La ville de Saint-Mihiel ne constitue pas, à proprement parler, d'un lieu de garnison fortifié, au lendemain de la Guerre de 1870-71.
L'endroit n'est pas non plus considéré comme une position de première importance, en raison du fait qu'il se trouve à l'extérieur du dispositif de défense dont Verdun est le carrefour névralgique, et, ce, alors même que la ville de Metz est devenue le chef-lieu du "Bezirk Lothringen" : district de Lorraine intégré au nouveau Reichsland Elsass-Lothringen, au lendemain de la défaite française de 1871.
A cette époque, antérieure à la Grande Guerre, la position de Saint-Mihiel n’est pas jugée primordiale pour la défense du pays ; les choses ne changeront que dès les tous débuts de la Première Guerre mondiale, alors que la place se trouve au cœur d’une poche dans les lignes françaises ("Saillant de Saint-Mihiel").
Dès les débuts de la guerre, en août 1914, à 35 kilomètres, plus au Nord, Verdun constitue un objectif de toute première importance pour les Allemands. Ces derniers voient, en ce lieu stratégique, une opportunité de frapper fort, en un point central et important du dispositif français ; par là même, une opportunité de saper le moral des Français, en insufflant par cette tactique dans le camp militaire adverse, toute volonté de riposter.
L’ennemi désire, en un premier temps, encercler les Français, lors d'une première tentative portée à l'Ouest et au Sud-Est, via Pont-à-Mousson.
Les combats qui s'y dérouleront, à hauteur du Bois-le-Prêtre, seront sanctionnés par un échec.
Les deuxième et troisième attaques, dirigées cette fois, plus à l'Ouest, permettent aux Allemands de prendre Saint-Mihiel, et, par là même, d'investir le fort du Camp des Romains, endroit qui surplombe la ville au Sud-Est.
Toutefois, une redoutable et imprévisible résistance est organisée à partir du fort du/de Troyon (
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par les Français. La manoeuvre permet ainsi de sauver Verdun des 10.000 Allemands bien décidés à l'envahir.
Le front se stabilise, ensuite, et, comme en d'autres lieux, des réseaux de tranchées se forment. Ceux-ci couvriront, vers l'Est, la distance entre Verdun, les Vosges et Belfort, aux portes de la Suisse…
Pour ce qui est de Verdun…
Verdun se voit coupée de tout approvisionnement provenant du Sud-Est, principalement de Nancy. Cette situation n'aura de cesse d'être entretenue par le haut commandement allemand, cela, jusqu'au début du mois de septembre 1918…
Le 24 juillet, dans le prolongement de la seconde bataille de la Marne (15-20 juil. 1918) et alors que les Français viennent d'entrer à Fère-en-Tardenois, au quartier général du château de Bombon (Seine-et-Marne), le maréchal Foch expose ses ambitions à ses homologues alliés que sont Haig, pour les Britanniques et Pershing, pour les Américains.
Les armées de l'Entente, renforcées par l'arrivée massive des Américains, ont atteint un niveau d'équilibre face au dispositif allemand.
Les forces en nombre de divisions de réserve, mais aussi, les moyens matériels, tant en matière d'aviation, que de chars d'assaut ou encore d'artillerie, apportent un souffle d'espoir, bon pour le moral des Alliés.
Le moment est donc venu pour ceux-ci de passer à l'offensive.
L'objectif premier consiste à réduire, au moyen de forces franco-anglaises, le Saillant de Montdidier. La manoeuvre a pour but de dégager l'axe Paris-Amiens. Les Britanniques auront, quant à eux, l'honneur de récupérer les mines de charbon du Nord-Ouest de la France. Saint-Mihiel devra être reconquise par l'armée américaine, cela, dans le but de recouvrer un dégagement sur l'axe Paris-Avrecourt (
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Les 12 et 13 septembre 1918, avec l'aide des Américains, dont ceux de la 2e division d'infanterie, de l'American Expeditionary Force, commandée par le général Pershing, 264.000 militaires sont jetés dans la bataille. Près de 216.000 soldats d'entre eux sont Américains ; les 48.000 autres... français.
L'ensemble du contingent est appuyé par 1.444 avions, 3.100 canons et 267 chars légers.
Face à ce dispositif, du côté allemand, près de 100.000 hommes sont retranchés dans plusieurs lignes de défense fortement bétonnées ; renforcées tout au long des quatre années qu'a déjà duré le conflit.
Le Lieu…
La bataille se déroulera entre les Eparges et la Moselle, sur un front de plus ou moins 65 kilomètres ; elle durera une trentaine d’heures.
Les forces américaines, à califourchon sur la tranchée de Calonne, doivent atteindre Hattonchâtel (
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Côté français, la 15e DIC (
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a pour mission de conquérir les Éparges ; le 2e corps colonial doit s'emparer de Chauvoncourt et Saint-Mihiel (
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p 37), il a ensuite pour objectif de se diriger en direction de l'Ouest.
A 8h00, les divisions américaines attaquent vers Vigneulles, au Nord-Ouest, et, ce, malgré une forte résistance du bastion de Montsec, une position allemande jugée imprenable (butte), et qui culmine à 140 m. de hauteur par rapport à la plaine. Les Germains ont reçu l'ordre formel de tenir, coûte que coûte… Malgré cela, l'avancée américaine se déroule comme prévu, de manière extrêmement efficace.
Ainsi…
Emportés par leur élan, les Alliés enfoncent les lignes allemandes, si bien que le Saillant est rapidement conquis.
Le 2e corps colonial réussit, pour sa part, la tâche qui lui a été confiée.
C'est ainsi que le capitaine Michel Clemenceau est le premier soldat français à (re)poser le pied dans Saint-Mihiel.
En ce 15 septembre, 4.000 Allemands sont faits prisonniers, alors que le dispositif allié fonce dans la plaine de la Woëvre, jusqu'à la ligne formée par les communes de Haumont-Woël-Doncourt.
La 15e DIC s'empare des Côtes de la Meuse, de la Crête des Éparges (
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, jusqu'à la route d'Hannonville à la ferme Longeau, et de Combes à Herbeville…
Lorsque la fin des opérations aura sonné, les Français pousseront leurs exploits, jusqu'à opérer des reconnaissances dans la plaine. Ils occuperont, par ailleurs, les villages de Champlon, de Saulx-en-Woëvre, de Saint-Hilaire, de Wadonville et d'Avillers. De nombreuses pièces d'artillerie seront également capturées au passage.
Les pertes…
Du côté franco-américain, les pertes s'élèveront à près de 7.000 hommes. 13.200 Allemands seront faits prisonniers avec leurs 400 canons, alors que, comme à l'accoutumé, le commandement ne fera pas référence au nombre des morts, blessés ou disparus…
La bataille de Saint-Mihiel constitue un prélude à ce que sera le grand assaut que porteront, peu de temps plus tard, les Alliés, sur la ligne Hindenburg.
En 1932, sera édifié un mémorial, sur la butte de Montsec. Ce bâtiment honore les hommes des divisions américaines ayant participé aux combats dans la région.
Une carte en relief représente le champ de bataille de 1918.
Sur le territoire de la commune de Thiaucourt-Regniéville, première commune française libérée par les Américains, se trouve la nécropole US ; là, où sont enterrés 4.153 soldats américains.
Au fond du cimetière, sur les murs du mausolée, et face à la chapelle, sont inscrits dans le bronze, les noms de 283 disparus…
Cimetière US de Saint-Mihiel :
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Une fontaine singulière :
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