Vera Mary Brittain naît le 29 décembre 1893 à Newcastle-under-Lyme dans le Staffordshire et décède le 29 mars 1970 à Wimbledon.
Vera est une écrivaine militante féministe et pacifiste.
Son autobiographie, parue en 1933, sous le titre "Testament of Youth", eut un grand succès dès sa parution. Cette oeuvre fut notamment adaptée pour la radio et la télévision, ainsi qu'au cinéma.
La dernière adaptation de "Mémoire de jeunesse", parue en 2015, raconte son expérience personnelle durant la Première Guerre mondiale et les débuts de sa croisade pour le pacifisme...
Vera Brittain vit au sein d'une famille aisée propriétaire de papeteries à Hanley et à Cheddleton. Elle est issue de l'union de Thomas Arthur Brittain (1864-1935) et d'Edith Bervon (1868-1948).
Vera bénéficie d'une enfance confortable aux côtés de son frère Edward.
A l'âge de 18 mois, sa famille déménage pour Macclesfield dans le Cheshire.
Plus tard, lorsque Vera atteint 11 ans, les Brittain s'établissent à Buxton (ici), une station au sein du parc national du Derbyshire.
Dès l'âge de 13 ans, Vera est interne à l’école Ste Monica de Kingswood, dans le Surrey ; établissement scolaire dont sa tante est la Principale.
Après avoir surmonté les réticences de son père, Vera part finalement étudier la littérature anglaise, au Somerville College, à Oxford.
Après l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne, dès l’été 1915, elle postpose la poursuite de ses études, pour s'engager comme infirmière volontaire. Activité qu'elle assurera tout au long d'une grande partie de la Première Guerre mondiale.
Initialement mutée à Buxton, elle sera ensuite en poste à Londres, à Malte, et, pour finir, en France.
Son fiancé, Roland Leighton (ici), ses proches amis, Victor Richardson et Geoffrey Thurlow, ainsi que son frère Edward, trouveront la mort, en France et en Italie, en 1915 et en 1918.
Les lettres, échangées entre eux, seront réunies dans le livre portant le titre de "Letters from a Lost Generation".
De retour à Oxford, après la guerre, afin d'y étudier l’Histoire, Vera Brittain peine à se réadapter à la vie courante au sein de la génération d’après-guerre.
C’est alors qu’elle rencontre l'écrivaine Winifred Holtby (1898-1935). Une longue amitié s’ensuivra, alors qu’elles essaient toutes deux de se faire une place dans le milieu littéraire londonien.
Leur relation durera jusqu’à la mort précoce de Winifred, à la suite d'une insuffisance rénale.
D'autres auteures, contemporaines de Vera, seront élèves du Somerville College d'Oxford telles Dorothy L. Sayers, Hilda Reid, Margaret Kennedy et Sylvia Thompson.
En 1925, Vera Brittain épouse George Catlin, un homme politique, qui est aussi auteur scientifique et philosophe.
Leur fils, John Brittain-Catlin (1927-1987), avec lequel Vera aura des relations conflictuelles, est un artiste peintre, homme d’affaires et auteur de l’autobiographie titrant "Family Quartet", et publiée en 1987.
Leur fille, Shirley, née en 1930, sera journaliste. Ensuite de quoi, elle se lancera en politique.
Shirley deviendra ministre travailliste, en charge de l'éducation et des sciences, et pair du parti libéral-démocrate (2001-2004), puis, membre de la Chambre des Lords (ici).
Mieux connue à présent sous son identité d'épouse, la baronne Shirley Williams est membre du Council on Foreign Relations International et siège dans plusieurs autres conseils, notamment à l’École d’études politiques de Moscou et à l’International Crisis Group.
Revenons-en à Vera...
Le premier roman de Vera Brittain, The Dark Tide (La marée sombre/noire), édité en 1923, ne rencontre qu’un succès limité.
En 1933, elle publie l’œuvre qui la rendra célèbre, Testament of Youth (Mémoire de jeunesse).
Ce roman donnera suite à Testament of Friendship (mémoire d’amitié), qui sera publié en 1940 et qui rend hommage à une biographie de Winifred Holtby.
S'en suit la parution de Testament of Experience, la suite de son autobiographie, publiée en 1957, qui reprend la période de sa vie s'étendant de 1925 à 1950.
Vera Brittain écrit avec sincérité. La plupart de ses romans reposent sur des faits et des personnes ayant réellement existé.
De ce aspect, son roman "Honourable Estate" (Domaine respectable), sorti en 1936, a été en partie autobiographique. L'écriture est le moyen, pour Vera, de juguler ses démons et les profonds traumatismes liés à son vécu durant les années de guerre.
Son journal, écrit de 1913 à 1917, ne sera publié qu'en 1981, sous le titre de "Chronicle of Youth" (Récit de jeunesse).
La militante...
Dans les années 1920, elle prend régulièrement la parole dans le cadre du fonctionnement de la Société des Nations.
En juin 1936, elle est invitée à un rassemblement pour la paix à Dorchester. Là, elle partage la tribune avec le prêtre pacifiste Hugh Richard Lawrie Sheppard, George Lansbury, Laurence Housman, et Donald Oliver Soper.
Peu de temps après, Sheppard l’invite à rejoindre l’organisation non gouvernementale pacifiste britannique "Peace Pledge Union". Ce qu'elle fera en 1937.
Cette même année 37, Vera se fait membre d’une association pacifiste anglicane, l’"Anglican Pacifist Fellowship".
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle écrira "Lettres aux amoureux de la paix", en même temps qu’elle participe à l’effort de guerre en travaillant comme volontaire dans le service civil de défense.
Elle voyagera à travers l'Angleterre, afin de lever des fonds pour la campagne d’aide alimentaire, pour le "Peace Pledge Union".
Elle sera malgré tout pointée du doigt pour s’être exprimée contre les bombardements massifs de villes allemandes, dans son livret de 1944, "Massacre by Bombing".
Elle sera toutefois disculpée, par rapport à ses positions et engagement pacifistes, quand, en 1945, la liste noire des nazis (+/- 3000 personnalités) révélera qu'elle devait être immédiatement arrêtée, après l'invasion de la Grande-Bretagne, par les Allemands (Opération Lion de Mer).
A partir des années 1930, Vera Brittain collabore régulièrement, par ses articles, au magazine pacifiste "Peace news". C'est ainsi qu'elle devient membre du comité éditorial de ce magazine durant les années 1950-60.
Vera écrira, entre autre, contre l’apartheid, le colonialisme et en faveur du désarmement nucléaire.
En novembre 1966, âgée de 70 ans, Vera fait une chute dans une rue mal éclairée de Londres, alors qu’elle se rend à une conférence en qualité d’oratrice. Fracturée au bras gauche, ainsi qu'à la main, ces blessures marqueront le début de son déclin physique et mental.
Vera Brittain demeurera, sa vie durant, marquée par la mort de son frère, en juin 1918 sur le front italo-austro-hongrois.
Vera meurt, à Wimbledon le 29 mars 1970, à l’âge de 76 ans.
Son testament fait mention que ses cendres soient répandues sur le plateau d’Asiago, en Italie (ici)... Rappelant également que : "…Durant presque 50 ans, une grande partie de mon cœur était demeuré dans ce village italien".
Sa fille honorera sa dernière volonté en septembre 1970...