Préambule
Alors que les Français viennent d'être défaits à Namur, Dinant et Charleroi et que leur 5e armée se replie en ordre dispersé en direction de Guise, le long de la Sambre et de la Meuse, le général Charles Lanrezac (1852-1925) demande aux Britanniques du général French d’attaquer les Allemands sur le flanc de leur 2e armée commandée par von Bülow.
Plus à l'Ouest, le général von Klück et sa 1ère armée font face aux Français et Anglais, dans la course qui doit mener, en principe, les Allemands à Paris.
Contrairement aux attentes du commandemant français, les Britanniques se positionnent frontalement à l'avancée germanique, à hauteur de Casteau (axe routier Bruxelles-Mons-Paris), et, ensuite, à Obourg-Nimy-Maisières, en sortie périphérique Nord de Mons.
Après quelques escarmouches, qui précédent les vifs combats des 23 et 24 août durant lesquels les Britanniques résistent en bordure du canal Mons-Condé et aux alentours de la ville, la force expéditionnaire britannique se retire sur Le Cateau-Cambrésis, Guise et l'Aisne (Chemin des Dames), afin de se restructurer...
Ces heures précieuses de combats d'arrière-garde, menés par les Britanniques et les Irlandais, dans le Borinage, permettent aux Français de se réorganiser sur les flancs de leurs partenaires.
La bataille de Mons, mais aussi, celles de Le Cateau et de Guise, joueront très favorablement en faveur des Alliés dans le déroulement futur des combats de ce début de guerre. Notamment sur la Marne, le 6 septembre 1914...
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Historique relatif au cimetière militaire de Saint-Symphorien
Cette petite nécropole militaire germano-britannique fut inaugurée le 6 septembre 1917.
En 1916, l'envahisseur, en la personne du capitaine Roëmer, est en quête d'un terrain situé non loin de Mons, pour rassembler, en un même lieu, les corps disséminés des soldats allemands tombés lors de la bataille de Mons.
A cette occasion, il rencontre Jean Houzeau de Lehaie (1867-1959), naturaliste belge, qui ne fait aucun usage particulier d’un terrain vallonné qu’il possède à Saint-Symphorien.
Ce notable propose de concéder la parcelle gratuitement, à la condition que les soldats britanniques y soient inhumés aux côtés des Prussiens.
Les autorités locales, mais également le prince de Bavière et le duc du Würtemberg, participeront à l’inauguration du site mortuaire.
Unis dans la mort
Les inscriptions en latin, qui accueillaient jadis le visiteur au pied de la nécropole, ont été remplacées par ces mots : "Lest we forget - 4 August 2014".
Sur l'obélisque, qui fait face à la croix du sacrifice, on peut lire l’épitaphe suivante : "Zum gedächtnis der am 23. und 24. august 1914 in denkämpfen bei Mons gefallenen Deutschen und Englishen Soldaten" ("En mémoire des soldats allemands et anglais tombés lors des combats, près de Mons, les 23 et 24 août 1914")..
Comme en d'autres endroits de la ligne de front, ou zones de combats où eut lieu la guerre de mouvement, le cimetière militaire de Saint-Symphorien rassemble des combattants provenant de patries ennemies.
Entremêlés, Allemands et Britanniques, se retrouvent réunis en une parcelle militaire atypique et n'ayant nul pareil d'un point de vue esthétique.
Cette volonté d'unir dans la mort les belligérants, sur un même site d’ensevelissement, fut, pour l'époque, perçu comme hautement symbolique. Action d'autant plus marquante, qu'exécutée en temps de guerre.
Caractéristiques
Le cimetière, binational, compte 513 tombes, dont celles de 229 soldats du Commonwealth, plus 284 Allemands.
L'endroit se singularise par le fait qu'il héberge la tombe du 1er soldat britannique décédé durant la Première Guerre mondiale, à savoir celle de John Parr, mort le 21 août 1914, alors que chargé d'une reconnaissance avec un équipier, dans le secteur de la gare d'Obourg.
Le lieu accueille également la sépulture du lieutenant anglais du 4e Bataillon des Royal Fusiliers, Maurice James Dease, ayant obtenu la première Victoria Cross durant la Première Guerre mondiale, et décédé le 23 août 1914.
Ce dernier est inhumé à quelques pas d'Oskar Niemeyer, premier récipiendaire allemand de la Croix de fer.
Mais encore, deux autres pierres tombales individuelles surmontent des dépouilles particulières...
Pour l'une, celle du dernier soldat canadien tué lors de la Grande Guerre, le soldat George Laurence Price abattu, à l'âge de 25 ans, par un sniper allemand le 11 novembre 1918, à 10h58 ; il meurt à 15h18. Pour l'autre, celle du dernier soldat britannique, George Edwin Ellison, qui décèdera également, le jour de l'Armistice, à 9h30...
Plus chanceux...
Fait citoyen d'honneur de la Ville de Mons, par le Conseil communal, le 3 mars 1998, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la Grande Guerre, William Fraser est décédé peu de temps après, le 29 janvier 1999, à l'âge de 101 ans.
Brancardier durant la Grande Guerre, William Fraser était le dernier survivant canadien parmi les premiers libérateurs de Mons...
Parcours mémoriel
Outre le cimetière de Saint-Symphorien, le territoire de Mons-Borinage abrite un nombre conséquent de cimetières où sont inhumés des soldats de la Grande Guerre. D'innombrables monuments rappellent les combats qui furent menés dans la région en 1914 et en 1918...
A ce propos, la CWGC propose un "Remembrance Trail" sur les cimetières du Commonwealth en relation avec la bataille de Mons.
Le projet Interreg IV devrait intégrer l'ensemble des sites et monuments présents dans les alentours de Mons ; cela, du cimetière d'Hautrage (ici) et d'Audregnies (ici), en passant par les lieux de mémoire de Mons, mais aussi, ceux de Cambrai (ici) et Le Cateau-Cambrésis (ici), en France.