Le cimetière militaire belge de Rabosée est situé sur la partie élevée du bois du Thier à Wandre, sur les hauteurs dominant la Meuse, Cheratte, et l'usine actuelle de Cockerill Sambre Chertal.
L'endroit abrite les dépouilles de 213 soldats belges, dont 25 inconnus.
La nécropole fut érigée en 1925, à partir d'éléments de construction recyclés (Pont Maghin dynamité le 4 août 1914 par le génie belge), au sommet d'une colline toujours actuellement parsemée de reliquats de tranchées relevant des préparatifs belges, ou encore, de trous d'obus resultant des terribles combats des 5 et 6 août 1914.
On doit, respectivement, à l'architecte J. Moutschen l'agencement du lieu ; à F. Close, les sculptures et à Alexis Fivet, la statuaire.
Rabosée est un endroit intimement attaché aux hauts faits d'armes particulièrement meurtriers et inhérents aux premiers jours de la guerre, à hauteur de la ceinture défensive de Liège.
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Le plateau est situé entre les vallées de la Meuse et de la Julienne (rivière), non loin du carrefour des "Quatre-Bras" ; lieu situé à la jonction des axes routiers (N-S) Liège-Hoignée et Wandre-Barchon (Ouest-Est).
Lors des combats...
A la tête du 14e régiment de Ligne, le major Clerdent commande, depuis son QG installé à la croisée des Quatre-Bras, un groupe armé improvisé à la hâte, pour tenter de ralentir, voire stopper l'avancée teutonne en ce point particulier de la percée allemande qui porte, plus généralement, en tous points du front, dans les interstices qui séparent les 12 forts.
Sur son flanc gauche, l'officier dispose d'une redoute défendue par la 2e compagnie du 1er bataillon du 9e régiment de Ligne "de forteresse" tout droit arrivé en renfort de Bruxelles le 29 juillet, et, supervisée par le commandant Van Deun.
Au centre de son dispositif, de part et d'autre de l'axe routier Liège-Hoignée, la 3e compagnie est disposée, sous la responsabilité du commandant Lardinois du 14e régiment de Ligne (1er bataillon).
Sur la droite, répartie à califourchon sur la route de Housse, se trouve la première compagnie du 14e de Ligne, dirigée par le commandant Malevez.
Le dispositif compte un total d'environ 450 à 500 hommes.
Chaque tireur dispose de 400 cartouches, pour affronter la 27e brigade allemande du général von Wussow qui leur fait face.
La petite armée ennemie, qui compte en son sein des hommes des 25 et 53e (flanc droit allemand) régiments d'infanterie, s'apprête à fondre sur les Belges. Ils sont 5.000 : le rapport est de un pour dix !
Les combats se dérouleront de minuit, à deux heures du matin.
Une lutte engagée à trente mètres de distance se terminera dans un corps à corps violent au devant des tranchées de la compagnie Lardinois, non loin du carrefour des Quatre-Bras...
Le barrage de Rabosée subit son baptême du feu au cours de la contre-attaque menée par le général Bertrand, dans l'après-midi du mercredi 5 août, contre des troupes allemandes qui se sont infiltrées à Chefneux, non loin de Spa.
Durant plus d'une heure, des coups de feu seront échangés entre les Belges et des Allemands surgis de la lisière de Hoignée (entre le fort de Barchon et la Meuse) et les défenseurs de la redoute, faisant au passage de nombreuses victimes, de part et d'autre, dans les lignes.
Venue de Visé, la 27e brigade allemande doit remonter la rive droite de la Meuse, sur la route de crête partant d'Argenteau, avant de pouvoir redescendre sur Jupille.
C'est dans l'intervalle qui s'offre entre le fort de Pontisse et celui de Barchon que les Germains passeront.
Le 6 août 1914 à minuit, la 27e brigade allemande se présente, en formation de marche, à quatre de front, à hauteur du barrage dont elle semble ignorer l'existence, et, malgré le fait que peu de temps avant cela, un Taube de reconnaissance allemand ait survolé la zone sans en retirer profit.
Alors que les Allemands sont à portée efficace de tir, les Belges ouvrent le feu. Des dizaines d'assaillants sont foudroyés net ou se réfugient dans les haies et les prairies avoisinantes.
Les soldats belges ayant tiré avec trop d'élévation, les balles s'en vont frapper les hommes du 25e régiment d'infanterie, dont les positions se trouvent à l'arrière du régiment de tête.
A ces salves belges, répliquent les soldats du 25e placés en arrière-tête du dispositif offensif ; ceux-ci se mettent à tirer dans le dos du 53e allemand déployés en sandwich entre les Belges sur la défensive et leurs frères d'armes allemands...
S'en suit une pagaille dans laquelle les deux régiments allemands finissent par s'anéantir mutuellement, au grand avantage des Belges...
Durant deux heures, les Allemands lanceront des vagues d'assaut successives contre les défenseurs de Liège.
A 2h10, le capitaine Langemak, du 25e R.I. d'Aix-la-Chapelle, parvient toutefois à pénétrer dans la maison Falla, en bordure de la route de Cheratte, et à hauteur des unités belges.
Equipé d'une mitrailleuse, l'Allemand déclenche un tir meurtrier qui porte, en enfilade, en direction des troupes massées dans la tranchée qu'il domine.
La totalité du peloton du sergent-major Evrard est décimée.
A 4h30, les Belges sont réapprovisionnés en munitions.
Le moment est alors choisi pour déloger les tireurs allemands qui dominent leur tranchée.
Les Germains du 53e parviennent à déborder la redoute dominant la vallée de la Meuse. Il leur faudra toutefois attendre l'aurore, à 6 heures 30, pour pacifier l'endroit.
A cet instant des combats, 18 survivants belges, retranchés, défendent la zone ; 82 autres militaires auront, hélas, moins de chance...
A 5h00, les Allemands s'installent dans les premières tranchées belges. En position de force, leurs mitrailleuses prennent les Belges pour cibles.
Côté belge, l'ordre de retraite est donné.
Menacés d'être capturés, les survivants des deux compagnies du 14e de Ligne se retirent en direction des Quatre-Bras. De là, ils parviendront à prendre position en vue d'assurer la défense de la Ferme Delhez.
A 6h30, la 27e brigade déferle sur le dispositif belge.
Des mitrailleuses allemandes ont, à ce moment-là des combats, investi la route de Wandre, à 100 mètres de la ferme.
A 7h00, les Allemands comptent près d'un millier d'hommes hors combat. Bien qu'ils soient en position de force, face à leur adversaire, la retraite sonne pour les hommes de la 27e brigade ; ceux-ci se regroupent à Argenteau, Dalhem et Richelle.
A 9h00, une contre-attaque, venant de la brigade Bertrand, permet aux Belges de reprendre Rabosée.
Lors de ce duel, 133 tués et 150 blessés allemands sont à déplorer parmi les défenseurs d'un lieu qui aura finalement changé trois fois successivement de main...
Le 7 août, donnant suite au retrait des troupes belges sur la rive gauche de la Meuse, et, ensuite vers Anvers, Liège sera livrée à elle-même, et, durant la semaine que les Allemands mettront à la faire enfin capituler.
Les forts de Loncin, Flémalle et Hollogne tomberont, quant à eux, les 15 (explosion) et 16 août (redditions)...
D'autres informations : ici et ici A propos des noms des militaires enterrés : ici
Adresse : rue Bois-la-Dame à 4020 Wandre : ici