Lexique III
No Man’s Land
Littéralement : "la terre de personne". Ce terme désigne l’étendue de terrain ravagée et inhabitée située entre les deux lignes de tranchées adverses. Son premier emploi attesté se trouve dans une dépêche d’Ernest Swinton, militaire et correspondant de guerre anglais, le 21 décembre 1914 : "Beyond, of width varying according to the nature of the fighting and of the ground, is neutral territory, the no-man's-land between the hostile forces. It is strewn with the dead of both sides, some lying, others caught and propped in the sagging wire, where they may have been for days, still others half buried in craters or destroyed parapets" ["Au-delà, de largeur variable suivant la nature du combat et du terrain, c’est le territoire neutre, la terre de personne entre les forces adverses. Il est jonché des morts des deux camps, certains étendus, d’autres pris dans les fils barbelés, où ils peuvent se trouver depuis des jours, d’autres encore à moitié enterrés dans des cratères et des parapets détruits"] Clair et évocateur, le terme est largement repris par la suite, y compris par les combattants francophones. Il reste peu répandu parmi ceux d’origine populaire qui parlent plutôt de "bled".
Renvois à : Bled, Cratère, Parapet
Citations :
"Les patrouilles de surveillance montent la garde en avant des réseaux, s’assurent qu’ils sont intacts, sillonnent le no man’s land, le "pays de personne", qui sépare des nôtres les réseaux boches." (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 32).
Observatoire
Position élevée permettant d’avoir une vue sur le champ de bataille, particulièrement utile pour permettre les réglages d’artillerie. En 1917, on nomme parfois "bataille des observatoires" l’ensemble des combats de l’été et de l’automne sur le Chemin des Dames, entre l’offensive Nivelle d’avril-mai et celle de la Malmaison fin octobre (l’enjeu militaire est alors de s’assurer la maîtrise de la ligne de crête du Chemin des Dames).
Obusite
Nom donné en France aux affections psychologiques consécutives à l’expérience du bombardement Bibliographie : Louis Crocq, Les traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob, 1999.
Ordre du jour
Moyen dont dispose la hiérarchie militaire pour s’adresser à la troupe et aux subordonnés. Il est daté, porte un numéro et se caractérise par sa brièveté et son intention de frapper l’imagination de ceux qui vont le lire et l’entendre car un ordre du jour se lit plusieurs fois aux rassemblements des hommes. Il vise à les encourager ou à les mettre en garde contre les comportements attentatoires à la discipline. Plusieurs ordres du jour sont restés célèbres, comme ceux dont un extrait figure ci-dessous.
Citations :
"Au moment où s’engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière." (Général Joffre (commandant en chef), ordre du jour du 6 septembre 1914, bataille de la Marne) ;
"La journée du 9 avril est une journée glorieuse pour nos armes. Les assauts furieux des soldats du Kronprinz ont été partout brisés. Fantassins, artilleurs, sapeurs, aviateurs de la IIe armée ont rivalisé d'héroïsme. Honneur à tous ! Les Allemands attaqueront sans doute encore, que chacun travaille et veille pour obtenir le même succès qu'hier. Courage, on les aura !" (Général Pétain (commandant le secteur de Verdun), Ordre du jour du 10 avril 1916, bataille de Verdun) ;
"L’heure est venue. Courage et confiance. Vive la France » (Général Nivelle (commandant en chef), ordre du jour du 15 avril 1917, bataille du Chemin des Dames).
Pain K.K.
Pain de rationnement allemand (Kleie und Kartoffeln – son et pommes de terre) qui a donné lieu en France à de multiples allusions scatologiques, dans la logique de la dévalorisation de l’ennemi. Ainsi trouve-t-on ce dialogue sur une carte postale de février 1915 :
Le Petit Boche : "Maman ! K-K ! K-K !!..."
La Mère Boche : "Voyons ! Est-ce de manger que tu as envie ou bien de... le contraire !"
(voir Laurent Gervereau, Images de 1917, Paris, MHC / BDIC, 1987, p. 157).
Bal’s battalions
"Bataillons de copains" : Désignation des unités de volontaires de l’armée britannique dont le recrutement local en 1914 (à l’échelle de l’usine, du village par exemple) permettait la transposition des liens de camaraderie civils au front.
Parallèle de départ
Espace aménagé parallèlement à la tranchée de première ligne, permettant de concentrer les combattants d’une vague d’assaut (v.) en vue d’une offensive.
Parapet
Rebord de la tranchée qui fait face à la tranchée adverse. Il constitue à la fois une protection (renforcée par des barbelés et des sacs de sable) et un obstacle à escalader lors des attaques ou des départs pour patrouilles et coups de main. Une des règles primordiales de la guerre des tranchées consiste à ne rien exposer à l’adversaire au-dessus du parapet.
Renvoi à : Créneau, Parados, Pare-éclat
Citations :
"Des coups de sifflet, des hurlements, "En avant !" Et c’est l’escalade des parapets, disciplinés, lentement, masque pendant. » (attaque du 16 avril 1917, témoignage de Roger Dantoine, cité par Rémy Cazals, Claude Marquié et René Piniès, Années cruelles, 1914-1918, Villelongue d’Aude, Atelier du gué, 1998, p. 120) ;
"Nous arrivâmes au moment où, dans la pénombre, les derniers voltigeurs des bataillons de tête enjambaient les parapets dans un bruit de gamelles et de baïonnettes." (attaque du 16 avril 1917, André Zeller, Dialogues avec un lieutenant, Paris, Plon, 1971, p. 114) ;
"De temps à autre, je glisse un coup oeil au-dessus du parapet et ne vois toujours devant moi que la masse vert sombre des bois que tiennent les Boches, et la partie inclinée du terrain qui descend vers le ravin où se cache le village de Tahure." (Jacques Meyer, La Biffe, Paris, Albin Michel, 1928, p. 58.) ;
"Une balle, soudain, frappe sur le parapet, avec un claquement dur qui nous fait sonner les tympans." (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll "Points", p. 218).
Parados
Protection par un monticule de terre en arrière de la tranchée.
Renvoi à : Parapet, Pare-éclats
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Pare-éclats
Élément de protection placé de manière transversale dans une tranchée ou un boyau afin de limiter les effets de l’explosion d’un obus en arrêtant ses éclats (v.).
Renvoi à : Parapet, Parados
Citation :
"Et les tranchées elles-mêmes, en quel état nous les trouvions ! Celle où je me tenais était une sorte d’étroit sillon, à fleur du sol, toute droite, sans pare-éclats, si bien qu’une bombe éclatant à une de ses extrémités pouvait atteindre de ses fragments l’extrémité opposée." (Bloch 2006, p. 141).
Patrouille
Opération le plus souvent nocturne pratiquée en avant des tranchées de première ligne par un petit nombre de combattants, généralement dans le but de reconnaître et repérer les défenses adverses. Les patrouilles sont très risquées.
Renvois à: Coup de main
Citations :
"Notre mission consistait à maintenir par des patrouilles la liaison avec les troupes qui tenaient les pentes en face, mais ces patrouilles ne se faisaient que sur le papier, par des compte rendus fictifs, car en réalité au bout de trois jours les patrouilles auraient cessé faute de patrouilleurs." (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 288) ;
"La patrouille, c’est la chasse où l’on est chasseur et non plus seulement, dans le flot qui roule, une goutte d’eau parmi le torrent. Je sais que nous trouverons, presque au hasard, des hommes qui sauront suivre la trace du fauve d’en face et discerner ce qui défend sa tanière." (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 34).
P.C.D.F.
Abréviation de "Pauvre couillon/con du front", désignant les fantassins. Elle est employée au cours de la guerre par les combattants eux-mêmes et dénonce implicitement les "embusqués" qui arrivent à échapper au front et au danger.
Renvoi à : Biffe/Biffin
Citations :
"On ne saurait mesurer la part qu’ont eues aux récentes mutineries des p.c.d.f. (pauvres cons du front) le récit par Le Petit Parisien des soviets des soldats russes." (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 237).
Peloton
A. Dans l’infanterie correspond au regroupement de deux sections sous un commandement unique. Dans la cavalerie le peloton correspond à ce que dans l’infanterie on appelle une section.
B. Peloton d’exécution, unité militaire chargée de fusiller les condamnés à mort lors des exécutions capitales.
Citations :
"Le 24 septembre, notre compagnie se divisa. Le premier peloton s’en alla occuper les tranchées de repli. Le deuxième peloton, où je servais, demeura toute la journée derrière un petit bois tout près de la ferme du Moulinet où nous avions couché." (Bloch 2006, p. 136) ;
"Lorsque les types sont attachés aux poteaux et que les 4 pelotons d’exécutions couchent les types condamnés en joue, il semble alors que la cadence du coeur devient folle pour s’arrêter quand la salve part…" (Témoignage sur l’exécution des mutins de la 77e DI, cité par Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, p.p. 256-257) ;
"Il y en a un qui faisait partie du peloton qui est tombé en tirant son coup de fusil et qui est resté malade. Il ne voulait pas qu’on lui parle. Il disait : "Laissez-moi, je suis un assassin." (Témoignage sur l’exécution des mutins de la 77e DI, cité par Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, p.p. 256-257).
Pépère
A. Comme adjectif : se dit d’un secteur tranquille et considéré comme peu dangereux.
B. Comme nom : désigne les soldats territoriaux les plus âgés.
Renvoi à : Filon, Secteur, Territoriaux
Bibliographie : Albert Dauzat, L'Argot de la guerre, d'après une enquête auprès des officiers et soldats, Paris, A. Colin, 1918.
Citations :
"Nous recevons en renfort trois servants de la territoriale provenant d'une colonne de munitions dissoute. Ils portent les écussons du 5e lourd de Joigny. Les trois pépères sont rutilants, leur paquetage obèse. Ils s'assoient à côté de nous, tout tristes de leur nouveau sort. Un quart de jus bien chaud leur est servi par le cuistot. Mais ils sont "fatigués". Leur chef me demande, sans rire, où est la chambre à coucher. "Mais vous y êtes, cher ami", lui dis-je en lui montrant la paille étendue. Habitués à dormir tous les jours dans de bons cantonnements, très à l'arrière, souvent dans de vrais lits, ils sont tout déconcertés." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.p. 70-71, 8 février 1915).
Percée
Ce terme désigne la rupture du front adverse que l’on attend d’une offensive. Rendue presque impossible par la supériorité, dans le cadre de la guerre des tranchées, des défenseurs sur les attaquants, et par la difficulté de faire avancer renforts et artillerie sur le terrain conquis mais bouleversé par les obus, elle reste un objectif du commandement français jusqu’en 1917 (offensive Nivelle au Chemin des Dames).
"Dans son roman, significativement intitulé La percée, Jean Bernier écrit à propos de l'hiver 1914-1915 : "L'ère de la percée commençait [...] Les grands chefs s'obstinèrent à vouloir enfoncer le front allemand et durant tout le premier hiver, sans la moindre organisation, sans le plus médiocre soucis de la vie, de la mort, des souffrances de leurs soldats." (Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone, 2000 [1e éd. 1920], p.46).
Percutant
Type d’obus qui éclate lors du contact avec le sol.
Renvoi à : Fusant, Tirs d’artillerie
Citations :
"Je viens de passer un petit quart d’heure sous les obus, des percutants 105 et 150. Ils font de gros trous de trois mètres dans la chaussée. J’ai été encadré par eux ; il m’en est tombé à quatre, à quinze, à vingt pas. J’en ai mal à la tête. J’ai senti leur vent. Mes hommes me regardaient d’une grange et m’ont cru perdu." (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 326, lettre du 23
septembre 1914).
Périscope
Instrument optique composé de miroirs obliques, créé afin de pouvoir observer l’extérieur de la tranchée en direction des lignes adverses sans s’exposer aux tirs. Il existe de nombreux modèles de périscopes plus ou moins improvisés et artisanaux.
Bibliographie : Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre, Amiens, C.R.D.P., 1995, p. 29.
Citation :
"Premier réglage de tir au périscope. Cet appareil est nouveau pour moi. Je découvre des coins inexplorés dans la tranchée ennemie. La visibilité est parfaite." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 100).
Perm / Perme / Permission
La permission est une autorisation d’absence provisoire (d’une durée habituelle de huit jours) accordée aux combattants français à partir de juin 1915. Suscitant de vastes débats et une organisation matérielle conséquente, elle est attendue et espérée avec impatience par les soldats dont elle vient à constituer un ressort de la ténacité, en même temps qu’elle permet de rétablir un lien complexe avec l’arrière.
Bibliographie : Emmanuelle Cronier, "Permissions et permissionnaires", in Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre, Paris, Bayard, 2004, p.p. 591-599.
Citation :
"Je pars en permission sans avoir pu écrire aux miens pour les prévenir de mon arrivée. (…) Personne à la maison. Je me débarbouille. Ma femme arrive du marché, elle est toute saisie et pleure de plaisir." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 103, 16 octobre 1915) ;
"Le temps de ma permission écoulé, je me retrouve le 13 juin au soir sur le quai de la gare de Bayon. A l’aller, comme au retour, j’ai été frappé par l’indiscipline qui règne dans les trains de permissionnaires et les gares régulatrices." (Fernand Laponce, Journal de marche d’un artilleur de campagne, première période: la guerre de position, 1915-1917, Bois-Colombes, F. Laponce, 1971, p. 213, été 1917).
Petit poste
Poste avancé devant la première ligne de tranchée dont la fonction est de surveiller l’adversaire et de prévenir ses attaques surprises. Parfois, le petit poste est une position bien aménagée et reliée à la tranchée par un boyau. Mais d’autres fois, c’est un simple trou d’obus isolé et aménagé sommairement. Dans tous les cas, les soldats n’appréciaient guère les séjours qu’ils faisaient dans ces lieux isolés et particulièrement exposés.
"De semaine en semaine le réseau essentiel des tranchées se complète : petits postes tendus comme des antennes vers l’ennemi." (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 24) ;
"Un petit poste de la 4ème compagnie aperçoit également un détachement d’infanterie passant à proximité sur un chemin. Il ouvre le feu, quelques hommes tombent et sont emportés par leurs camarades qui gagnent les bois." (Récit d’Emile Maline, du 20e BCP, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 122, 20 août 1914).
Pièce
Synonyme de canon, ou tube. La pièce de 75 est commandée par un maréchal des logis chef de pièce. Elle est servie par six soldats : le maître pointeur qui, au moyen d’un collimateur, vise la direction voulue ; un tireur qui marque la distance demandée et qui tire les obus ; un chargeur qui place l’obus dans la culasse ; un déboucheur qui dispose d’un débouchoir pour régler la hauteur d’explosion des obus ; deux pourvoyeurs qui apportent les obus au chargeur.
Renvoi à : Batterie, Servant
Citations :
"La troisième pièce, qui présentait un gonflement, a vu son canon éclater. Les trois servants et le chef de pièce ont été affreusement blessés." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 79).
Pinard
Vin en argot militaire
Renvoi à : Gnôle, Jus
Citations:
"Ce sacré pinard, c’est encore lui qui nous fait oublier notre cafard, c’est notre meilleur copain ; c’est pas une chose avouable, mais c’est comme ça ; gare à ceux qui ne pourront pas s’en déshabituer après la guerre." (extrait d’une lettre cité dans Jean Nicot, Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918, Bruxelles, Complexe, 1998, p.p. 48-49).
Plaque d’identité
Destinée à permettre l’identification des morts et des blessés, elle indique le nom et le prénom, la classe, le bureau de recrutement et un numéro matricule. Plusieurs modèles existeront avant que soit mise au point la plaque d’identité en deux parties dont une détachable, permettant de laisser sur le corps sa référence.
Citations :
"C’était la compagne inséparable du Poilu qui devait la porter en double exemplaire, suspendus à son cou par un petit lacet noir. Mais, le plus souvent, il la portait fixée au poignet par une chaînettebracelet." (Émile Morin, Lieutenant Morin, combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, p. 325).
Poilu
Désignation des soldats français dès le début de la guerre de 1914-1918. L’origine du terme est plus claire qu’on ne le croit souvent, puisqu’il est attesté dès le XIXe siècle, pour désigner un soldat endurant et courageux, dans l’argot militaire, ainsi chez Balzac (Le Médecin de Campagne, 1833) les pontonniers de la Bérézina en 1812. Il arrive souvent que le poil soit signe de virilité, de courage ou d’expérience. L’usage massif du terme en 1914-1918 tient en outre à plusieurs éléments liés : la difficulté effective, à l’hiver 1914, de se raser, le caractère rudimentaire de la toilette au front ; l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache, la simplicité de la désignation qui permet aux journaux et à l’arrière de mettre en scène la familiarité et la proximité avec les combattants. Le terme peut être employé dans des sens très différents, d'un combattant à un autre, certains le rejetant tandis que d’autres se l’approprient. Il est fréquent que les officiers l’emploient dénotant ain i la distance qui les en séparent. Plus généralement, le terme semble employé indifféremment, comme synonyme de soldat.
Renvoi à: Biffe / Biffin, P.C.D.F.
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, presses universitaires du Mirail, 2003, p. 89.
Citations :
"Le capitaine vint vers moi et me félicita, disant à mes hommes qu'ils pouvaient me suivre avec confiance et ajoutant que j'étais un vrai poilu." (Marc Bloch, "Souvenirs de guerre", L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2006, p. 147) ;
"Animal intermédiaire entre l’homme et le chimpanzé que le XXe siècle a révélé à lui-même – le Poilu, ce monstre d’une civilisation à rebours, loque qui n’a d’humain que la faculté de souffrir."
(Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, 9 avril 1915 p.p. 366-367) ;
"(…) nous attendîmes patiemment qu’on eut trouvé de quoi nous loger. Il fallut attendre une grande heure. Certes ce n’était pas le temps qu’il fallait pour loger les vulgaires poilus que nous étions, mais pour Messieurs les Officiers c’était une autre affaire." (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 109).
Popote
Dans l’argot des combattants, désigne à la fois la cuisine roulante (v.), et le fait de cuisiner. Par extension, la popote est la réunion des personnes qui mangent en commun.
Renvoi à : Jus, Roulante, Singe
Citations :
"La popote, ce soir, est bruyante. Les nouvelles s’y précipitent : décidément nous changeons de secteur" (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, rééd. Seuil, coll "Points", p. 244.) ;
"J’avais choisi pour compagnons un mineur du Pas-de-Calais et un ouvrier parisien, deux braves garçons avec qui je m’entendais bien. Nous faisions ensemble une confortable petite popote." (Marc Bloch, " Souvenirs de guerre", L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2006, p. 148) ;
"Le capitaine et ses chefs de section font popote commune. Jusque-là j’avais presque toujours partagé la cuisine de mes hommes ; j’avais vécu de leur vie. Je les quittais maintenant [en raison d’une promotion]" (Marc Bloch, "Souvenirs de guerre", L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2006, p. 149).
Poste de secours
Lieu établi pour recueillir les blessés et leur donner les premiers soins, non loin des zones de combat. C’est la première étape de la chaîne sanitaire. Les blessés sont ensuite envoyés vers l’ambulance (formation sanitaire divisionnaire).
Renvoi à : Ambulance, Brancardiers
Bibliographie : Antoine Prost, "Le désastre sanitaire du Chemin des Dames", in Nicolas Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames, de l’événement à la mémoire, Paris, Stock, 2004, pp. 137-151.
Préparation d’artillerie.
Ensemble des tirs d’artillerie lancés avant une offensive, destinés à préparer celle-ci par la destruction des défenses (barbelés, tranchées, obstacles) adverses et par l’épreuve infligée aux fantassins. La durée et l’intensité des préparations d’artillerie varie au cours du conflit suivant l’importance que les tacticiens attribuent à la surprise (la préparation est alors courte ou absente) et à la destruction.
Citation :
"Le colonel nous réunit tous pour nous faire le speach d’usage avant chaque casse-gueule : "Dernière bataille... Victoire assurée... Préparation d’artillerie telle que les Boches seront tous tués, etc." Je veux bien le croire et irai encore de bon coeur faire tout mon devoir. Mais, plus d’excentricités, hein!" (Lucien Laby, Les carnets de l’aspirant Laby. Médecin dans les tranchées 28 juillet 1914-14 juillet 1919, Paris, Bayard, 2001, coll. "Hachette Littératures/Pluriel", p. 228).
Pruscos
Dans l’argot des combattants, désignation des Allemands, par déformation des "Prussiens". Expression héritée de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, assez rapidement supplantée par "Boches".
Renvois : Boche, Fritz
Queues de cochon
Piquets de fer qui se vissent dans le sol. Ils sont destinés à supporter les réseaux de fils de fer. Les installer fait moins de bruit que lorsqu’il fallait, au début de la guerre, enfoncer les piquets en tapant.
Renvois : Barbelé, Brun (réseau)
Rameau (Guerre des mines)
Galerie étroite qui mène à la chambre de mine. En cas de nécessité - neutraliser en urgence une mine ennemie par un camouflet par exemple - le rameau pouvait être lui-même chargé d’explosif avant même le creusement de la chambre.
Renvoi à : Entonnoir, Fourneau
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de
Vauquois et de sa région, mai 2004
Rata
Initialement, abréviation de ratatouille ; désigne dans l’argot des combattants un ragoût de pommes de terre ou de haricots, ou plus généralement un ragoût quelconque.
Renvoi à : Popote, Roulante, Singe
Citations :
"ils venaient dans nos tranchées ramasser les bouts de pain qui traînaient ou frotter le rabiot de rata qui restait au fond des plats" (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 99) ;
"Nouvelle interruption : le déjeuner : rata de boeuf avec des patates et quelques choux-raves." (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 125).
"Nous arrivons [au repos] à 23 h 20, logés dans des appartements avec un peu de paille ; nous ne serons pas trop mal et réparerons un peu les souffrances que nous avons subies dans la boue, la pluie et le froid et un léger ravitaillement toutes les nuits à 23 h : le bouillon ou rata était souvent plein de terre, nous ne le voyions pas, mais nous le sentions aux dents ; malgré cela on nettoyait le fond de la marmite." (Léopold Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, "La Mémoire de 14-18 en Languedoc", 1980, p. 37, Artois, octobre 1915).
Régiment
Unité composant la division (4 puis 3 par division en France en 1914-1918), un régiment regroupant 3000 à 4000 hommes, sous le commandement d’un colonel. Le régiment est l’unité qui dispose sans doute des plus forts marqueurs identitaires : surnom (le 152e RI devient le « quinze-deux » par exemple), drapeau, hauts faits consignés dans des historiques, attachement possible des combattants à un chef emblématique.
Renvoi à : Brigade, Bataillon, Colon, Compagnie, Division, Escouade, Section
Citations :
"Le témoignage de J. du Fontenioux commence ainsi : "But : fixer des souvenirs. Soucis : 1) ne dire que ce que j’ai vu par moi-même 2) éviter la littérature 3) procurer une petite contribution à l’histoire d’un régiment qui n’a jamais reculé [le 125e RI]." Joseph Du Fontenioux, Mon carnet rouge, 1er août 1914 – 12 février 1918, Domont, Communauté des Carmélites, 1997, 2 vol., vol. I p. 3.
"(…) Nous repartons pour Serches – où nous arrivons le soir. Entrée triomphale du régiment: les poilus, couverts de boue, défilent, musique en tête, avec des fleurs au bout de leurs fusils." (Lucien Laby, Les carnets de l’aspirant Laby. Médecin dans les tranchées 28 juillet 1914-14 juillet 1919, Paris, Bayard, 2001, coll. "Hachette Littératures / Pluriel", p. 253, 9 mai 1917) ;
"Les régiments d’infanterie en ont complètement marre et une grande partie refuse de monter; c’est à cause de cela que Paul est au mont Haut, ceux qui devaient y aller ayant refusé de monter. (...) Je crois que la guerre va bientôt finir car les régiments se révoltent et ne veulent plus marcher du tout ; il n’est pas trop tôt." (Fernand Maret, Lettres de la guerre 14-18, Nantes, Siloë, 2001, p. 211, 16 juin 1917).
Régiment de ligne
Terme encore employé en 1914 mais devenu obsolète. Sous Napoléon III, il désignait l’ensemble des gros régiments d’infanterie pour les différencier des Bataillons de Chasseurs à pied et des unités légères formées en Algérie comme les turcos, les tirailleurs, les zouaves, etc.
Relève
La relève est le remplacement d’une unité par une autre dans les tranchées. Opération dangereuse car bruyante et conduisant au regroupement d’un grand nombre de combattants, elle se fait généralement de nuit. Sa périodicité n’est pas fixée strictement, mais une unité en première ligne est généralement relevée au bout de quatre à sept jours. La relève s’effectue par les boyaux.
Renvoi à : Boyau, Descendre, Monter
Citations :
"La relève se fait naturellement la nuit tombée, pour éviter le repérage de l’artillerie." (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 97) ;
"Les relèves étaient pénibles. Elles se faisaient de nuit, et par des nuits ordinairement très noires. Nous glissions sur le sol imprégné d’eau." (Bloch 2006, p. 157) ;
"Huit jours de tranchées / Huit jours de souffrance / Pourtant on a l’espérance / Que ce soir viendra la relève/Que nous attendons sans trêve/Soudain, dans la nuit et dans le silence / On voit quelqu’un qui s’avance / C’est un officier de chasseurs à pied / Qui vient pour nous remplacer / Doucement dans l’ombre / Sous la pluie qui tombe/Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes…" (Chanson de Craonne [link]).
Repos
Situation des troupes combattantes qui ne sont pas affectées aux lignes. Le terme est souvent trompeur car le repos est généralement émaillé d’exercices, de manoeuvres et de cérémonies (défilés, prises d’armes, etc.) qui ne permettent pas réellement aux combattants de se reposer. Pour désigner le repos véritable accordé aux unités durement engagées est créée durant la guerre l’expression "Grand repos".
Réseaux : Barbelé, Brun
Rimailho
Canon français court de calibre 155, du nom de son concepteur.
Renvoi à : Calibre, Pièce
Citations :
"La bataille prend de l’ampleur, nos pièces tirent sans arrêt ainsi qu’une batterie à tir rapide de 155 Rimailho gun. C’est un canon court d’une portée de 8 km et qui, paraît-il, fait beaucoup de mal à l’ennemi. Ses obus passent au-dessus de notre tir et cela nous réjouit d’entendre leur flou flou."
(Paul Mencier, Les cahiers de Paul Mencier, Guilherand, La plume du temps, 2001, p. 45) ;
"Nous avons avec nous des artilleurs du 5e lourd de Valence (canons Rimailho 155 court : les Boches ne l’aiment pas celui-là) » (Marcel Papillon, "Si je reviens comme je l’espère" Lettres du front et de l’arrière 1914-1918, Paris, Grasset, 2004, p. 96, 20 février 1915).
Rosalie
Personnification de la baïonnette apparue dans une chanson de Théodore Botrel intitulée, Rosalie, chanson à la gloire de la terrible baïonnette, au début de la guerre et repris par l'arrière. Du côté des combattants, comme souvent, certains l'emploient indifféremment mais la plupart le rejettent.
Citation :
"Le Poilu classique [des journaux] a un culte, celui de sa baïonnette, que l'on nomme, paraît-il (je l'ai appris par les journaux) Rosalie. Il faut voir les misérables Boches se sauver, comme des lapins, devant le Poilu classique armé de sa classique Rosalie [...] Comme elles sont loin [de nous] les histoires de Rosalie... Et combien elles apparaissent navrantes, vues d'ici, de loin et de haut" (Paul Fiolle, La Marsouille, Paris, Payot, 1917, p. 211-212).
Roulante
C’est initialement la cuisine roulante de compagnie, mobile, qui permet de préparer le ravitaillement des combattants à proximité des premières lignes.
Renvoi à : Popote
Citations :
"Les tuyaux de la roulante nous apprirent qu’on devait attaquer la position dite du Chemin des dames, puis marcher sur Laon, et, de là, vers la frontière. J’ai écrit: les tuyaux de la roulante. Je vais éclairer ma lanterne. La roulante (bien entendu, la cuisine roulante), constituait pour nous le trait d’union entre nos lignes, où nous étions isolés de tout, et le même monde extérieur, ou intérieur. A chaque distribution de vivres, c’est-à-dire chaque nuit, les hommes de corvée apportaient les dernières nouvelles du dehors." (Antoine Grillet, Fantassin, souvenirs de guerre 1914-1919, Paris, Payot, 1932, p. 92.) ;
"Les cuisiniers de compagnie disposent presque tous d’une vaste cuisine roulante munie d’une chaudière, de deux marmites et d’un four. C’est tout ce qu’il faut pour varier les menus, des daubes aux rôtis, et des mirotons aux ragoûts." (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p. 41-42).
Saint-Etienne
Fabriquée par les manufactures d’armes de Saint-Etienne, la mitrailleuse modèle 1907-T est l’arme de ce type la plus répandue parmi les unités de l’armée française au début de la guerre. Malgré sa cadence de tir importante (600 coups/minute), son manque de fiabilité conduira à en cesser la production en 1917, au profit de la mitrailleuse Hotchkiss 1914.
Renvoi à : Chauchat, Hotchkiss, Lebel, VB
Bibliographie : Jean Huon, Les armes françaises en 1914-1918, Chaumont, Crépin-Leblond, 2005, p. 38.
Saluer
A. Effectuer le salut réglementaire dû aux supérieurs par les subordonnés.
B. Dans l’argot militaire, désigne le fait de se baisser ou de se coucher au passage d’un projectile (balle, obus).
Sammies
Désignation des soldats américains. Le terme est créé sur le modèle des "Tommies" désignant les soldats britanniques.
Renvoi à : Tommy / Tommies
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, p. 97.
Sape
Dans le vocabulaire de la guerre de siège, la sape est une tranchée profonde (parfois couverte, mais jamais souterraine) permettant la circulation à l’abri des vues. Dans la guerre des tranchées, ce sens correspond généralement à celui des boyaux (v.) et le terme de sape est souvent improprement employé pour désigner galerie souterraine pour fourneaux de mine ou abri souterrain.
Citation :
"A 10 heures, nous recevons de PC 3 un coup de téléphone : un obus de gros calibre est tombé sur la sape où étaient installés le médecin aide-major et les deux infirmiers" (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4 août 1914, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 60, 21 novembre 1915).
Sapeur
Soldat de 2e classe du génie. Leur insigne distinctif est constitué par deux haches en sautoir cousues sur la manche.
Saucisse
A. En argot des combattants, ballon d’observation. Le nom vient de la forme allongée de ces ballons.
B. En argot des combattants, désignation des projectiles allongés d’artillerie de tranchée (sens plus rare que le précédent).
Renvoi à : Aéro, Zeppelin
Citation :
"Marmitage de la batterie qui écope de 56 obus de 150. La saucisse boche était haut dans le ciel . Elle a réglé le tir mais les artilleurs devaient être novices car l’arrosage a été d’un effet nul." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 98) ;
"(…) écouter avec inquiétude les crapouillots et les "saucisses" (bombes) sont les principales occupations (…)" (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 407).
Schilt (appareil / section)
Lance-flamme de fabrication français composé d’un réservoir de 80 litres de pétrole et d’une lance permettant un jet d’une portée maximale de 35 mètres. La mise à feu se fait au moyen de grenades.
Les sections schilt
sont les unités spécialisées dans le maniement de ces lance-flammes
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Séchoir
Dans l’argot des combattants, désignation des barbelés. L’expression vient de ce que les soldats tués lors d’une offensive pouvaient "sécher" sur les barbelés dans lesquels ils étaient pris.
Renvoi à : Barbelé
Secteur
Portion du front à laquelle est affectée une unité pour un temps donné. Le secteur peut être dit calme, tranquille ou "pépère", ou au contraire dur et dangereux.
Renvoi à : Filon, Pépère
Citations :
"Le secteur est assez calme, pas de tir d’artillerie, on ne se croit pas en guerre après la fournaise que nous venons de passer." ("Il fait trop beau pour faire la guerre". Correspondance de guerre d’Elie Vandrand, paysan auvergnat (août 1914 – octobre 1916), présentée par Marie-Joëlle Ghouati-Vandrand, Vertaizon, La Galipote, 2000, p. 178, Vosges).
"Nous voici au front : mais ce front-ci ne ressemble pas aux autres, aux précédents que j’ai connus. Il fait partie de ce que l’on nomme les "secteurs tranquilles", je n’imaginais pas qu’il put y en avoir qui le soient à ce point, et évidemment ceux qui ont vécu ici avant nous pendant 15 mois (!) ne peuvent pas avoir une idée de la guerre. Notre tour est venu de jouir de ces avantages." (Louis Birot, Carnets. Un prêtre républicain dans la Grande Guerre, Albi, FSIT, 2000, p. 221, février 1916).
Section
La section est la subdivision de la compagnie et comprend environ 65 hommes. Elle est généralement commandée par un sous-lieutenant.
Renvoi à : Bataillon, Compagnie, Division, Escouade, Régiment
Citation :
"Conduire une section est un travail intellectuel constant, préoccupant, qui distrait du danger. Au premier obus percutant qui a soulevé devant nous un nuage de fumée noire, j’ai fait saluer mes hommes. A partir de ce moment, je les ai eus en mains. Je me suis, m’a-t-on dit, conduit comme un vieux sous-lieutenant. (…) On m’a ordonné de venir à l’E.M. du nouveau Colonel, j’ai refusé . Je suis resté avec ma section, nous couchons dans les bois…" (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 319, lettre du 29 août 1914).
Servant
Terme d’artillerie qui désigne ceux qui sont directement chargés de la mise en oeuvre d’une pièce.
Renvoi à : Batterie, Pièce
Citations :
"Ma première pièce est amenée. Mais le mur gêne pour la seconde. Qu’à cela ne tienne ! En un instant, d’une salve, les servants pratiquent une embrasure qui dégage la visée de tir." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.45) ;
"Deux mortiers de 220 en profitent pour s’installer non loin de nous. Quel matériel, il faut pour ces deux monstres ! Les servants sont de véritables athlètes. Un obus de 200 pèse plus de 100 kg." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 59).
Shell-shock
Littéralement le "choc de l’obus" : nom donné par les Anglo-saxons aux affections psychologiques consécutives à l’expérience du bombardement.
Renvoi à : Obusite.
Shrapnel
Arme antipersonnel : obus rempli de projectiles, du nom de l’inventeur du minuteur qui provoque l’explosion, le général anglais Henry Shrapnel. L’orthographe du terme est variable dans les témoignages. L’obus libère 200 à 300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué. Par extension, on appelait aussi shrapnells les éclats d’obus.
Bibliographie : Bill Rawling, Survivre aux tranchées. L'armée canadienne et la technologie (1914-1918), Outremont (Québec), Athéna, 2004, p. 135-136.
Citations :
"Les obus tombent dur. Une fois, j’attrape une grêle de shrapnells sur le dos ; heureusement qu’il [l’obus] avait éclaté un peu trop haut et ils ne me font pas de mal." (Léopold Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, "La Mémoire de14-18 en Languedoc", 1980, p. 33) ;
"Les obus nous suivent, marmites et shrapnells. Trois fois, je me suis trouvé en pleine gerbe d’un shrapnell, les balles de plomb criblant la terre autour de moi, fêlant des têtes, trouant des pieds ou crevant des gamelles" (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll. "Points", p. 39).
Singe
Dans l’argot des combattants, désignation du boeuf et plus généralement de toute viande en boîte de conserve ; le "singe" est fréquemment critiqué pour sa mauvaise qualité (que le mot même suggère).
Citations :
"Il me tend le singe et dit : - Sers-toi. Je prends ma part de la pointe du couteau et la pose sur un biscuit; je lui repasse la boîte, il se sert à son tour et tous les copains de l’escouade se servent aussi. La bouche pleine, je mâche interminablement pour ne pas avaler et je les regarde. Quelques-uns font semblant de manger, mais la plupart se nourrissent de bon coeur. Ils goûtent, en effet, une des joies marquantes de leur vie toute physique. Avant la guerre, la joie du corps était beaucoup pour eux ; maintenant elle est tout" (Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone, 2000 [1e éd. 1920], p. 176).
"Les musettes farcies d’indigestes biscuits et de boîtes de "singe", le tout pour trois jours…" (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 157).
Soixante-quinze / 75
Désignation du canon français le plus utilisé et considéré comme un des plus efficaces, dont le calibre, c’està-dire le diamètre de la pièce à son embouchure, est de 75 mm. D’une cadence de tir potentielle de 20 coups par minute (en pratique, 8 coups par minute) il est précis à plus de 6000 mètres de distance, et relativement mobile en raison de sa légèreté. Désigné comme emblématique de la modernité technique de l’armée française, il est doté de vertus miraculeuses par la presse (v. Bourrage de crânes) et parfois par les
combattants eux-mêmes, même si ses limites face aux retranchements solides apparaissent rapidement.
Renvoi à : Batterie, Pièce
Bibliographie : Christian Benoît, Le canon de 75 : une gloire centenaire, Vincennes, Service historique de
l'Armée de terre, 1996.
Citations :
"Silencieux, nos hommes regardent. Une détonation soudaine, nette, impérieuse, fait passer parmi eux un frémissement. Trois autres s’enlèvent à la file avec la même vigueur allègre, et de petits obus rageurs, sifflant pointu, jettent par-dessus nous leurs trajectoires rigides. Des rires d’enthousiasme les saluent: "Ah! vieux, pour péter comme ça, y a que l'soixante-quinze!" ». (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points », p. 189.) ;
"Le concert est formidable: les 75 tapent si fort et si dru que le fracas des grosses marmites boches se perd dans leurs rugissements: Leurs "ping" sinistres et rageurs déchirent le tympan, mais on finit par s’y habituer: on les trouve même harmonieux,tellement on les désire lorsque pendant trois heures on s’est senti comme écrasé sous les éclatements formidables des grosses marmites." (Paul Tézenas du Montcel, Dans les tranchées. Journal d’un officier du 102e Territorial, Montbrison, Eleuthère Brassart, 1925, p. 95) ;
"Je vais aux tranchées. Les barbelés n’ont pas été coupés comme prévu. Les officiers estiment que le 75 n’est pas fait pour cela. Son obus, d’une efficacité terrifiante sur du personnel en mouvement ou sur du matériel peu abrité, ne peut rien contre des retranchements sérieux. Il faut réviser les méthodes du temps de paix." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 81).
Stosstruppen
Mot allemand signifiant troupes de choc. Troupes d’assaut envoyées par les Allemands comme avant-garde
dans les attaques.
Bibliographie : Relation traduite en française d’une opération de Stosstrupp dans La Vosgienne, 1917-1918.
Une compagnie franche dans la Grande Guerre. Souvenirs du Lieutenant-Colonel Bon de la Tour, éd. Jean-
Claude Fombaron et Yann Prouillet, s.l., Société philomatique vosgienne, 2000, p. 89-90.
Taube (Mot allemand qui signifie pigeon)
Avion allemand monoplan dont la forme générale rappelle celle d’un oiseau en plein vol. (Larousse Universel en 2 volumes, Paris, Larousse, 1925)
Renvoi à : Aéro
Bibliographie :
Citations :
"Par-ci par là, on tirait bien des coups de canon vers la lune, les projecteurs jouaient à cache-cache avec les « Taubes » qui ne disparaissaient comme les oiseaux nocturnes que lorsque le soleil venait relever la lune dans le firmament" (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 405) ;
"De ma fenêtre, j’aperçois à une hauteur prodigieuse, deux mille mètres au moins, une sorte de
libellule aux ailes argentées, sillonnant le ciel pur d’un soleil couchant : c’est l’avion allemand, un
"Taube". Place de Passy, grande joie du public, curieux du nouveau spectacle." Arthur-Lévy, 1914.
Août - septembre - octobre à Paris. Paris, Plon, 1917, p. 115.
Territoriale
Fraction de l’armée composée d’hommes âgés de plus de trente-quatre ans. Ils sont affectés dans des régiments spécifiques (RIT) et généralement à des secteurs tranquilles ou des travaux à l’arrière, même s’il peut arriver qu’ils soient exposés au danger des premières lignes (v.). Les soldats de la territoriale sont dénommés les "territoriaux" et surnommés les "pépères" (v.).
Renvoi à : Active, Pépère
Bibliographie : André Bach, Fusillés pour l’exemple 1914-1915, Paris, Tallandier, 2003, chap. II.
Citations :
"Un homme, territorial actuellement, c’est-à-dire plus un gamin, cherche à côté s’il ne reste pas quelque vieux gourbi habitable : "Tu ne voudrais pas que je couche là ?" disait-il en causant au caporal qui cherchait son escouade." (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 235) ;
"A ce moment s’avançait un groupe de territoriaux, cantonniers nocturnes, pelles et pioches pacifiques sur l’épale allant déjà à la première accalmie déblayer, réparer les dégâts du bombardement aux chemins, aux passages qu’à tout prix il fallait maintenir praticables (…) Ce rôle des territoriaux n’était pas sans péril et souvent quelques-uns arrosaient de leur sang la boue qu’ils remuaient ; ils jalonnaient de petites croix ces chemins funèbres." (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 386-387).
Tirailleur
A. Unités de l’armée française composées de soldats issus des colonies (tirailleurs sénégalais, etc.) .
B. Progresser "en tirailleurs" : cette expression signifie qu’il faut prendre de grandes distances entre chaque homme et progresser en utilisant le terrain. Cela permet grâce à cette dispersion de se protéger, de se camoufler et de diminuer les pertes sous les tirs d’artillerie .
Citations :
"Au jour, la section d’avant-poste est attaquée par des forces supérieures. Elle bat en retraite sur Bréménil d’où nous sortons pour nous installer en tirailleurs sur les crêtes à droite de la route en venant de Badonviller." (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4 août 1914, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 15) ;
"Hier, nous avons vu les tirailleurs algériens, et ce sont des géants auprès de nous ; je comprends la terreur des Allemands devant de pareils gaillards" (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées.
Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p 72).
Tirs (d’artillerie)
En fonction de leur objectif, les tirs d’artillerie portent des noms différents :
Le tir de démolition ou de destruction vise la destruction brutale et complète d’un objectif, par un tir fourni et ajusté, avec des projectiles explosifs percutants. Le tir d’écrasement est un tir de démolition de densité particulièrement forte. Le tir d’efficacité est un tir sur zone, dense et rapide, effectué immédiatement après le réglage. Le tir d’encagement désigne un tir en tenaille (donc produit par au moins deux positions d’artillerie) au plus près de l’ennemi et sur une zone réduite. Le tir d’enfilade vise une position ou un cheminement sur la plus grande longueur, généralement de flanc. Le tir d’interdiction a pour effet d’interdire la circulation en un point de passage alors que toute surveillance est impossible (zone invisible des observatoires, temps de brume ou de nuit). Le tir de neutralisation cherche, quand la destruction des organisations ennemies est impossible, à neutraliser le personnel de ces organisations en l’obligeant à demeurer dans les abris et en le démoralisant par la violence du bombardement..
Renvoi à : Barrage, Batterie, Pièce, Servant
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Tommy / Tommies
Surnom des soldats britanniques, en particulier durant la Première guerre mondiale. L’origine du terme fait débat, mais il est attesté dès le XVIIIe siècle sous la forme "Tommy Atkins". Avant la guerre de 1914-1918, son usage est déjà répandu (1892, poème "Tommy" de Rudyard Kipling). Durant le conflit, le terme est également utilisé par des soldats français et allemands. C'est l'équivalent du "Poilu" pour les britanniques, avec des connotations différentes.
Renvoi à : Poilu, Sammies
Torpille
Projectile d’artillerie, en particulier d’artillerie de tranchées.
Renvoi à : Crapouillot, Marmite, Minen
Citations :
"La torpille est un engin dont la portée varie de 200 à 1.000 mètres, selon le calibre, et qui se tire comme un obusier, sous un angle très court. Elle est constituée d'une mince enveloppe renfermant une énorme charge de mélinite. En outre, elle est de forme allongée et munie d’une queue et d’ailes. La queue seule s’enfonce à l’intérieur de la pièce et repose sur la charge de poudre qui la projette. Les ailes sont-là afin de conserver la direction et la trajectoire au projectile. Côté français, il en existait de 18, 40 et 100 kilos. Les Allemands en possédent de petits d’un kilo, qu’ils lançent à la façon de grenades. La torpille progresse lentement dans les airs. Après le coup du départ de la pièce, on peut aisément la voir grimper, presque à la perpendiculaire ; elle est particulièrement audible, on la reconnait au bruit particulier que fait l'air en passant au travers des ailes qui tournent. Il est donc aisé de déterminer le point d'impact du projectile et de s'en préserver. Le dispositif de mise à feu est de type retardé ; l'ogive s’enfonce profondément en terre, dans un grand fracas. Elle crée de véritables cratères. Elle est surtout employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées." (C’est à Craonne, sur le plateau…, Journal de route 1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne, FAOL, "La Mémoire de 14-18 en Languedoc", 1997, p. 55-56, Vosges, août 1916).
Totos
Nom donné aux poux ou plus généralement aux parasites dans l’argot des combattants.
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, presses universitaires du Mirail, 2003, p. 108.
Citations :
"Hier, j'ai tué au moins 50 totos. Je voudrais faire photographier la section un beau matin, tous en train de faire la chasse aux totos, sans chemise. Cette carte aurait du succès. » (extrait d'une lettre de fin 1917, d'un homme du 11e RI, VIe Armée, cité dans Jean Nicot, Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918, Bruxelles, Complexe, 1998, p. 42, n.9) ;
"[Les puces sont] plus voraces et plus remuantes [que les poux] ; et c’est une véritable torture quand elles exécutent leurs sarabandes du cou jusqu’aux chevilles." (Émile Morin, Lieutenant Morin, combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, p. 160).
Tranchée
Voir : Abri, Boyau, Ligne, Parados, Parapet, Pare-éclats, Sape
Trou d’obus
Voir : Cratère, Entonnoir
Tube
Synonyme de canon, terme plus particulièrement employé par les artilleurs.
Renvoi à : Batterie, Pièce Bibliographie : Voir les titres des deux ouvrages de Paul Lintier, Ma pièce, souvenirs d’un canonnier (1914) et Le tube 1233, souvenirs d’un chef de pièce (1915-1916), parus chez Plon en 1916 et 1917.
Tuyau(x)
Terme d’argot désignant les rumeurs, possédant de nombreux synonymes ("bruits", "bobards", "ragots",…). Le développement du phénomène des rumeurs de tranchées, précocement identifié par Marc Bloch, est étroitement lié à l’impossibilité quasi totale pour les soldats d’obtenir des informations permettant un jugement global de la situation militaire entrant en conflit avec « besoin humain de donner un sens à des événements qui en manquent » (F. Rousseau, La guerre censurée, p. 20). Les rumeurs se développent alors
pour tenter de compenser ce vide informationnel.
Renvoi à : Bobard
Bibliographie : Marc Bloch, "Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre", L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2006 [1e éd. 1921], pp. 293-316.
Citations :
"- Ho ! fiston de la fistonnerie, quoi de nouveau dans ces vieilles babillardes des familles ? - Garde à vous ! derniers tuyaux : on se bat maintenant en plaine vers Lens et la percée est faite. Du moins en l’esprit ; je me laisse dire que soixante-douze mille cavaliers on fait masse : ça n’est pas dans le communiqué, mais il paraît que c’est certain." (André Pézard, Nous autres à Vauquois (1915-1916), Paris, La Renaissance du livre, 1930 [1918], p.192)
Uhlan(s)
Principale composante de la cavalerie légère allemande, les Uhlans sont généralement employés en tant qu’éclaireurs. Déjà existante en 1870, cette unité a profondément marqué l’imaginaire collectif des Français dans la période séparant la guerre franco-prussienne de la Première Guerre mondiale, en particulier dans les régions envahies par les armées de Bismarck. Associés, pour des raisons surtout subjectives, aux massacres et aux pillages, l’apparition des Uhlans, annonçant l’arrivée probable dans un délai bref de troupes plus nombreuses, suscite généralement l’angoisse et parfois la panique dans les populations civiles, et l’inquiétude chez les soldats.
Citation à :
"Des hauteurs, on aperçoit des patrouilles de uhlans vers Petitmont" (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4 août 1914, à Ancerviller in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 14) ;
"25 août 1914 – (…) Et voilà que tout d’un coup, dans la nuit, une voix angoissée crie : "Les uhlans !" et sans attendre un ordre les hommes se précipitent en criant "Les uhlans !" Certains, pour mieux fuir, jettent sac et fusil." (Paul Ramadier "Carnet de guerre (15 août 1914 – 11 novembre 1914)", Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p. 409).
Vaguemestre
Militaire chargé de la distribution du courrier aux armées. Son arrivée est espérée et guettée par les combattants qui attendent les lettres et colis constituant leur lien avec l’arrière.
Renvoi à : Colis
Citations :
"Le vaguemestre va partir, je termine malgré moi et je n’ai même plus de papier pour recommencer une autre lettre !" (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 84) ;
"Le brigadier vaguemestre et son planton arrivent, surchargés de courrier. Chacun a son message. Ah ! cette première distribution après un mois de lourd silence ! On s’isole pour lire plus intimement le cher courrier." (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 43, 4 septembre 1914).
V.B.
Grenade Viven-Bessières de Viven (industriel) et de Bessières (ingénieur arts et métiers) qui la mettent au point en 1915. Elle s’adapte sur un tromblon fixé à un fusil Lebel. La balle enflamme l’amorce, tandis que le gaz de la cartouche en se détendant projette la grenade. Elle explose au bout de sept secondes à une distance variable selon l’angle de tir. Sa portée maximale est de 200 m environ.
Renvoi à : Chauchat, Lebel
Bibliographie : Patrice Delhomme, Les grenades françaises de la Grande guerre, Paris, Hégide : 1984, p.p. 128-129).
Citations :
"Notre tranchée s’illumine sur la droite : une fusillade violente roule tout autour de nous. Les grenades VB s’abattent sur les communs, sur le mur du jardin, partout, et dans les lueurs vives qu’elles lancent, la maison surgit toute entière, plus sinistre que jamais." (Georges Gaudy, L’agonie du Mont-Renaud, Paris, Plon, 1921, p. 163).
Voie de 0,60
Chemin de fer léger, posé par l’armée dans la zone du front pour faciliter le transport du matériel. A l’occasion de la préparation d’une offensive, le génie multiplie la pose des voies de 0,60m de largeur dans la région de l’attaque. Les wagonnets pouvaient être tirés par des chevaux ou par de petites locomotives, désignées comme les "Decauville". Decauville pouvait aussi s’appliquer à la voie : "voie Decauville". Si l’écartement le plus fréquent est celui de 0,60m, il existait aussi des voies de 0,40 et 0,50.
Ypérite
Surnom du gaz de combat mis au point en 1917 par l’Allemagne et utilisé pour la première fois dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917 dans la région d’Ypres (Belgique). Surnommé également "gaz moutarde" en raison de son odeur, son action se fait à travers la peau, ce qui rend partiellement inopérante la protection des masques ; de plus ce gaz a pour caractéristique de contaminer durablement les zones dans lesquelles il est utilisé.
Renvoi à : Gaz
Bibliographie : Olivier Lepick, La grande guerre chimique, Paris, PUF, 1998.
Citations :
"L’ypérite est la plus diabolique invention de cette guerre. Ni Jules Verne, ni Wells n’imaginèrent jamais de méthode de combat plus étrange. La réalité fut plus inventive que l’imagination. Un jour d’août 1917, des batteries françaises devant Verdun furent marmitées avec des obus à gaz. Le marmitage cessa. Des hommes sortirent des abris pour manoeuvrer les canons. Quelques heures après, leurs mains étaient brûlées. L’un d’eux rapporta une couverture qu’il avait laissée à l’extérieur et se coucha dessus : le lendemain, son côté était brûlé et quelques jours après il mourait. Trois jours après, un officier pissait dans un trou d’obus : le lendemain ses parties étaient brûlées et avaient pris la forme d’un énorme boudin. A Reims, des obus semblables tombaient. Comme ce gaz se combine avec l’humidité, des femmes avaient l’entrejambe brûlé, pour avoir, quelques heures plus tard, traversé le terrain ypérité. Une femme qui se sauvait en chemise, pour avoir passé une culotte ypéritée, mourait dans des douleurs de Nessus." (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 238-239).
Zeppelin
Ballon aérien allemand, du nom de Ferdinand von Zeppelin (général et aéronaute allemand, 1838-1917). La carcasse rigide des zeppelins est en aluminium ou en duralumin. Elle comprend un certain nombre de cellules dans chacune desquelles se trouve logé un ballon à gaz. Le tout est recouvert d’une enveloppe de toile imperméabilisée. Les dirigeables ont un volume de plus de 20.000 m3 avec 150 mètres et même 180 mètres de longueur. Trois ou quatre moteurs de 260 CV les actionnent et ils comptent jusqu’à 30 hommes d’équipage.
Renvoi à : Aéro, Taube
Citations :
"Lundi 22 mars 1915 – St-Jean s/ Tourbe – (…) Au milieu de toutes les horreurs du front, une nouvelle circule. Plusieurs zeppelins ont survolé Paris et lancé des bombes. Il y a des victimes." (Albert Anterrieux, "Journal de route de la guerre (1915)", Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p. 377) ;
"24 août 1914 - (…) Les Allemands approchent, dit-on. Un zeppelin est venu vers 4 heures reconnaître notre position. Mais on ne croit pas encore le combat imminent." (Paul Ramadier "Carnet de guerre - 15 août 1914 – 11 novembre 1914", Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p. 401) ;
"5 décembre 1914 – Beau – Les zeppelins L7 passent au-dessus du camp très bas, voyons clairement les passagers". Les zeppelins L7 passent au-dessus du camp très bas, voyons clairement les passagers." (Les Carnet de captivité de Charles Gueugnier 1914-1918, présentés par Nicole Dabernat-Poitevin, Accord édition, 1998, p. 26.