Le fort de Boncelles a été le témoin d’une des plus importantes batailles qui eurent lieu en août 1914 en périphérie de Liège, durant les prémices de l'incursion allemande en Belgique, lors de la bataille de Liège.
Mais avant cela...
Alors que les Français se dotent de fortifications de type Séré de Rivière durant les années 1880-90, au même moment, le général Henri Alexis Brialmont est chargé, entre autres, de la construction d'une ceinture fortifiée autour de Liège.
C'est donc en cette période-là que douze forts, implantés à une distance de plus ou moins 8 à 10 kilomètres de distance de la Cité ardente, voient le jour. Ces superstructures pour l'époque sont censées former un verrou contre toute invasion allemande... Les Belges savent leurs voisins du Nord en pleine croissance économique et militaire ; ils les devinent également dotés d'équipements de destruction bien supérieurs à eux d'un point de vue des performances.
Le béton armé est un matériau de construction moderne pour l'époque ; il remplace avantageusement la brique et la pierre de taille qui sont employés pour l'érection des édifices de défense belges.
Les forts sont disposés en cercle (ceinture) autour de Liège, et, de façon à pouvoir se défendre mutuellement grâce à la combinaison communication-artillerie, en cas d'agression.
Une couverture de feu est supposée décourager quelconque attaque ennemie au niveau de la structure proprement dite. Les Belges se sentent protégés des coups que pourrait leur porter l'artillerie teutonne.
Nous savons à présent que l'optimisme ne sera que de courte durée, d'une part, face au rejet mortel des gaz de combustion (obus) et, d'autre part,... en raison de l'efficacité de l'artillerie lourde allemande.
Dix places fortes sur 12 répondent à un profil de forme triangulaire (Barchon, Évegnée, Fléron, Chaudfontaine, Embourg, Flémalle, Hollogne, Loncin, Lantin, Liers, Pontisse et Boncelles), alors que deux autres sont de forme résolument trapézoïdale (Embourg et Chaudfontaine). Ni l'une ni l'autre des options tiendra face aux coups de boutoir des obusiers de très gros calibre, tels les 120, 210, voire 420 mm !
La bataille pour la prise de Liège a lieu du 5 au 6 août 1914, au Sart Tilman, en périphérie Sud de la ville.
En cet endroit, comme à Boncelles, la confrontation contre les Allemands sera violente, et, constituera le point d'orgue de la bataille pour la défense de la ville Liège. Le 17 août, les jeux sont faits, la ville des Princes-Evêques jette définitivement l'éponge.
La descente aux enfers...
Après la Guerre de 1939-1945, le fort de Boncelles ne sera que peu ou pas entretenu. Il ne sera guère plus, contrairement à d'autres édifices militaires, comme celui de Loncin, ouvert au public en tant que témoin privilégié des combats sanglants des premiers temps du conflit, en août 1914, et, par après, durant la Seconde Guerre mondiale, en mai 1940...
L'armée belge, propriétaire du site, utilisera toutefois l'endroit comme entrepôt.
Suite à cet abandon, l'entrée du fort sera finalement condamnée par une porte métallique, alors que les fossés seront, quant à eux, comblés dans les années 80.
Pour l'heure un lotissement borde, en amont, ce qui fut jadis les alentours dégagés de la forteresse.
Au début des années 2000, la tour de ventilation, au contour particulier rappelant celui d'un château d'eau ou d'un Panzerfaust allemand de la Seconde Guerre mondiale flanqué dans le sol, fera l'objet d'une demande de destruction.
Le symbole emblématique du site sera fort heureusement sauvé de l'anéantissement grâce à l'action énergique d'un comité de préservation du patrimoine historique local.