Hazegras et à de Hoeke et le 11 août à Stobrugge.
En 1833, le 6e de Ligne est intégré aux 3e, 5e et 12e régiments de Ligne, appartenant à la 3e division.
Les hommes de ces unités sont casernés à Diest, Bauwel et Schilde.
Le 19 avril 1839, les Pays-Bas et la Belgique signent un traité de paix.
Le 6e de Ligne, qui fait alors partie de la 1ère division, avec le 8e régiment de Ligne, est caserné à Bruges, jusqu'en 1844. A dater de cette période, le régiment déménagera ensuite, presque chaque année.
Alors que le dépôt demeurera à Malines jusqu'en 1880, et, il sera déplacé ensuite à Sint-Bernard (Hemiksem), le restant du régiment se trouvera cantonné en divers lieux, sur le territoire de la jeune Belgique.
Le conflit franco-prussien
En 1870, l'armée belge est placée sur pied de guerre, à la suite du déclenchement du conflit franco-prussien.
Le 3 mars 1871, la paix est rétablie, alors que la France cède l'Alsace et la Lorraine à l'Allemagne.
Le 26 mai 1871, l'armée belge est réorganisée en 4 divisions. Les 5e et 6e régiments de Ligne forment à eux deux, la 1ère brigade de la 2e division, stationnée à Anvers.
En 1865, 8 officiers, 39 sous-officiers et des hommes de troupe du régiment prennent part à l'expédition du Mexique, au sein du corps des volontaires belges.
Durant la campagne, ce corps d'armée combattra à Tacambaro, le 16 avril 1865 ; à La Loma, le 16 juillet 1865 et à Ixmiquilpan, le 25 septembre 1866.
Durant la période de 1877 à 1914, 33 officiers, 88 sous-officiers et caporaux du 6e de ligne seront envoyés en Afrique pour soutenir l'exploration du continent.
Au total, sur les hommes constituant le contingent, 30% des officiers et 20% des sous-officiers et caporaux périront victimes des combats, de blessures ou de maladie.
En 1913, le 6e de Ligne est caserné dans les forts 7-8 et 9-10 de la position fortifiée d'Anvers (2 ceintures de fortifications et de positions intermédiaires).
Placé "sur pied de guerre", le 6e est dédoublé pour donner naissance au 26e régiment de Ligne et au 6e régiment de Ligne de forteresse. L'ensemble des forces s'inscrit au sein de la 6e brigade mixte, de la 2e division d'armée.
Le 5 août 1914, la 2e division d'armée est positionnée en attente à l'Est de Louvain sur la Gette.
Le 18 août, le 6e de Ligne livre des combats à Aarschot et à Werchter. Ensuite de quoi, il se replie sur le "réduit national" à Anvers, en attendant l'arrivée des Anglais.
Le régiment participera à la sortie des 25 et 26 août et aux combats menés dans les environs de Boortmeerbeek et de Over-de-Vaart.
Du 9 au 12 septembre, une seconde sortie est effectuée. A cette occasion, le régiment parvient, dans un premier temps, à refouler l’ennemi allemand qui a mis le pied à Wesemael, Rotselaar et Putkapel.
Le 10 septembre, Wijgmaal est reconquise.
Le 11, le régiment progresse et finalement, devant le nombre, subit une contre-attaque l'obligeant à reculer et à perdre Wesemael.
Durant la dernière semaine de septembre et la première semaine d'octobre 1914, le 6e de Ligne participe à la défense du réduit d'Anvers. L'unité est positionnée en première ligne.
Le 8 octobre, le régiment quitte Anvers et se retire le long du littoral, derrière l'Yser. Il défendra Nieuport le 14 octobre. Ensuite, il sera envoyé à Wulpen le 23 octobre ; date à laquelle le 26e de Ligne est dissous.
Durant la nuit du 29 au 30 octobre, à 5 heures du matin, les 48e et 52e régiments d'infanterie allemands brisent la ligne de défense du 5e régiment de ligne. Le 6e de ligne reçoit alors l'information que Ramscapelle est tombée aux mains des Allemands. Dès cet instant, 2 compagnies du 1er bataillon sont appelées à reprendre le village...
Les 30 et 31 octobre, après d'âpres combats, le 6e de Ligne et le 16e bataillon de chasseurs à pied français reprennent le village.
Le soir même, ils seront cités à l'ordre du jour des armées, par le Lieutenant-général Dossin, en ces termes...
"J'offre, plus particulièrement, mes plus chaleureuses félicitations au 6e régiment de Ligne, qui, dès les premières heures du 31 octobre, a participé à la contre-attaque sur Ramscapelle, a combattu toute la journée du 30 octobre et toute la nuit du 30 au 31 octobre avec la plus grande vigueur ."
De novembre 1914 à septembre 1918, le régiment sera positionné derrière l'Yser, successivement dans les secteurs de Nieuport, Ramscapelle, Loo, Steenstraat, Dixmude, Ramscapelle et Dixmude.
Le 26 décembre 1916, le 16e régiment de Ligne est reformé par dédoublement du 6e de Ligne.
Le 28 septembre 1918, la bataille des crêtes de Flandres est lancée.
Le 6e de Ligne occupe alors le secteur de Dixmude, jusqu'au 10 octobre. Il sera, pour l'occasion, impliqué dans les attaques contre la Flandern Stellung I à Moorslede, Bosmolens, Ingelmunster et Oostrozebeke (17 octobre 1918).
Le 29 octobre, le régiment franchit, sans trop de difficulté, la Lys, l'ennemi n'offrant que peu de résistance.
Le régiment se distinguera encore sur le canal de dérivation de la Lys et à hauteur du canal Gand-Terneuzen.
Durant toute la durée du conflit, le 6e régiment de Ligne perdra 20 officiers ; 312 sous-officiers, caporaux et soldats ; 5 officiers et 769 sous-officiers, caporaux et soldats seront portés disparus et, enfin, 56 officiers ; 1.735 sous-officiers, caporaux et soldats seront blessés...
Du 1er décembre 1919 au 19 octobre 1920, le 6e de Ligne participera à l'occupation de la Rhénanie. A cet effet, le régiment sera successivement caserné à Montjoie, Erkelenz et Geilenkirchen.
Le régiment retournera ensuite à Anvers et occupera les forts 7-8 et 9-10 (ici).
Pour ses qualités d'unité de marche, le second bataillon sera présent dans la Ruhr, du 8 décembre 1923 au 27 mars 1924.
En 1930, le régiment fêta son centenaire.
Remerciements particuliers aux services communaux d'Anderlecht...